Edito

Régionales : la marée basse démocratique

Elections régionales et départementales 2021dossier
par Paul Quinio
publié le 20 juin 2021 à 22h32

Une démocratie très mal en point. C’est le premier constat qui s’impose à l’issue du premier tour des régionales et ­départementales. L’abstention s’annonçait massive. C’est pire : elle atteint un record ­historique que le Covid ne peut à lui seul expliquer. ­Mener campagne en pleine crise sanitaire n’a pas aidé à mobiliser les foules. Les récentes bonnes nouvelles sur le front de l’épidémie, alliées aux premières grosses chaleurs, ont certainement incité les Français à profiter de ce ­regain de liberté et d’insouciance. Mais les scrutins boudés s’enchaînent depuis trop d’années pour s’abriter derrière ce contexte particulier. Une enquête Viavoice, publiée mardi par Libération, pointait que le peuple français reste éminemment politique. Il a aussi fait preuve d’une maturité citoyenne exemplaire ­depuis le début de l’épidémie. Mais quand il s’agit d’aller voter… Conclusion pour notre sondeur : la France souffre non pas d’une demande de politique, mais d’une offre qui laisse l’électeur sur le bord de la route. Le mouvement des gilets jaunes avait mis en lumière cette ­coupure, qui ne date pas de ce quinquennat, entre les citoyens et les politiques. Pour ces scrutins, à la place d’une campagne où les enjeux régionaux et départementaux (aides sociales, développement économique, politique des transports, etc.) auraient été largement débattus, les partis ont préféré se ­livrer à un tour de chauffe de la prochaine présidentielle. L’instrumentalisation du thème de la sécurité par le RN, LR et la majorité présidentielle étant le pire exemple de cette confiscation.

De cette marée basse démocratique, un autre enseignement plus réjouissant émerge : le coup d’arrêt enregistré par le Rassemblement national, qui fait moins bien qu’il y a six ans. C’est une bonne nouvelle que de voir les sortants républicains, de gauche comme de droite, barrer la route à l’extrême droite. La majorité présidentielle, elle, confirme son absence ­totale d’ancrage local. A un an de la présidentielle, le projet macroniste reste une ambition très personnelle.

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