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Belfort : 8 mois de prison avec sursis requis contre un policier accusé d'avoir dessiné une croix gammée

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Le procureur de la République de Belfort a requis ce mercredi 8 mois de prison avec sursis contre un policier terrifortain. Ce syndicaliste, âgé de 44 ans, est suspecté d'avoir dessiné une croix gammée sur le toit de sa maison. Lors de son procès, le fonctionnaire a formellement nié les faits.

 Le tribunal judiciaire de Belfort est situé, 9, Place de la République.  Le tribunal judiciaire de Belfort est situé, 9, Place de la République.
Le tribunal judiciaire de Belfort est situé, 9, Place de la République. © Radio France - Jonathan Landais

"Je ne suis pas un nazi" a répété tout au long de son procès Stéphane. Ce fonctionnaire de police âgé de 44 ans qui travaille dans la région mulhousienne était jugé ce mercredi pour "apologie de crime ou délit par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique". Le week-end du 1er  mai, alors qu'il réalisait des travaux de rénovation avec son père dans la maison familiale à Evette-Salbert, dans le Territoire de Belfort, père et fils se sont attaqués à la toiture de la dépendance. 

Le père donnait des tuiles, de différentes couleurs, et le policier les disposait, jusqu'à faire apparaître une croix gammée remarqué par un voisin, qui a porté plainte. Lors de l'audience, le prévenu a nié les faits et avance deux hypothèses : celle du hasard, et celle d'un acte malveillant. Le procureur a requis une peine de 8 mois de prison avec sursis. Le tribunal judiciaire de Belfort rendra sa décision le 7 juillet

Un grand-père déporté dans des camps de travail en Allemagne

Lors de l'audience, le policier tient d'abord à rappeler à quel point il rejette l'idéologie nazie : "Je ne suis pas nazi, je ne dessine pas de croix gammées, c'est quelque chose que je ne peux pas accepter". Il souhaite parler des valeurs de respect qui lui ont été inculqués par son père et son grand-père, médaillé, prisonnier de guerre en Allemagne. Son avocat Maitre Dreyfus-Schmidt détaille à l'audience la cinquantaine de témoignages de collègues, de voisins, et même du maire d'Evette-Salbert qui présentent tous le prévenu comme un homme "fiable, serviable, respectueux, honnête, loyal". "On ne s'invente pas nazi du jour au lendemain. On s'est trompés de cible" insiste ainsi l'avocat.

Les tuiles auraient été placés sur le toit "au hasard" selon le policier

C'est ainsi que celui qui est également responsable régional du syndicat UNSA affirme ne rien avoir vu de cette croix gammée qui se dessinait sur le toit. "Je mesure 1m81 et je n'ai pas eu besoin de me mettre sur le toit pour placer les tuiles, je n'ai refait que la partie basse. Je n'ai pas vu qu'il y avait un signe nazi. Il pleuvait beaucoup ce jour-là en plus". 

La présidente du Tribunal Marie Corne fait observer que cela paraît "improbable que ce placement de tuiles soit le fruit du hasard. C'est parfaitement réalisé, rectiligne!" Maître Robin, représentant de l'association La Maison des Potes ajoute que la dimension de la croix, de 4m2, ne peut "pas être un coup du sort, un coup de chance, ici rien ne dépasse". Pour Maître Dreyfus Schmidt, qui conseille le policier, le hasard a tout a fait pu jouer :"Si vous observez le ciel, parfois les nuages forment un cœur!"

Une malveillance à l'origine de ce dessin?

Autre hypothèse avancée par le policier et son avocat : la malveillance. Le fonctionnaire affirme être victime depuis un certain temps d'actes de malveillances : "la montée de la haine anti-flic aurait poussé quelques uns à vouloir faire ça". Ainsi, selon lui, après avoir terminé la toiture, et alors qu'il jardinait, une personne mal intentionnée aurait pu profiter de ce moment pour "changer la disposition des tuiles". 

Lors de l'audience, le procureur de la République du Territoire de Belfort, Eric Plantier a rejeté en bloc cette théorie : "il aurait fallu que quelqu'un retire les tuiles, les replace. Cela fait un certain bruit et ça n'aurait pas pu échapper au prévenu qui jardinait". Eric Plantier a regretté ne pas avoir compris les raisons d'un tel acte : "Était-ce une blague potache? Un pari stupide, une bêtise crasse? Il n'a pas apporté de réponses, il en a le droit. Dont acte" Le magistrat a cependant souligné attendre une "réponse pénale sévère" au vu de la profession du prévenu "dépositaire de l'autorité publique avec un devoir d'exemplarité".

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