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Israël : Naftali Bennett devient premier ministre, Benyamin Nétanyahou écarté du pouvoir

Le Parlement se réunissait, dimanche, pour un vote de confiance validant le projet de coalition qui réunit des partis de gauche, du centre, de droite et une formation arabe.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 juin 2021 à 05h14, modifié le 14 juin 2021 à 02h44

Temps de Lecture 6 min.

Naftali Bennett à la Knesset, le Parlement israélien, le 6 juin 2021.

C’est un vote qui met un terme à douze ans de pouvoir pour le premier ministre israélien sortant, Benyamin Nétanyahou, détenteur du record de longévité à cette fonction. Le chef de la droite radicale, Naftali Bennett, lui succède, après avoir obtenu le vote de confiance du Parlement, dimanche 13 juin, lors d’une session spéciale visant à valider son projet de « coalition du changement ».

Sur les 119 députés présents (le Parlement compte 120 sièges), 60 ont voté en faveur de la nouvelle coalition, qui va de la droite à la gauche, en passant par l’appui d’un parti arabe. Cinquante-neuf députés, principalement du Likoud, le parti de M. Nétanyahou, de l’extrême droite et des partis ultraorthodoxes s’y sont opposés. 

Le gouvernement travaillera pour « l’ensemble » de la population israélienne, y compris les juifs ultraorthodoxes, qui n’ont aucun élu dans cette coalition, a déclaré, en liminaire du vote, M. Bennett dans un discours sans cesse interrompu par des partisans de M. Nétanyahou. « Citoyens d’Israël ! C’est un moment politique critique et j’appelle chacun à faire preuve de retenue », a lancé M. Bennett.

En matière de politique étrangère, il a conservé le même ton que le premier ministre sortant sur le dossier nucléaire de la République islamique d’Iran, ennemi juré d’Israël. La nouvelle coalition « ne laissera pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire », a prévenu M. Bennett.

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Benyamin Nétanyahou affirme qu’il restera en politique

Le président américain Joe Biden a félicité dimanche le nouveau premier ministre israélien Naftali Bennett, qui succède à Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 12 ans. « Au nom du peuple américain, je félicite le Premier ministre Naftali Bennett, le Premier ministre par alternance et ministre des Affaires étrangères Yair Lapid et tous les membres du nouveau gouvernement israélien », a dit M. Biden dans un communiqué, en disant avoir « hâte de travailler » avec M. Bennett « pour renforcer tous les aspects de la longue et étroite relation entre nos deux pays ».

« Israël n’a pas de meilleur ami que les Etats-Unis. Le lien entre nos peuples est la preuve de nos valeurs partagées et de décennies d’étroite coopération. »

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a adressé dimanche ses félicitations au nouveau chef du gouvernement israélien Naftali Bennett, se déclarant « impatient » de travailler avec lui ainsi qu’avec le vice-premier ministre Yaïr Lapid.

La chancelière allemande Angela Merkel a félicité le nouveau premier ministre israélien, et a dit souhaiter coopérer « étroitement » avec le nouveau gouvernement. « L’Allemagne et Israël sont liés par une amitié unique que nous voulons renforcer encore. Dans cet esprit, j’ai hâte de coopérer étroitement avec vous », a déclaré Mme Merkel dans un message adressé à M. Bennett et rendu public par sa porte-parole Ulrike Demmer sur Twitter.

De son côté, le premier ministre israélien sortant a toutefois affirmé, dimanche, qu’il resterait en politique, voire qu’il reviendrait un jour au pouvoir. « Si c’est notre destin d’être dans l’opposition, nous le ferons la tête haute, nous allons faire tomber ce mauvais gouvernement et nous serons de retour pour diriger le pays à notre manière », a-t-il déclaré lors d’une allocution à la Knesset.

Une manifestation devant la résidence de Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, samedi 12 juin 2021.

Une manifestation devant la résidence de Nétanyahou

Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche soir pour fêter le départ du premier ministre. Une foule en liesse a envahi la place Rabin, dans le centre de Tel-Aviv, pour célébrer le changement de gouvernement.

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Confronté depuis un an à un procès pour corruption, M. Nétanyahou, 71 ans, avait encore été, samedi soir, la cible d’une manifestation de protestation. Devant sa résidence officielle à Jérusalem, les personnes ainsi rassemblées n’ont pas attendu le vote pour célébrer la « chute » du « roi Bibi », surnom de M. Nétanyahou, qui a été le visage d’Israël depuis son retour au pouvoir en 2009, après trois premières années à la tête du gouvernement, de 1996 à 1999.

« Nétanyahou n’a cherché qu’à nous diviser, une partie de la société contre l’autre, mais demain nous serons unis, droite, gauche, Juifs, Arabes », a déclaré Ofir Robinsky lors de ce rassemblement. « C’est bon, c’est fini, il s’en va », a lancé, de son côté, Gali Israel Tal, une manifestante de 62 ans.

Sur la place Rabin, à Tel-Aviv, des techniciens testaient la sono en prévision d’une grande manifestation en faveur du nouveau gouvernement. « Nétanyahou va à la maison, ce premier ministre est resté là pendant trop longtemps, il a essayé de changer le système en sa faveur et d’échapper à certains crimes, alors aujourd’hui, c’est la fête à Tel-Aviv », a dit un serveur dans un bar, Jorel Franganti, 24 ans.

Passation des pouvoirs formelle lundi

La nouvelle coalition sera dirigée par M. Bennett, le chef du parti de droite Yamina, pendant les deux premières années, puis par Yaïr Lapid pour une période équivalente.

Après le vote prévu à la Knesset, une passation des pouvoirs formelle doit avoir lieu lundi au bureau du premier ministre.

Ces derniers jours, des députés de Yamina ont été la cible d’une intense campagne visant à les décourager de voter pour le nouveau gouvernement.

Quoi qu’il en soit, le Likoud de M. Nétanyahou a promis un « transfert pacifique du pouvoir » après plus de deux ans de crise politique marquée par quatre scrutins qui ont débouché soit sur une incapacité à former un gouvernement, soit sur un cabinet d’union n’ayant duré que quelques mois.

Une enquête sur la bousculade du mont Méron

Après les législatives de mars, l’opposition s’est finalement soudée contre M. Nétanyahou et – fait rarissime – elle a réussi à rallier le parti arabe israélien RAAM, de l’islamiste modéré Mansour Abbas.

« Le gouvernement œuvrera pour toute la population les religieux, les laïcs, les ultraorthodoxes, les Arabes et ce, sans exception », a promis M. Bennett, ex-proche de M. Nétanyahou. « La population mérite un gouvernement responsable, efficace, qui place le bien du pays à la tête de ses priorités », a renchéri M. Lapid, qui devrait être chef de la diplomatie sous M. Bennett.

Au-delà de ces déclarations, la coalition s’est engagée à mener une enquête sur la bousculade du mont Méron – qui a fait 45 morts parmi les orthodoxes, le 30 avril –, à réduire la « criminalité », à défendre les droits des personnes LGBT, mais aussi à renforcer la présence israélienne en zone dite « C », en Cisjordanie, c’est-à-dire la zone sur laquelle Israël a un contrôle militaire et civil entier et qui représente environ 60 % de ce territoire palestinien occupé depuis 1967.

Le défi d’une trêve durable avec le Hamas

Dès son entrée en fonctions, le nouveau gouvernement sera confronté à des défis pressants, comme la marche de l’extrême droite israélienne prévue mardi à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël.

Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, une enclave palestinienne sous blocus israélien, a menacé de représailles en cas de tenue de cette marche près de l’esplanade des Mosquées, sur fond de vives tensions à propos de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est.

Le 10 mai, le Hamas avait lancé des salves de roquettes vers Israël en « solidarité » avec des Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne à Jérusalem, ce qui avait mené à une guerre de onze jours.

Un cessez-le-feu a certes été obtenu, sous l’égide de l’Egypte, qui a permis de mettre fin au conflit, mais, et ce sera un autre défi pour le nouveau gouvernement, des pourparlers en vue d’une trêve durable n’ont pas abouti.

Quant au premier ministre sortant, il pourrait devoir aussi affronter, selon la presse locale, une vague de contestations au sein du Likoud, des élus cherchant à tourner, en interne, la page Nétanyahou.

Le Monde avec AFP

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