PAGANINI Niccolò

(1782-1840) Epoque romantique

Peu d’artistes ont rencontré en leur temps une renommée semblable à celle de Niccolò Paganini, qui s’est fait applaudir dans toutes les capitales d’Europe comme violoniste, compositeur et chef d’orchestre. Sa virtuosité sans égale alimentait les fantasmes, au point qu’on lui prêtait un pacte avec le diable. L’extension des possibilités techniques du violon lui permettait de concurrencer le piano dans l’expression des sentiments romantiques et jetait du même coup les bases d’une nouvelle approche de l’instrument.

Niccolò Paganini en 10 dates :

  • 1782 : Naissance à Gênes
  • 1796 : Découvre L’Arte del violino de Locatelli, qui contient 24 caprices pour violon
  • 1802 à 1817 : 24 Caprices pour violon seul
  • 1813 : Rencontre Rossini à Bologne
  • 1826 : Concerto pour violon et orchestre n° 2, qui comprend la Campanella
  • 1828 à 1834 : Parcourt l’Europe, suscitant partout l’enthousiasme
  • 1830 : Moto perpetuo
  • 1834 : Passe commande à Berlioz d’une œuvre avec alto, qui deviendra Harold en Italie
  • 1837 : Se rend à Paris pour superviser l’ouverture d’une salle de concert portant son nom, le « Casino Paganini »
  • 1840 : Mort à Nice

 

Paganini combine une sorcellerie technique du violon avec le langage émotionnel du romantisme

C’est dans une famille pauvre que naît Niccolò Paganini, à Gênes en 1782. Son père, lui-même musicien amateur, le contraint dès son plus jeune âge à un strict régime d’exercices. L’affection salvatrice de sa mère et son talent inné feront le reste : ses progrès fulgurants lui valent de se produire, dès l’âge de onze ans, devant le public de sa ville qui ne manque pas de l’acclamer avec ferveur. Aux cours de deux années suivantes, il consolide sa maîtrise de la technique du violon, prend quelques cours de composition auprès de Ferdinand Paer et Gasparo Ghiretti tout en apprenant en parallèle la guitare. Accompagné de son père, il effectue des tournées de concerts en Italie dès l’âge de quinze ans. Lorsqu’il retourne à Gênes, fin 1796, il est déjà un compositeur accompli, nanti d’une excellente maîtrise de la théorie, de l’orchestration et du contrepoint. La lecture du traité de Locatelli L’arte del violino le marque au fer rouge : Paganini possède désormais toutes les qualités nécessaires pour combiner la sorcellerie technique de l’instrument héritée de ses prédécesseurs avec le langage musical plus émotionnel du romantisme.

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Sa virtuosité alimente rapidement les fantasmes : on lui prête un pacte avec le diable !

Vers 1813, Paganini commence à se faire une réputation en Europe, mais il ne pourra donner son premier concert hors d’Italie avant les années 1820, non sans avoir complété entretemps ses 24 Caprices pour violon seul (1817) – son opus 1. Les difficultés techniques y atteignent des prouesses que l’on ne croyait guère possible. Pendant des années, son Premier Concerto pour violon (1816) sera le seul donné en concert, mais, en vue de la tournée qu’il projette en Europe, Paganini en compose rapidement deux autres. Dans le Deuxième Concerto (1826), il met moins en avant la virtuosité de l’interprète qu’il n’exalte une certaine individualité mélodique. Le rondo final doit son surnom, « La Campanella » (ou « La Clochette »), à la petite cloche que Paganini fait intervenir à chaque retour du refrain. Aucun des concertos qu’il composera par la suite n’atteindra la célébrité des deux premiers.

Le 24ème Caprice (Maxime Vengerov )

Lors de sa tournée européenne, sa virtuosité sans égale alimente rapidement les fantasmes, au point qu’on lui prête un pacte avec le diable. A ses facilités d’enfant prodige et son étonnante force de travail, Paganini ajoute une physionomie avantageuse (sa main gauche a une mobilité extraordinaire quand son pouce, dans le sens opposé à l’articulation, dessine une courbe arquée) et un sens certain de la mise en scène. De passage à Paris en 1833, il assiste à une représentation de la Symphonie fantastique. Selon les dires de Berlioz, enthousiasmé par sa musique, Paganini lui commande quelques semaines plus tard une œuvre pour alto solo ; ainsi naît Harold en Italie… que Paganini cependant de jouera jamais. Il meurt en 1840 à Nice où il s’était rendu dans l’espoir de rétablir sa santé.

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Le thème du 24ème Caprice fascinera par la suite des générations de musiciens

Bien que devançant de quelques années leur génération, Paganini a fasciné les artistes romantiques, qu’ils soient violonistes, pianistes, compositeurs, écrivains ou peintres. Théophile Gautier et Henri Heine témoignèrent dans leurs écrits de l’aura singulière qui entourait le musicien génois à chacune de ses apparitions. Conquis par la « puissance magnétiquement communicative » (Balzac) de Paganini qu’il entendit en concert, Franz Liszt a tenté de réaliser au piano ce que le maître italien obtenait de son seul violon. Mais le pianiste se préoccupe plus de transmission, de pédagogie, quand l’ombrageux violoniste se mouvait dans des sphères accessibles à lui seul. Robert Schumann, peu avant Liszt, composa également un cycle d’études d’après Paganini, ouvrant ainsi la voie à toute une kyrielle de musiciens puisque le célèbre thème du 24eme Caprice pour violon seul hantera par la suite Brahms, Rachmaninov, Szymanowski, Casella, Castelnuovo-Tedesco, Lutoslawski, Dallapiccola… et jusqu’au pianiste virtuose Marc-André Hamelin !

 

Jérémie Bigorie

 

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