Une famine en Corée du Nord ? Kim Jong Un reconnaît une «situation alimentaire tendue»

De graves pénuries alimentaires semblent toucher la Corée du Nord, des mots mêmes de son dirigeants, Kim Jong Un, rapportés ce mercredi par des médias officiels.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un envisage un retour à la "Marche forcée" connue lors de la famine de 1990. AFP/KNS
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un envisage un retour à la "Marche forcée" connue lors de la famine de 1990. AFP/KNS

    La famine guette-t-elle Pyongyang ? La Corée du Nord ferait en tout cas face à une « situation alimentaire tendue », selon les propos du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un rapportés par les médias officiels. La situation n’est pas nouvelle, mais elle pourrait bien s’être aggravée.

    Depuis longtemps, l’économie de la Corée du Nord est plombée par de multiples sanctions internationales, imposées en riposte à ses programmes militaires interdits. L’an passé, la pandémie de Covid-19, des typhons et des inondations ont achevé d’y porter un sérieux coup.

    Lors d’une réunion plénière du Comité central du Parti des travailleurs au pouvoir, Kim Jong Un a affirmé que la situation économique s’est améliorée. Celle-ci aurait connu une augmentation de la production industrielle de 2 % par rapport à l’année précédente, a rapporté mercredi l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

    S’assurer de « bonne récoltes », une « priorité de premier plan »

    Le leader a cependant reconnu avoir rencontré une « série de difficultés » en raison de nombreux « défis » à relever. « La situation alimentaire est désormais tendue car le secteur agricole n’a pas pu atteindre son objectif de production de céréales en raison des dégâts causés l’an dernier par les typhons », a déclaré Kim Jong Un.

    Au cours de l’été 2020, des milliers de maisons et de terres agricoles ont été détruits par des typhons accompagnés d’inondations. Kim Jong Un a appelé à l’adoption de mesures afin de minimiser les conséquences de ces catastrophes naturelles.

    Pour le dirigeant nord-coréen, s’assurer de « bonnes récoltes » était une « priorité de premier plan ». Lors de cette réunion, la « situation durable » de la pandémie de Covid-19 a été évoquée, selon KCNA.

    Vers « une nouvelle Marche forcée »

    Le Nord fut l’un des premiers pays à imposer de strictes restrictions sanitaires, parmi lesquelles la décision, très tôt, de fermer ses frontières et notamment avec son voisin chinois pour empêcher la propagation du coronavirus. Le régime soutient que l’épidémie n’est pas arrivée sur son sol, ce dont doutent nombre d’experts.



    Le commerce avec Pékin, premier soutien économique et diplomatique du régime, s’est réduit à peau de chagrin. Mais cet isolement a eu un coût économique élevé, au point que Kim Jong Un a reconnu en avril les difficultés auxquelles son pays était confronté. Il a ainsi appelé ses lieutenants à « mener une nouvelle Marche forcée, plus dure encore, afin d’aider la population face aux difficultés, ne serait-ce qu’un peu ».

    La « Marche forcée » est l’expression employée au Nord pour désigner la famine des années 1990 qui a fait des centaines de milliers de morts, à la suite de la réduction de l’aide de Moscou après l’effondrement soviétique. Il est « très probable » que la pandémie ait « aggravé » la situation humanitaire au Nord, où 10,6 millions de personnes sont dans le besoin, a récemment estimé le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU.