« J’ai d’abord eu des courbatures, la nuque raide et des maux de tête à répétitions. Dans les mois qui ont suivi, je me sentais très fatiguée. Je dormais beaucoup et n’arrivais pas à récupérer. » Comme près de 67 000 Français en 2018, Florence a contracté la maladie de Lyme il y a un an. Cette quarantenaire adepte des balades en forêt a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une infection virale, mais face à la persistance des symptômes, elle a décidé de consulter plusieurs médecins. Après de nombreux examens, un médecin lui a diagnostiqué la maladie. Non-contagieuse, cette pathologie est transmise à l’homme par des piqûres de tiques. 

À l’approche des beaux jours, et alors que Bella Hadid vient une fois de plus de raconter son combat contre la maladie, le docteur Alice Raffetin, responsable du centre de référence des maladies vectorielles à tiques au centre hospitalier de Villeneuve Saint-Georges, nous en dit un peu plus sur cette maladie, souvent sujette à controverses.  

Les causes de la maladie  

« Toutes les personnes qui se font piquer par une tique, n’ont pas forcément la maladie de Lyme. Il faut que la tique soit elle-même infectée par la Borrelia, une bactérie de la famille des spirochètes, explique Alice Raffetin. Une fois qu’on s’est fait piquer, la tique infectée va déverser son contenu salivaire sous notre peau. Là encore, ça ne veut pas dire qu’on va développer la maladie de Lyme. Il y a 95% de gens chez qui il ne va rien se passer. » 

Reconnaître la maladie de Lyme

Les symptômes de la maladie de Lyme diffèrent d’une personne à une autre. Lorsqu’on a été piqué par une tique, il est très important de surveiller pendant au moins quatre semaines, l’apparition ou non d’un « érythème migrant », le seul symptôme spécifique de la maladie. « C’est une tâche cutanée rouge qui apparaît au niveau du point de piqûre et qui s’agrandit vers l’extérieur. La difficulté est que c’est indolore et ça ne gratte pas. On peut ne pas la voir si on ne surveille pas de manière attentive », indique le docteure Alice Raffetin.  

D’autres symptômes, tels que de la fièvre, des courbatures, des violents maux de tête ou encore une sensation de fatigue extrême peuvent également apparaître. Toutefois, ces symptômes ne sont pas spécifiques à la maladie de Lyme, ce qui rend le diagnostic de la maladie plus compliqué.  

Quels traitements contre la maladie ?  

« L’avantage de repérer l’érythème migrant, est que l’on va pouvoir prescrire un traitement antibiotique immédiatement. Il s’administre par voie orale et dure 14 jours. Ce traitement permet de guérir rapidement et de ne garder aucune séquelle, assure Alice Raffetin. Pour les formes les plus graves, lorsque la maladie a eu le temps d’atteindre d’autres organes, un traitement antibiotique par voie intraveineuse peut être administré », poursuit-elle. Pour ces formes plus compliquées, des syndromes post-infectieux peuvent persister plusieurs mois, voire années, après la guérison. Des traitements anti-douleurs sont alors conseillés pour soulager les souffrances des patients.  

Une société française conduit également des essais cliniques sur un vaccin pour prévenir la maladie de Lyme. « L’idée serait de vacciner les personnes très exposées, celles qui pratiquent régulièrement une activité en forêt, les personnes qui habitent en lisière de forêt... Le vaccin a validé son étape de phase 2 et passe en phase 3. Il va être testé sur au moins 1 000 personnes. Tout l’enjeu est de savoir si ce vaccin protège vraiment et pour combien de temps. »  

Maladie de Lyme et grossesse  

De nombreuses interrogations concernant un éventuel risque de transmission de la maladie d’une femme enceinte à son enfant ont été soulevées ces dernières années. En 2016, le Haut Conseil de la santé publique a rendu un avis dans lequel il indique que l’infection par voie materno-fœtale a pu être observée dans des cas isolés. Cependant, « les données d’études rétrospectives et prospectives plus larges n’ont jamais confirmé que la borréliose de Lyme pouvait contribuer à des issues de grossesse défavorables », précise Santé publique France. Une information corroborée par le Dr Alice Raffetin.  

Les gestes préventifs à adopter 

Les herbes hautes, humides et les sous-bois sont les lieux d’habitat privilégié des tiques. « C'est pour cette raison qu’il faut être prudents quand on se balade en forêt, surtout lorsque le climat est doux », souligne Alice Raffetin. La meilleure prévention reste de privilégier les parcours sur les grands sentiers, où on limite le risque de frôler les herbes hautes sur lesquelles sont posées les tiques. « Si on va dans les sous-bois, c’est mieux de porter des vêtements longs et clairs, conseille la spécialiste. Ça permet de repérer plus facilement les tiques sur les habits. » 

Au retour d’une activité en forêt, Alice Raffetin note également l’importance d’inspecter sa peau. « Plus on enlève précocement une tique sur notre peau, mieux c’est. Il y a des endroits où ce n’est pas facile d’inspecter soi-même, il faut parfois l’aide de son entourage et ne faut pas oublier de regarder le cuir chevelu. »