Les publications duGIEC sont très attendues, elles sont la boussole de la lutte contre le réchauffement climatique. Un brouillon du sixième rapport, dont la publication est prévue pour début 2022, a fuité dans la presse. Sécheresse, famine, niveau insuffisant de préparation...Les conclusions sont alarmantes et pires encore que les dernières de 2014. Prudence cependant, alertent les scientifiques et le GIEC lui-même, le travail est encore en cours et le document va fortement évoluer.

L’Agence France Presse a eu accès à un brouillon des travaux des experts de l’ONU pour le climat et il semble que les observations soient encore pires que celles des derniers travaux de 2014. Les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer et devenir douloureusement palpables bien avant 2050, ont estimé dans une première version le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui fait autorité en la matière.
Mais ces conclusions sont encore à prendre avec précaution. Dans un communiqué publié dans la foulée, le GIEC alerte sur le fait que le texte en question n’est qu’un document de travail qui a circulé "entre décembre et janvier 2021", en vue de la publication du sixième rapport, prévue pour février 2022. 

Des conclusions alarmantes sur le réchauffement climatique


Trois points ressortent de ces premières conclusions. Dans un premier temps, les experts ont abaissé le seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable. En signant l’accord de Paris en 2015, le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Ce ne serait pas suffisant. Dépasser +1,5°C pourrait déjà entraîner "progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles", cite l’AFP.  Même à ce seuil, il est déjà peut être trop tard pour certains organismes qui n’auront pas le temps de s’adapter, comme les coraux, dont un demi-milliard de personnes dépendent pour vivre. Sur le long terme, "la vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes", mais "l’humanité ne le peut pas", alerte la première version du texte.
Parallèlement, nous n’avons pas encore les armes pour faire face aux conséquences violentes du réchauffement climatique. Même en limitant la hausse à 2°C, jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires auront faim d’ici à 2050 et à +1,5°C déjà, dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau. La seule porte de sortie est la mise en place de mesures radicales et drastiques, "à tous les niveaux: individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement", visant à "redéfinir notre mode de vie et de consommation", rapporte l’AFP. 

Un rapport qui doit encore "fortement évoluer"


Ces conclusions n’ont pas été commentées par les scientifiques. "Le GIEC ne commente pas le contenu des projets de rapports tant que les travaux sont encore en cours" et sur la base de "documents de travail" a souligné le groupe d’experts dans un communiqué.



Chaque rapport du GIEC demande un travail colossal sur plusieurs années. "260 auteurs et des 1168 relecteurs" sont impliqués dans le processus, rappelle la co-présidente du GIEC Valérie Masson Delmotte, qui ajoute que plus de 40 000 commentaires seront pris en compte pour ajuster les conclusions. "Une version de travail qui va encore fortement évoluer", conclut le climatologue Christophe Cassou sur le réseau social Twitter. Une première partie du rapport, évaluant les bases physiques du changement climatique, doit être officiellement publiée le 9 août.
Pauline Fricot, @PaulineFricot avec AFP

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