Dijon : un magistrat proposait sa fille pour des relations sexuelles

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    Dijon : un magistrat proposait sa fille pour des relations sexuelles DDM archives illustration - JEAN MICHEL MAZET
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La Dépêche du midi

"Il a perdu toute légitimité à faire respecter la loi": la Chancellerie a réclaméhier au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) la révocation d’un magistrat, mis en examen pour avoir proposé sur internet à des inconnus d’avoir des relations sexuelles avec sa fille mineure.

Le ministère de la Justice, par la voix de son directeur des services judiciaires Paul Huber, a demandé que soit prononcée la sanction disciplinaire la plus lourde à l’égard de ce magistrat, dont "les manquements" ne peuvent conduire qu’à son "exclusion du corps judiciaire". Cette demande de révocation, c’est "comme si je n’avais pas existé pendant 28 ans", s’est défendu Olivier B, 55 ans, lors de l’audience qui s’est tenue partiellement à huis clos. La formation disciplinaire du CSM a mis sa décision en délibéré au 13 juillet.

Le magistrat avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en juin 2020 pour corruption de mineur et "provocation non suivie d’effets à la commission de crime de viol et de délit d’agression sexuelle", des infractions punies de dix ans d’emprisonnement.

"C’était des fantasmes"

L’affaire a démarré en octobre 2019 après que l’utilisateur d’un site de rencontres libertin a signalé qu’un homme proposait que sa fille de 12 ans soit associée aux ébats sexuels.

L’enquête, menée à l’aide de cyberinfiltrations, a conduit à la mise en cause de ce magistrat aux évaluations élogieuses, exerçant comme vice-président du tribunal judiciaire de Dijon où il coordonnait le pôle des affaires familiales. Il a reconnu les faits, objectant toutefois qu’il s’agissait de "fantasmes qu’il n’aurait jamais concrétisés".

Parallèlement à l’information judiciaire, le magistrat est sous le coup depuis un an d’une interdiction temporaire d’exercer et est visé depuis août par une procédure disciplinaire.

"Une honte terrible"

"Il est dans une honte terrible de ce qu’il a fait", a assuré son avocate, Pauline Neveu. Elle a longuement mis en avant un vieux "traumatisme" lié à l’affaire Bodein,alias "Pierrot le fou", condamné à la perpétuité pour trois meurtres sauvages et deux viols en 2004. "Hanté" par l’image d’une jeune victime de Pierre Bodein, Olivier B. a "développé de nombreuses phobies, typiques d’un stress post-traumatique", a soutenu Me Neveu. "Quand on est malade, ce n’est pas de sa faute. (...) Je vous demande donc de dire qu’il n’y a pas lieu à sanction disciplinaire", a-t-elle plaidé.

Déplorant une incapacité à "assumer", le directeur des services judiciaires a martelé que le magistrat avait posté des "photos suggestives" de sa fille de 12 ans, son visage reconnaissable, et était allé jusqu’à "proposer le viol de sa fille à des inconnus".

. "Je ne me sens vraiment pas indigne de ce métier, que j’aime. Je pense avoir été utile et je pense encore pouvoir l’être un jour", a déclaré Olivier B, visiblement affecté. "Si vous me révoquez, c’est aussi l’avenir (de mes trois enfants) que vous révoquez", a-t-il lancé au Conseil.