Seules les femmes ont le droit d’y entrer : dans la province de Papouasie, en Indonésie, une mangrove réservée aux femmes tient presque du sanctuaire. “Cette forêt a toujours été réservée aux femmes. Elle existait bien avant ma naissance, elle a toujours été là, avec les mêmes règles”, explique Adriane Meraudje, une habitante de Jayapura, la capitale de la région, dans un reportage de BBC News visible ci-dessous.

La tradition veut que les femmes se dévêtissent lorsqu’elles arrivent le long des berges de la mangrove pour pêcher des palourdes. Les hommes qui viendraient jouer les intrus s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 1 million de roupies indonésiennes, soit environ 60 euros.

“Lorsque la marée est basse, nous y allons toutes ensemble, explique Ati Rumboyrusi, une villageoise. Il n’y a pas d’hommes, alors nous pouvons partager librement nos histoires avec les anciennes. Nous nous immergeons dans la mer et nous tâtonnons à travers la boue pour trouver des palourdes.”

Elles revendent ensuite leur pêche sur les marchés du coin.

Pollution et déforestation

Cette forêt est aujourd’hui atteinte par la pollution. En l’espace de cinquante ans, sa taille a diminué de moitié, note la BBC. Des bouteilles en plastique et d’autres déchets venus des villes voisines s’accumulent le long des berges. Les femmes papoues déplorent, la gorge nouée, cette dégradation de leur forêt. Adriane Meraudje témoigne :

L’océan a beaucoup changé, […] à cause des ordures. Lorsqu’il pleut, les déchets des marchés, en ville, arrivent jusqu’ici. Je me demande souvent : ‘Qu’est-il arrivé à notre océan ?’

L’île de Nouvelle-Guinée, partagée entre l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, subit depuis plusieurs années la pollution et la déforestation. Le Wall Street Journal rappelait en juillet 2020, citant une étude parue en 2015, que la Chine et l’Indonésie sont “probablement les principaux pays” à l’origine de ces rejets de plastique dans les océans. Les déchets issus de ces deux États représenteraient plus d’un tiers des bouteilles, sacs et autres détritus en plastique rejetés en mer.

Cette pollution porte une atteinte directe à l’activité des femmes papoues. “Autrefois, il ne nous fallait pas plus d’une demi-journée pour remplir notre bateau [de palourdes]. Mais aujourd’hui, nous remplissons rarement la moitié du bateau, même en travaillant toute la journée”, regrettait déjà une de ces femmes en 2018 dans un article du Jakarta Post.