Ces derniers mois, les ingénieurs et scientifiques chinois avancent à grands pas sur la fusion nucléaire. Cette forme d’énergie propre et massive simule les réactions de fusion d’atomes d’hydrogène, telles qu’elles se déroulent au cœur du soleil. Mais cela demande de stabiliser un plasma à plus de 100 millions de degrés. Le réacteur expérimental chinois a atteint 160 millions de degrés, à comparer au "petit" 15 millions de degrés au cœur du soleil.

Jamais il n’a fait aussi chaud sur Terre. Et pour une fois, le réchauffement climatique n’y est pour rien. C’est même une excellente nouvelle. Dans le réacteur expérimental à fusion nucléaire, l’Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST), les ingénieurs chinois sont parvenus à maintenir une température de 120 millions de degrés pendant 101 secondes et ont même atteint 160 millions de degrés pendant 20 secondes.


L’exploit est considérable. La fusion nucléaire (qui n’a rien à voir avec la fission nucléaire, utilisée dans les réacteurs aujourd’hui sur Terre) est la réaction qui se produit au cœur du soleil. Il s’agit de faire fusionner des noyaux d’atome d’hydrogène pour générer une quantité phénoménale d’énergie, sans produire de déchets, ni émettre aucun gaz à effet de serre. C’est ce qui passe au cœur de notre soleil. Pour y parvenir, il s’agit de confiner un plasma dans un champ électromagnétique à plus de 100 millions de degrés. C’est sept fois plus que le cœur de notre astre.

Iter en vue


Le précédent record du réacteur expérimental chinois était de 100 millions de degrés pendant 100 secondes. Et c’était déjà un record mondial. La Chine vient de faire un pas en avant dans une course qui est loin d’être un sprint. Le journal chinois Global Times cite Lin Boqiang, directeur du centre de recherche économique sur l’énergie à l’université de Xiamen. Il explique qu’il faudra au moins trente ans encore pour que la technologie sorte des laboratoires et elle sera "critique pour le développement économique vert de la Chine".
Il y a un vrai enjeu à qui sera le premier à prouver la faisabilité industrielle de réacteurs nucléaires à fusion pour alimenter la Terre en énergie propre. Canadiens, Coréens du Sud et Américains œuvrent sur le sujet, notamment à travers une série de startups. Mais tous les regards sont tournés vers Cadarache, dans le sud de la France, où est en cours d’assemblage le réacteur préindustriel Iter. Il sera le plus puissant modèle du genre et devrait produire son premier plasma fin 2025.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin 

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