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Billet de blog 16 avril 2014

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La ligne de rupture sur l'Europe ne correspond pas au clivage gauche/droite

Il est très intéressant d'observer que cette question de souverainisme national (ou d'une remise en cause de la légitimité même de l’Union européenne) vs la ligne favorable à plus d'Europe ou d'intégration européenne (qu'on appelle aussi fédéralisme) marque un clivage au sein de toutes les formations politiques importantes (UMP, PS, EELV, FdG), sauf au FN où ils sont tous d'accord contre l'Europe et au Centre (UDI+Modem) où ils sont tous d'accord pour renforcer et réformer l'Europe en mieux.

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Il est très intéressant d'observer que cette question de souverainisme national (ou d'une remise en cause de la légitimité même de l’Union européenne) vs la ligne favorable à plus d'Europe ou d'intégration européenne (qu'on appelle aussi fédéralisme) marque un clivage au sein de toutes les formations politiques importantes (UMP, PS, EELV, FdG), sauf au FN où ils sont tous d'accord contre l'Europe et au Centre (UDI+Modem) où ils sont tous d'accord pour renforcer et réformer l'Europe en mieux.

L'UMP n'a pas une ligne claire. Beaucoup de voix discordantes qui pourraient bien faire exploser l'UMP : tandis que certains à l'UMP comme Michel Barnier et François Baroin prônent une Europe renforcée, d'autres comme Henri Guaino, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand font des déclarations très critiques sur l'Europe. Henri Guaino souverainiste qui déjà avait voté non au référendum en 2005 ne votera pas pour la liste UMP et Michel Barnier reconnaît que l'UMP est divisée.
Xavier Bertrand Wauquiez est critiqué à l'UMP pour ses positions sur l'Europe, après avoir écrit un ouvrage, "Europe: il faut tout changer" (Odile Jacob) dans lequel il plaide pour un retour à l'Europe à six.

Quant au PS, la ligne de fracture existe aussi. Elle existait déjà en 2005 lors du référendum ou plusieurs ténors du PS s'étaient prononcés contre le Traité européen: Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg et même Manuel Valls ! Elle existe encore aujourd'hui dans le débat pour ou contre une sortie de l'euro, pour ou contre l'interventionnisme économique de la BCE, pour ou contre une dévaluation de l'euro. Mais les récalcitrants sont priés de se taire. Philippe Simonnot (économiste et auteur de "Chômeurs ou esclaves, Le dilemme français") déclare dans cet entretien à Atlantico : « La moindre allusion à une sortie de l’euro de la part d’un « responsable » d’aujourd'hui, d’hier ou de demain, risquerait en effet d’engendrer des troubles sur les marchés des dettes européennes et de provoquer une remontée des taux d’intérêt qui ruinerait en quelques jours les efforts d’austérité budgétaire. Raison de plus pour rester coi, sauf à passer pour un dangereux trublion. Il est devenu rationnel d’être lâche. »

EELV défend une europe fédérale mais s'était prononcé à 70% contre le Traité européen.

Même le Front de Gauche est divisé sur la question: Jacques Généreux, co-fondateur et co-dirigeant du Parti de Gauche est favorable à la sortie de l'euro (cohérente avec la position du parti prônant une annulation de la dette et un financement du déficit par création monétaire comme seule alternative à la politique d'austérité, de réduction des dépenses publiques, dans un contexte où il est certain de ne pas obtenir un consensus politique de la zone euro sur cette ligne-là) alors que Jean-Luc Mélenchon n'a pas (encore) fait le pas et plutôt qu'évoquer la rupture, prône une "desobéissance à l'UE au cas par cas. Myriam Martin, candidate dans l’Ouest déclare : « Une désobéissance d’un seul État peut entraîner une vague en Europe. Elle la mettra à plat et nous permettra d’en créer une nouvelle pour en finir avec la guerre de tous contre tous ». Le Parti communiste aurait fait pression pour les empêcher le Front de Gauche d'officialiser une position pour la sortie de l'Euro. Selon Jacques Généreux, "le PC a gelé le débat".

On comprend mieux ainsi pourquoi Marielle de Sarnez, tête de liste des centristes (UDI+Modem) sur la région Ile de France, déclare «Nous sommes le seul courant politique légitime, clair et cohérent sur l’Europe que nous voulons efficace et démocratique ».

Si l'on regarde le dernier sondage sur "pour ou contre la sortie de l'euro" (Ipsos - Les nouvelles fractures (2014)) auquel cet article d'Atlantico fait référence :

  •  33% de la population se  prononce pour la sortie du pays de la zone euro. Il révèle que les sympathisants  du Front de gauche, du MoDem, du PS et de l'UMP y sont eux très largement  opposés avec des scores très tranchés se tenant ainsi tous en 5 points de  variations d'opinion. Sans surprise, ce sont les sympathisants frontistes qui  souhaitent voir la France retrouver le franc avec 37% d'opinions allant en ce  sens.
  • Par ailleurs, la seule classe  socio-professionnelle qui se prononce pas à la majorité pour le maintien de la  France dans la zone euro est la classe ouvrière (48%). On ne retrouve derrière  (61%) les "professions intermédiaires" en dessous de la moyenne  nationale.

Source : Ipsos - Les nouvelles fractures (2014)

Source : Ipsos - Les nouvelles fractures (2014)

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