Le Covid-19 a plongé dans le rouge les économies du monde entier. Les pays du G7, regroupant les plus grands États industriels, ont d'ailleurs débloqué des plans de relance sans précédent pour y faire face. Mais cette crise économique n'est qu'un aperçu de ce que les pays subiront face au changement climatique. Une récente étude de Swiss Re et Oxfam montre que les économies du G7 pourrait se contracter de 8,5 % par an en moyenne d'ici 2050, soit deux fois plus que lors de la pandémie.

Des restaurants fermés, des usines tournant au ralenti, des salariés au chômage technique… Le Covid-19 a eu un impact considérable sur l’économie mondiale. Un nouveau rapport publié par Swiss Re Institute calcule que les économies du G7, réunissant parmi les plus grands pays industriels comme l’Allemagne et les États-Unis, se sont contractées de 4,2 % en moyenne pendant la pandémie. Pour sauver leurs économies, les États ont déployé des plans de relance d’une ampleur inégalée jusqu’ici. La France a ainsi débloqué une enveloppe de 100 milliards d’euros irriguant tous les secteurs d’activité de l’Hexagone.
Mais cette crise n’est qu’un avant-goût de ce que pourrait coûter le changement climatique aux pays du G7. Selon les calculs de l’ONG Oxfam, se basant sur l’étude du réassureur Swiss Re, la perte potentielle de PIB due au changement climatique est deux fois plus importante que celle enregistrée pendant la pandémie de Covid-19. Le G7 perdrait ainsi 5 milliards de dollars par an, soit 8,5 % de son PIB, d’ici 2050, si les températures augmentent de 2,6 °C. 
La France, deuxième pays du G7 le plus touché
"En France, le changement climatique entraînera une perte de PIB de 10 % par an d’ici 2050 dans l’hypothèse d’un réchauffement de 2,6 °C. La France sera le deuxième pays du G7 le plus impacté après l’Italie", détaille Armelle Le Compte, responsable plaidoyer climat chez Oxfam. "Alors que l’État français vient d’être reconnu coupable d’inaction climatique et que la loi Climat au rabais récemment votée ne permettra pas d’inverser la tendance, le gouvernement doit prendre des mesures pour accélérer une transition climatique juste, sans quoi, les conséquences économiques et sociales seront bien pires que ce que nous avons connu avec le Covid 19", ajoute-t-elle. 
Et la France n’est pourtant pas le pays le plus touché. L’Inde par exemple, pourrait voir son PIB chuter de 27 % dans moins de 30 ans. L’Afrique du sud de 17,8 %. L’Australie de 12,5 %. "Si on s’attend à ce que les économies se remettent des effets à court terme de la pandémie, ceux des changements climatiques s’intensifieront, année après année", prévient Oxfam.
Pour parvenir à ces chiffres, le réassureur Swiss Re a pris en compte les impacts directs des événements climatiques comme les sécheresses, les inondations, la santé ou le stress thermique. "Le changement climatique est le risque numéro un à long terme pour l’économie mondiale, et rester où nous sommes n’est pas une option – nous avons besoin de plus de progrès de la part du G7. Cela signifie non seulement des obligations de réduction des émissions de CO2 mais aussi d’aider les pays en développement, c’est super important", explique au Guardian Jerome Haegeli, économiste en chef chez Swiss Re. Et c’est justement ce que préconise l’Agence internationale de l’énergie.
L’horizon de la COP26
Dans un rapport rendu le 9 juin, l’AIE affirme que pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les pays développés doivent multiplier par sept les financements dans les pays émergents ou en développement. Et pour cause ces derniers "abritent deux tiers de la population mondiale, génèrent 90 % de la croissance des émissions mais reçoivent 20 % des financements consacrés aux énergies propres", a détaillé le directeur de l’AIE, Fatih Birol.
Si les alertes se multiplient, les pays du G7, qui se sont réunis du 11 au 13 juin pour prendre des mesures sur le climat, n’ont pas réussi à convaincre les ONG. "Où est la mise en œuvre nationale claire avec des échéances et où sont les financements climat si urgencts pour les pays les plus vulnérables ?", s’interroge Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace international. "Le G7 n’a pas réussi à poser les bases d’un succès à la COP26 car la confiance fait cruellement défaut entre pays riches et pays en développement", ajoute-t-elle. Rappelons que la COP26, qui se tiendra en novembre à Glasgow, est l’un des grands enjeux climatiques alors que l’humanité n’a plus qu’une décennie pour agir. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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