C’est un texte cinglant, intitulé It’s Obscene [“C’est indécent”], qu’a signé la célèbre romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie sur son site mardi 15 juin. Avec la plume incisive que lui connaissent ses admirateurs, l’autrice d’Americanah et de L’Autre Moitié du soleil (tous deux publiés chez Gallimard) s’y livre à un règlement de comptes musclé avec deux jeunes écrivaines qui l’accusent depuis plusieurs années de tenir des propos transphobes.

Un conflit qui, au-delà de la querelle de personnes, soulève “des questions de fond sur le féminisme, l’identité de genre, la ‘cancel culture’ [la “culture de l’annulation”], les réseaux sociaux et la violence contre les personnes LGBTQ”, relève la radio publique américaine NPR.

Un conflit qui remonte à 2017

“Pour comprendre la polémique actuelle, il faut remonter quelques années en arrière”, explique le site de NPR. Précisément, au 10 mars 2017. Ce jour-là, l’écrivaine – qui est aussi connue pour son essai Chère Ijeawele. Un manifeste pour une éducation féministe et pour une conférence TED intitulée “Nous devrions tous être féministes”, dont la star Beyoncé a repris des extraits dans un morceau en 2013 – répond à une interview sur la chaîne britannique Channel 4.

Interrogée sur la façon dont les féministes devraient aborder la défense des femmes trans, Adichie affirme : “Pour moi, les femmes trans sont des femmes trans. Si vous découvrez le monde en tant qu’homme, avec les privilèges accordés aux hommes, puis que vous changez de genre, je trouve qu’il est compliqué d’affirmer que votre expérience est la même que cell