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Loire : 34 mineurs non accompagnés disparus depuis janvier, les associations inquiètes

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Les associations et familles d'accueil qui viennent en aide aux mineurs non accompagnés dans la Loire alertent sur le sort des ces jeunes et les délais de traitement de leurs dossiers.

Un rassemblement était organisé jeudi 24 juin devant le palais de justice de Saint-Étienne pour alerter sur le sort des mineurs non accompagnés. Un rassemblement était organisé jeudi 24 juin devant le palais de justice de Saint-Étienne pour alerter sur le sort des mineurs non accompagnés.
Un rassemblement était organisé jeudi 24 juin devant le palais de justice de Saint-Étienne pour alerter sur le sort des mineurs non accompagnés. © Radio France - Tifany Antkowiak

Une trentaine de mineurs non accompagnés ont disparu de la Loire depuis le mois de janvier selon les associations qui leur viennent en aide. Ces jeunes de 15, 16, 17 ans, africains pour la plupart, quittent brusquement le département après plusieurs mois passés ici. Selon les associations, familles d'accueil et enseignants qui leur viennent en aide, ils craquent face aux délais de traitement de leurs demandes de prise en charge par l'aide sociale à l'enfance, une compétence du Conseil départemental de la Loire

"Ce sont 34 jeunes qui ont disparu depuis le 1er janvier; ils ont disparu parce que les procédures ont tendance à s'allonger de plus en plus, notamment parce que dans la Loire depuis quelques mois les juges ont recours aux tests osseux [pour déterminer leur âge et donc confirmer leur minorité, NDLR]", explique Valentin Porte, président de la Maison solidaire à Saint- Étienne. Il participait jeudi 24 juin avec la Cimade et Alternatiba à un rassemblement devant le palais de justice de Saint-Étienne pour déposer, symboliquement, 29 recours de mineurs non accompagnés dont la minorité n'a pas été reconnue. Il se dit très inquiet du sort de ceux qui décident de partir, fatigués d'attendre et de devoir sans cesse justifier leur minorité. 

On ne les accueille pas avec toute la bienveillance qu'ils mériteraient

"Ils partent dans la nature et risquent à la prochaine gare de la prochaine ville rencontrée d'être interpellés par des réseaux qui ne sont pas très nets, on a eu quand même deux jeunes filles de 15 ans qui ont disparu et on espère qu'elles ne sont pas tombées dans des réseaux de prostitution parce qu'on sait que ça arrive", ajoute Valentin Porte. 

Les familles d'accueil, évidemment, s'inquiètent aussi du sort de ces jeunes qu'elles ont hébergé parfois pendant dans de longs mois. Idem pour les enseignants qui les ont suivis pendant leur passage dans la Loire. "On a eu deux cas cette année : ils passent devant le tribunal une première fois et si c'est refusé, le temps de refaire un dossier, il y en a plusieurs qui partent", expliquent deux professeures d'un collège de Saint-Étienne qui accueille des mineurs non accompagnés dans des classes spécialisées. "On a essayé avec certains élèves de les appeler, malheureusement, ils ont coupé leurs téléphones", ajoutent-elles, avec un sentiment d'impuissance et d'injustice, parce que "ce sont des enfants qui sont venus ici parce qu'ils fuient des conditions de vie compliquées, des mariages forcés, des maltraitances et ils ont espoir qu'ici ils vont trouver quelque chose de mieux, et on ne les accueille pas avec toute la bienveillance qu'ils mériteraient".

300 mineurs suivis par le Département

Cherif, un Ivoirien de 15 ans, tente depuis plus de six mois de prouver sa minorité aux services du Département et à la justice française. "Je suis là depuis janvier, on prend tout ce temps pour faire venir des papiers et on nous dit "tu n'es pas reconnu mineur" du coup ça décourage, on n'en dort pas de la nuit de tout ce bazar", raconte-t-il. Le jeune homme explique qu'un de ses amis ivoiriens, qui a traversé la Méditerranée avec lui, a fini par craquer face aux difficultés administratives. "Il est reparti en Italie, alors que c'est encore plus compliqué là-bas vu qu'on ne parle pas la langue", indique Cherif. 

D'autres jeunes dans le même cas que lui dénoncent aussi des conditions d'évaluation par l'aide sociale à l'enfance très stressantes. "On nous met tout de suite la pression en nous disant, "mais tu ne peux pas avoir cet âge-là, tu es trop grand", et on ne nous laisse pas nous exprimer", témoigne Adama. Derrière lui, ils sont plusieurs à hocher la tête pour confirmer cette situation.

Le Conseil départemental de la Loire indique être de plus en plus sollicité par ces jeunes qui quittent seuls leur pays pour la France, avec 160 nouvelles entrées de jeunes mineurs non accompagnés entre janvier et mai 2021. Sur le premier semestre 2021, 302 mineurs ont bénéficié du suivi des services du département, ainsi que 218 jeunes majeurs (entre 18 et 21 ans).

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