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Lutte "sociale" : Assa Traoré partenaire de Louboutin contre le racisme
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Lutte "sociale" : Assa Traoré partenaire de Louboutin contre le racisme

Sapée comme jamais

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Assa Traoré, annonçait fièrement sur la page Facebook « La Vérité pour Adama » ce mercredi 16 juin un partenariat avec la marque de chaussures de luxe Louboutin. À croire que la soif de « justice sociale » brandie par l'icône antiraciste s’arrête aux portes des inégalités économiques.

La lutte des quoi ? Ce mercredi 16 juin, Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, annonçait fièrement sur la page Facebook « La Vérité pour Adama » un partenariat avec la marque de chaussures de luxe Louboutin. Laquelle s’est lancée dans une opération de communication mettant en scène son soutien au mouvement Black Lives Matter dans les colonnes… du Figaro. Coucou les pauvres !

« Je vous remercie chaleureusement de l’honneur que vous me faites en m’associant à votre campagne pour l’égalité et la justice pour tous, en y engageant votre prestigieuse marque Louboutin », écrit Assa Traoré dans un post Facebook accompagné d’une photo de la militante, poing levé et pompes de luxe aux pieds, également relayée par le compte Instagram de Louboutin. « Je suis profondément touchée par le précieux soutien que vous témoignez à une cause aussi importante et universelle que celle de la lutte contre les violences policières », continue-t-elle.

La violence du système capitaliste - dont Christian Louboutin, 850 millions d’euros sur la balance selon Challenges, est un éminent représentant -, ne semble pas, elle, déranger Assa Traoré. N’en déplaise aux Goodyear, Whirlpool, Ford et autres Continental. La militante antiraciste met donc son image au service d’une entreprise détenue à 24 % par la famille Agnelli, laquelle n’a jamais hésité à tailler à la hache dans les effectifs de Fiat. Évidemment, ces luttes sociales sont moins glamours que l’icône « woke » qu’est devenue Assa Traoré.

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Qu’on se rassure : « 100 % des fonds » de cette collection spéciale, baptisée « Walk a mile in my shoes » en hommage à Martin Luther King - who else ? – « seront réservés à des organisations pour lutter contre les violences policières, le racisme, la discrimination ». Ce qui permet à Assa Traoré d’affirmer : « Le message d’égalité et les valeurs que vous [Louboutin] diffusez en encourageant les uns et les autres, à travers cette magnifique collection, à l’empathie et à l’action, sont le signe que nos espoirs de voir la justice sociale et civique triompher ne sont pas vains dans la lutte contre les violences policières, la discrimination. » « Justice sociale » qui s’arrête donc aux portes des inégalités économiques.

« J'étais au Portugal…»

Louboutin a bien compris le filon marketing, faisant de différentes figures du mouvement Black Lives Matter - Quincy Jones, Idris et Sabrina Elba - les ambassadeurs de sa collection. Et c’est donc dans Le Figaro, quotidien bien connu pour ses engagements progressistes et sociaux, que le cordonnier pour riches et l’acteur de Sur écoute, Idris Elba, convolent en juste noce.

« J'étais au Portugal quand George Floyd est mort, explique Christian Louboutin. Comme le monde entier, j'ai été choqué de ces images, de ce qui était en train de se passer. Quelques jours après, (...) en me baladant sur Instagram, je suis tombé sur le compte d’Opal Tometti. Elle était en direct sur la plateforme avec Idris et Sabrina. Leur discussion était non seulement passionnante mais aussi très émouvante. Le lendemain, je les ai appelés pour les féliciter et pour leur demander ce que nous pourrions faire pour aider la cause. » C’est beau, la conscience sociale. Surtout depuis le Portugal.

On se pince en lisant cette analyse d’Idris Elba : « De nombreuses marques se sont levées et ont déclenché une prise de conscience auprès du grand public. » C’est bien connu, ce sont les multinationales qui font le progrès social. Et l’acteur de conclure : « Pour nous, notre volonté est de contribuer au moment présent. Le but de ce projet est de brandir un drapeau et de dire que nous y pensons et que nous voulons faire quelque chose maintenant. » Eux, ce sont les gentils, ok ?

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