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Mort du peintre Gérard Fromanger, le rouge en deuil

L’artiste associé à la figuration narrative, qui accompagna les combats de l’extrême gauche dans les années 1960 et 1970, s’est éteint vendredi, à Paris, à l’âge de 81 ans.

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Publié le 18 juin 2021 à 20h32, modifié le 19 juin 2021 à 11h18

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Gérard Fromanger dans son exposition « Figuration narrative » au Grand Palais à Paris, le 11 avril 2008.

Gérard Fromanger avait trop à faire, tableaux, dessins, expositions, et surtout trop d’amis à chérir pour en rabattre devant la mort. Le travail et l’affection de ses proches étaient pour lui comme une armure. Après avoir triomphé d’un cancer en 2019 et repris le chemin de l’atelier, le peintre attribuait sa résurrection à quelques SMS affectueux, qui auraient eu plus d’effets que les rayons, ainsi qu’à des commandes artistiques auxquelles il ne pouvait se dérober. La mort l’a pris par surprise à Paris, vendredi 18 juin. Il était âgé de 81 ans.

Il avait l’œil curieux, fraternel et séducteur, le cœur généreux, la main toujours ouverte, le doigt sur le pouls du monde. L’ancien ministre socialiste de la culture, Jack Lang, a salué, avec justesse, « un grand sentimental, fidèle en amitié autant qu’en convictions ». Artiste engagé ? La formule est aujourd’hui tellement galvaudée, pour ne pas dire sérieusement gâtée, qu’on n’ose l’utiliser. Pourtant, elle sied à Gérard Fromanger, « activiste de nature et activiste de peinture », comme l’écrit joliment son frère d’armes, le journaliste Serge July.

Né en 1939 à Pontchartrain, dans les Yvelines, Gérard Fromanger descend d’une lignée de peintres. Avec la faconde d’un grand conteur, il aimait raconter comment son grand-père fut réquisitionné, avec d’autres compères des Beaux-Arts, par le sultan Abdul Hamid pour refaire son palais. Lui-même commence très tôt à dessiner, avant de se frotter au théâtre comme figurant au Théâtre national populaire de Jean Vilar. Formé en 1958 à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, il réalise des nus tout en grisaille, inspirés de Giacometti, qui ne laissent rien deviner du grand coloriste qui va se révéler en 1964.

Rouge « positif, dynamique et joyeux »

Pour la scène française, cette année-là est marquée d’une pierre noire : l’adoubement de l’artiste Robert Rauschenberg à la Biennale de Venise consacre New York contre Paris. En riposte est montée l’exposition Mythologies quotidiennes, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Gérard Fromanger n’y participe pas. Mais il bascule de plain-pied dans ce qu’on appelle alors la « figuration narrative ». Hormis les fabuleux portraits multiples de Gérard Philipe triomphant dans Le Prince de Hombourg, la plupart des tableaux de cette époque ont disparu dans l’incendie de l’atelier de Fromanger, survenu la même année.

Mai 1968 fait sauter les verrous. Le peintre vit intensément cette période, occupant les Beaux-Arts de Paris, où il fonde, avec un groupe de jeunes artistes, l’atelier populaire. Ils en tireront des affiches devenues mythiques. Mais le conclave refusera l’une de ses propositions : un drapeau tricolore dont il fait couler le rouge. Il en fera un film avec Jean-Luc Godard, L’album rouge. Dans la foulée, il installe, dans les rues de Paris, les Souffles, neuf sphères en Plexiglas.

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