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Valérie Bacot jugée pour l'assassinat de son mari : 600 000 Français réclament sa liberté
Valérie Bacot, à la cour d'assises de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône, le 21 juin 2021
©JEFF PACHOUD / AFP

Valérie Bacot jugée pour l'assassinat de son mari : 600 000 Français réclament sa liberté

Violences conjugales

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Cette femme de 40 ans est jugée aux assises de Saône-et-Loire depuis le lundi 21 juin pour l'assassinat de son mari violent en 2016. Une pétition a déjà récolté 600 000 signatures pour réclamer la liberté de Valérie Bacot, qui comparaît libre mais risque la réclusion à perpétuité.

Ils demandent sa liberté. Plus de 600 000 personnes ont signé la pétition en ligne pour demander la libération de Valérie Bacot, accusée de l'assassinat de son mari violent, Daniel Polette, le 13 mars 2016, et qui risque la prison à perpétuité. Considérée comme la nouvelle Jacqueline Sauvage, Valérie Bacot, mise en examen pour assassinat et placée en détention provisoire en 2017, a déjà passé un an en prison avant d'être placée en liberté conditionnelle.

Son procès, qui s'est ouvert aux assises de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône ce lundi 21 juin, est particulièrement scruté par la presse, mais aussi par de nombreux anonymes qui s'indignent du sort que la vie a réservé à cette femme. « Il faut parler d’elle, raconter son histoire, ne pas l’abandonner à son sort. Pour elle, comme pour toutes ces nombreuses femmes victimes de violences conjugales, nous n’avons que trop tardé – il n’est plus temps de détourner les yeux », écrivent les membres du comité de soutien à Valérie Bacot, initiateurs de la pétition.

Emprise, violences et prostitution forcée

La vie de Valérie Bacot a tout d'un cauchemar. Fille d'une mère alcoolique et violente, elle subit d'abord les attouchements puis les viols de son beau-père dès l'âge de 12 ans. Dénoncé par ses sœurs, Daniel Polette, de 25 ans son aîné, est interpellé et condamné à cinq ans de prison.

Un court répit, car à sa sortie, il récidive et la met enceinte à 17 ans. Sa mère la chasse et Valérie Bacot ne voit pas d'autre issue alors que de s'installer avec « Dany ». Pour ne pas être séparée de ses quatre enfants, Valérie Bacot accepte de se marier avec lui en 2008. Ce lundi, lors de la première journée du procès qui doit durer toute la semaine, elle a déclaré n'avoir jamais exprimé de sentiments amoureux ou même de tendresse envers son mari.

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Car Daniel Polette est un homme violent, colérique, porté sur l'alcool et les armes à feu. Le chauffeur routier surveille, bat, et viole sa femme avant de la forcer à se prostituer. Il s'agit d'abord des relations sexuelles avec d'autres femmes, pour son propre plaisir personnel, puis pour de l'argent. Pendant des années, la jeune femme est contrainte d'enchaîner les rapports tarifés sur une aire de repos dans une Peugeot 806 aménagée pour l'occasion par son mari, qui la surveille et lui dicte ses instructions à distance à l'aide d'une oreillette.

Le précédent Jacqueline Sauvage

C'est à l'issue d'une rencontre particulièrement brutale avec un client et tandis que son mari porte de l'intérêt à la vie sexuelle de sa fille, que Valérie Bacot abat Daniel Polette dans le break familial, le 13 mars 2016. Aujourd'hui, la quadragénaire, qui assume le meurtre, espère un procès qui soit aussi celui de son tortionnaire, comme elle l'avait expliqué dans un témoignage sur la chaîne M6.

Ce mardi 22 juin, la cour d'assises de Saône-et-Loire entendra notamment deux des fils de la prévenue, qui l'ont aidée à enterrer le corps de Daniel Polette et ont été condamnés pour recel de cadavre. Valérie Bacot sera finalement dénoncée et arrêtée.

Dans cette affaire, elle est défendue par les deux avocats de Jacqueline Sauvage, Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta. Celle qui a également tué son mari violent, avait été condamnée à dix ans de prison ferme en 2014 avant d'être graciée par François Hollande en 2016. Elle est décédée en juillet 2020, à l'âge de 72 ans. Nombreux sont ceux qui établissent un rapprochement entre ces deux affaires symboles des violences conjugales.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne