En Turquie, Erdogan fait taire la musique après minuit

Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d'Akara, Turquie, le 29/03/21 ©AFP - Adem Altan
Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d'Akara, Turquie, le 29/03/21 ©AFP - Adem Altan
Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d'Akara, Turquie, le 29/03/21 ©AFP - Adem Altan
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La Turquie se déconfinera totalement le 1er Juillet, mais le président islamo-conservateur maintient l'interdiction de la musique après minuit, une décision idéologique et puritaine pour l'opposition et le monde de la Culture. En Egypte, deux influenceuses sur TikTok condamnées à de la prison ferme.

A tous ceux qui ont passé une mauvaise nuit à cause de la fête de la musique en bas de chez eux, ce premier sujet qui nous emmène en Turquie va vous faire réfléchir ! 

En Turquie c'est vrai le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé ce lundi 21 juin la levée de toutes les restrictions sanitaires liées au Covid-19 le 1er juillet prochain. C'est un vrai soulagement pour les Turcs qui sortent progressivement d'un reconfinement complet de 17 jours, nous dit le journal indépendant en ligne Duvar... mais la réouverture de la société turque sera incomplète : les bars, restaurants et même discothèques ne pourront plus jouer de musique après minuit. L'homme fort d'Ankara a justifié cette décision par une phrase lapidaire :  "D_ésolé, mais personne n'a le droit de troubler la tranquilité des autres la nuit_". 

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Voilà donc une mesure qui fait figure d'exception dans le déconfinement général, que le président n'a pas l'air d'assumer complètement puisqu'il s'en excuse par avance... et ce n'est vraiment pas homme à prendre des pincettes d'habitude. Cette fameuse phrase, "désolé mais personne n'a le droit de déranger la tranquilité des autres la nuit", ce lundi en quelques minutes raconte le quotidien Cumurhiyet, est devenue un "mème" sur internet, un chiffon rouge repris et conspué par des dizaines de milliers d'acteurs du monde de la nuit et de la culture, de simples citoyens et de leaders politiques d'opposition. Tous dénoncent une mesure qui n'est plus justifiée par aucune raison sanitaire mais qui serait bel et bien "idéologique", une forme de prohibition qui viserait, de la part du gouvernement islamo-conservateur, à "imposer son mode de vie à tout le pays". 

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En fait, lit-on cette fois sur Sözcü, les plus radicaux détracteurs d'Erdohan y voit la continuation et l'intensification d'une "guerre llivré au monde de la culture" dans son ensemble en Turquie, considéré comme trop libéral, dépravé et acquis à l'opposition. Mais la culture en Turquie, c'est aussi un secteur qui a particulièrement souffert de la pandémie et des confinements,  alertait dès la semaine dernière le journal turc en exil Ahval, citant des musiciens et professionnels du divertissement qui se sentaient exclus de la grande réouverture qui s'annonçait avec le déconfinement. Ils y voyaient, déjà, une volonté d'Erdogan et des siens de ne pas redonner toutes leurs libertés à ceux qui selon eux représentent un mode de vie hédoniste qu'ils rejettent. 

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La scène musicale turque, lit-on encore, n'a "jamais été aussi mal en point depuis le coup d'état militaire de 1980" ; des milliers d'artistes qui se sont retrouvés sans aucun revenu ont été obligés de se reconvertir pour payer leurs factures, et selon cette fois The Arab Weekly, ils sont plus d'une centaine a s'être suicidés à cause de cette situation intenable. 

Dans la presse turque ce matin, on lit cette accusation lancée par un homme politique d'opposition : "Mr Erdogan, vous aurez sur la conscience le suicide de ces musiciens" et des prochains qui se donneront la mort pour ne pas avoir à supporter de vivre dans un pays où la musique doit se taire au douzième coup de minuit.

En Egypte, être une influenceuse sur le réseau social TikTok peut vous envoyer en prison. 

C'est ce qui est arrivé à deux jeunes Egyptiennes âgées de 20 et 23 ans qui ont été condamnées dimanche par une cour pénale du Caire à respectivement dix et six ans de prison ferme. Elles ont été reconnues coupables, note le journal en ligne Mada Masr, de rien de moins que de "trafic d'êtres humains".

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On parle bien là de deux jeunes femmes qui publiaient des vidéos sur internet, sur un réseau, Tiktok, qui est connu et apprécié pour ses contenus plutôt légers et récréatifs. En l'occurence, si les vidéastes égyptiennes ont été condamnées, c'est pour, d'après les juges, avoir détourné leurs jeunes abonnées des "bonnes valeurs et des principes de la société egyptienne, dans le but de faire de l'argent". Mais au fond explique The Middle East Eye, si c'est ce qualificatif tiré par les cheveux de "trafic d'êtres humains" qui a été retenu par le tribunal, c'est parce que sur ceux de "débauche publique et d'atteinte à la morale" (qui avaient au moins le mérite d'être clairs sur leurs intentions puritaines), les deux accusées avaient été acquittées, en appel, au mois de janvier. Il fallait donc trouver quelque chose d'autre pour finalement obtenir leur condamnation cette fois-ci. 

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Parmi les choses qui étaient reprochées aux influenceuses, Gulf News explique que les juges ont beaucoup insisté sur le fait qu'elles demandaient à leurs abonnées de tourner et publier, contre un peu d'argent, leurs propres vidéos sur les réseaux. Sur l'une d'elles, une jeune Egyptienne avait raconté le viol dont elle avait été victime et avait dénoncé son violeur. Voilà donc ce qui est "indécent et incite à la débauche", selon la Justice égyptienne qui, d'un autre côté, est connue pour être particulièrement clémente justement avec les violeurs et les auteurs de violences sexistes. C'est en tous cas ce que l'on peut lire sur les très nombreux messages en ligne de soutien aux deux jeunes femmes et de dénonciation de leur condamnation, rappelons-le, à six et dix ans de prison. L'affaire fait polémique sur les réseaux égyptiens... dans l'espoir d'arracher à nouveau leur acquittement, dans quelques mois, lors du procès en appel.

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