Les révélations de Bill Barr, l'ex-ministre de la justice de Donald Trump

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Les révélations de Bill Barr, l'ex-ministre de la justice de Donald Trump

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Bill Barr accorde sa première interview à The Atlantic et évoque "les foutaises" de Donald Trump sur les fraudes électorales
Bill Barr accorde sa première interview à The Atlantic et évoque "les foutaises" de Donald Trump sur les fraudes électorales
© AFP - MANDEL NGAN / AFP

Dans une interview-choc à The Atlantic, Bill Barr raconte les dessous de son éviction par Donald Trump. Durant les derniers mois du mandat, l'ex-ministre de la justice "en a eu assez"

L'introduction d'une série d' interviews-choc de Bill Barr dans the Atlantic plante le décor : celui d'une tragédie où se mêlent trahison, colère, griefs… "Donald Trump est un homme rongé par l'amertume envers ceux qu'il accuse de trahison. Mais peu de trahisons l'enragent autant que ce que lui a fait son ministre de la Justice. Le pire c'est lorsque William Barr a pris les devants pour déclarer qu'il n'y avait pas eu de fraude électorale massive lors de l'élection, juste au moment où le président tentait de renverser la victoire de Joe Biden en affirmant que l'élection avait été volée".  

Une déclaration qui fait l'effet d'une bombe 

Dès le 1er décembre en effet, l'ultra conservateur Bill Barr affirme ne pas avoir trouvé de preuves de fraudes électorales au scrutin de novembre. La scène se passe lors d'un déjeuner dans sa salle à manger personnelle avec un reporter d'Associated Press, son chef de cabinet et sa porte-parole. Ses paroles font l'effet d'une bombe. L'ex-ministre de la Justice proche de Trump est en train de lâcher Trump et qualifie même aujourd'hui les allégations du président de "foutaises". Le reporter d'AP fait même répéter Bill Barr tellement il a conscience de l'impact de ses propos. Et le ministre de la Justice répète : 

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"A ce jour, on n'a pas trouvé de fraude à un niveau tel que les résultats de l'élection auraient pu être différents".

Le journaliste a bien compris et l'information est publiée après le déjeuner par Associated Press. Dans son entretien au magazine Atlantic, publié dimanche, Bill Barr déclare :

C'était l'heure de résister ou de la fermer. S'il y avait eu des preuves de fraude, je n'aurais eu aucune raison de les cacher, mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il n'y avait rien : c'était des foutaises !

La chronique d'Anthony Bellanger
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L'ex-ministre dit avoir examiné les accusations de machines de vote truquées :

Il n'y avait aucun écart nul part entre les résultats de ces machines et les décomptes à la main qui ont suivi !

Le leader des républicains au Sénat accusé d'avoir manœuvré

Bill Barr explique avoir été poussé dès la mi-novembre à agir pour soutenir Donald Trump dans ses accusations de fraudes par le leader républicain du Sénat Mitch McConnell. Il était convaincu que le discours présidentiel handicapait la campagne des républicains pour les sénatoriales en Géorgie. En effet, selon McConnell, le combat de Trump contre le résultat de la présidentielle ternissait l'image du Parti républicain et risquait de lui faire perdre les scrutins partiels du 5 janvier 2021 en Géorgie. Selon ses souvenirs, Mitch McConnell lui aurait dit : "On a besoin du président en Géorgie et on ne peut pas l'attaquer frontalement en ce moment. Mais vous êtes le mieux placé pour instiller un peu de réalisme dans cette situation. Vous êtes vraiment le seul qui puisse faire ça" Et Bill Barr s'est exécuté.

Donald Trump : "Bill Barr m'a beaucoup déçu"

La réaction de Donald Trump aux déclarations de Bill Barr du 1er décembre n'a pas tardé. Donald Trump se présente à lui, le script de la dépêche d'Associated Press dans les mains : "As-tu vraiment dit ça ?" 

Bill Barr : "Oui" 

Donald Trump : “Putain pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi as-tu dit ça ? "

Bill Barr : "Parce que c'est vrai"

Le président, furieux, parle alors de lui même à la troisième personne : "Tu dois haïr Trump. Tu dois haïr Trump !"

Deux semaines plus tard, Bill Barr annonçait sa démission dans une lettre élogieuse pour Donald Trump, qui n'évoquait pas du tout les élections. L'ex-président ne lui a pas pardonné pour autant. Il a écrit dimanche dans un communiqué à la suite de la publication de l'interview dans The Atlantic : 

La faiblesse de Bill Barr a contribué à étouffer le crime du siècle : l'élection présidentielle volée de 2020, Bill Barr m'a beaucoup déçu.

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