«Cauchemar humanitaire» en Ethiopie : la famine menace de mort 30 000 enfants au Tigré

En proie à la guerre, la région du Tigré voit se développer une importante famine qui menace « la vie de centaines de milliers de personnes ».

Hôpital d'Adigrat, dans la région du Tigré, en mars dernier. Adan lutte contre la malnutrition après avoir passé sept mois dans une cave pour échapper à la guerre. REUTERS/Baz Ratner
Hôpital d'Adigrat, dans la région du Tigré, en mars dernier. Adan lutte contre la malnutrition après avoir passé sept mois dans une cave pour échapper à la guerre. REUTERS/Baz Ratner

    L’heure est grave dans la région éthiopienne du Tigré, où la famine s’ajoute à la guerre. Des dizaines de milliers d’enfants souffrant de malnutrition risquent de mourir dans des zones difficiles d’accès sur ce territoire que le conflit a rendu très difficile d’accès.

    « Sans accès humanitaire pour augmenter notre aide, quelque 30 000 enfants souffrant d’une sévère malnutrition dans ces zones extrêmement peu accessibles courent un grand risque de mourir », alerte ce vendredi à Genève James Elder, le porte-parole de l’Unicef.

    Agir « rapidement et avec vigueur »

    Jeudi, à la veille d’un sommet des dirigeants du G7 au Royaume-Uni, Etats-Unis et Union européenne (UE) ont lancé un appel pressant à l’action. « La famine est peut-être déjà en cours dans certaines zones, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes. C’est inadmissible », a lancé l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield.

    « Pour éviter une catastrophe humanitaire, l’ensemble de la communauté internationale doit agir directement et indirectement, rapidement et avec vigueur », a soutenu Janez Lenarcic, le commissaire européen chargé de la gestion des crises.



    Une réunion à huis clos est prévue mardi prochain. « Nous assistons à un cauchemar humanitaire (…). Nous ne pouvons pas laisser l’Ethiopie mourir de faim. Nous devons agir maintenant », a déclaré Linda Thomas-Greenfield, dénonçant une urgence « provoquée par l’Homme ».

    Le conflit, lui, ne faiblit pas. En novembre dernier, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, a envoyé l’armée fédérale dans cette région du nord du pays pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF (Front de libération du peuple du Tigré). Il avait alors promis une opération militaire courte, mais de nombreux rapports font état d’atrocités, notamment le recours généralisé au viol.

    Une aide bloquée par les belligérants

    Selon les Nations unies, plus de 90 % des plus de cinq millions de personnes vivant au Tigré ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Celles-ci ont lancé un appel urgent pour obtenir plus de 200 millions de dollars afin d’intensifier leur réponse. « Nous avons vraiment besoin que tout le monde se mobilise », a déclaré Mark Lowcock, chef des opérations humanitaires des Nations unies.

    Les Etats-Unis ont annoncé un financement supplémentaire de 181 millions de dollars pour « fournir des denrées alimentaires vitales, des produits agricoles, de l’eau potable, des abris, des soins de santé et des services essentiels » aux personnes dans le besoin au Tigré.

    La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour sa part annoncé mercredi une aide de 250 millions d’euros « pour lutter contre la faim », dont 50 millions d’euros spécialement alloués au Sahel et à l’Afrique de l’Est. Mais la lutte contre cette famine n’avance pas plus que la résolution du conflit : pour l’heure, l’acheminement de l’aide est bloqué par les belligérants.