Beat Hôtel : quand Paris est devenu le refuge d'artistes de la Beat Generation

William Burroughs en train de taper à la machine à écrire, Paris, le 17/06/1962. ©AFP - Leemage
William Burroughs en train de taper à la machine à écrire, Paris, le 17/06/1962. ©AFP - Leemage
William Burroughs en train de taper à la machine à écrire, Paris, le 17/06/1962. ©AFP - Leemage
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Exilés volontaires d'un pays trop puritain pour recevoir leurs idées, ils ont trouvé refuge à Paris, au coeur du quartier latin, rue Gît-le-Coeur. Allen Ginsberg, William Burroughs, Gregory Corso... tous y ont séjourné. Un petit hôtel est devenu l'épicentre du phénomène beat.

Depuis le rachat de cette pension de quarante-deux chambres en 1933, les époux Rachou n’avaient pas effectué de travaux. Au 9, rue Gît-le-cœur, le confort était spartiate. Le système électrique défectueux. Les toilettes à la turque situées sur le palier. Les fenêtres des chambres donnaient sur la cage d’escalier. Une seule baignoire disponible. Et encore. L’eau chaude n’y était dispensée que trois fois par semaine. Aussi, l’établissement comportait un bistrot. Le café y était servi contre quarante centimes. La nuit, elle, était facturée un dollar.

Le Beat Hotel était un petit hôtel de 42 chambres au no 9 rue Gît-le-Cœur à Paris dans le Quartier latin, qui doit sa renommée, ainsi que son nom, aux membres de la Beat Generation qui y ont séjourné.
Le Beat Hotel était un petit hôtel de 42 chambres au no 9 rue Gît-le-Cœur à Paris dans le Quartier latin, qui doit sa renommée, ainsi que son nom, aux membres de la Beat Generation qui y ont séjourné.
- Monceau via Wikipédia

Madame Rachou n’était pas regardante sur les mœurs de ses pensionnaires, pas plus qu’elle n’était à cheval sur les dates du paiement. Une ardoise s’effaçait en échange d’un manuscrit original. Ou bien d’une toile. Car cette femme « sympathique » était une amie des arts. Des décennies plus tôt, alors qu’elle vivait en ménage à Giverny, elle avait travaillé au sein d’une pension par laquelle étaient passés Monet et Pissarro. Alors…

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Alors Ginsberg et sa dégaine de prophète sur la paille ? Bienvenue! Bien sûr, parions qu’elle ignorait tout des attaques pour « obscénités » dont son pensionnaire avait précédemment fait l’objet, Madame Rachou. Comme elle ferma les yeux sur les « activités » et les mœurs de la clique beat qui rejoignit Ginsberg dans son hôtel, dès 1958. Parmi elle, William Burroughs, fraîchement débarqué de Tanger, encore marqué par sa plongée dans l’héroïne s’installe dans la chambre n°23 du 9, rue Gît-le-cœur un 16 janvier. C’est là qu’il termine Le Festin Nu .

Tandis qu’autour de lui, Greg Corso rédigeait The Bomb , que Ted Joans élaborait la fresque *The Chick Who feels off a Rhino * ; l’hôtel était le théâtre d’une formidable agitation artistique, mais aussi de mœurs particulières, Madame Rachou voyait au quotidien ses pensionnaires déguenillés écrire une étape de l’une des plus fiévreuses aventures artistiques du XXe siècle.

L'heure du documentaire rime avec docu fiction Documentaire fiction de David Brun-Lambert et Guillaume Baldy

Rediffusion de Sur les Docks  du 08/04/2010

Avec : Catherine Marthely

A travers un entretien réalisé avec l’écrivain Gérard-Georges Lemaire

Ce docu-fiction retrace l’épopée du Beat Hôtel par la voix d’un témoin anonyme de ces années durant lesquelles les principales figures de la Beat Generation vécurent à Paris, et – pour certains - y créèrent plusieurs de leurs œuvres maîtresses.

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