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Coronavirus : scientifiques et gouvernement alertent sur un rebond de l'épidémie dans les prochaines semaines

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  • France Bleu

Alors que les Français retrouvent des conditions de vie quasiment habituelles pour les vacances, grâce à des indicateurs du coronavirus au plus bas, le spectre d'une reprise de l'épidémie à la rentrée, voire dès la fin juillet, plane.

Dans le service réanimation de l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris. Dans le service réanimation de l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris.
Dans le service réanimation de l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris. © AFP - Antonin Burat / Hans Lucas

"Ce qu'il se passe dans les Landes va se passer dans toute la France." C'est le message délivré samedi 3 juillet par le directeur de l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, alors que le variant Delta du coronavirus a provoqué un rebond de l'épidémie dans le département : le taux d'incidence y est plus élevé que partout ailleurs en France métropolitaine (54 contaminations par semaine pour 100.000 habitants, contre 19 pour la moyenne nationale). 

"L'épidémie regagne du terrain"

Les indicateurs sont très bas au niveau national, mais une reprise de l'épidémie dans les prochaines semaines n'est pas écartée, loin de là. D’autant que le nombre de contaminations commence déjà à repartir à la hausse. Les alertes se multiplient donc ces derniers jours. 

"L'épidémie regagne du terrain", s'est inquiété ce lundi Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, sur France Inter. "Il n'y a pas de fatalité, et on a une carte maitresse pour empêcher qu'une nouvelle vague déferle sur notre hôpital, c'est la vaccination".

"Une quatrième vague dès fin juillet "est une possibilité, a aussi alerté Gabriel Attal, prenant exemple sur ce qui s'est passé au Royaume-Uni.

C'est une course contre la montre qui se joue dans notre pays - Olivier Véran

Ce dimanche, le ministre de la Santé, Olivier Véran, tirait aussi le signal d'alarme : "Depuis cinq jours, le virus ne baisse plus, il réaugmente. A cause du variant delta qui est très contagieux, écrit-il sur Twitter. L'exemple anglais montre qu'une vague est possible dès la fin Juillet. Nous pouvons la limiter et en limiter l'impact sanitaire : gestes barrières, vaccin, tester/alerter/protéger."

Le ministre incite les Français à se faire vacciner rapidement. "C'est une course contre la montre qui se joue dans notre pays", souligne-t-il. Vendredi, il avait déjà indiqué qu'il y a "une menace de reprise de l'épidémie dès cet été", le variant Delta représentant désormais près d'un tiers des nouvelles contaminations dans le pays.

L'Institut Pasteur prévoient pour sa part, dans le pire des scénarios, "un pic d'hospitalisation important" à la rentrée, similaire à l'automne 2020, en l'absence de mesures de contrôle, comme le dépistage intensif et le renforcement des mesures barrière, qui pourraient être ciblées sur certaines populations.

Le variant Delta provoque déjà un rebond en Europe

Les autorités et les spécialistes s'appuient sur la situation dans les Landes mais aussi sur les données - inquiétantes - d'autres pays confrontés au variant. Au Royaume-Uni, par exemple, les contaminations dues au variant Delta flambent. La Russie a de son côté enregistré dimanche son nombre de contaminations au Covid-19 le plus élevé depuis janvier. Enfin, le Portugal a d'ores et déjà décidé de rétablir un couvre-feu nocturne dans 45 communes, dont Lisbonne, à cause du variant.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti jeudi dernier d'un risque de nouvelle vague de la pandémie portée par le variant Delta en Europe. Le nombre de cas de Covid-19 s'est accru de 10% la semaine dernière dans cette région, a-t-elle indiqué, et ce "en raison de l'augmentation des brassages, des voyages, des rassemblements et de l'assouplissement des restrictions sociales". L'OMS Europe s'attend à ce que le variant Delta y devienne "dominant" d'ici à août.

L'enjeu de la vaccination

Le président du conseil scientifique, le Pr Jean-François Delfraissy, s'attend à une quatrième vague à l'automne. Elle sera "beaucoup plus nuancée que les trois premières", grâce au niveau de vaccination atteint, selon lui, mais il s'est dit surtout préoccupé pour les plus de 60 ans (environ 20% de non vaccinés) et les personnes à comorbidités (un tiers de non vaccinés), en particulier celles souffrant d'obésité, qui sont "peu vaccinées"

Car le taux de vaccination en France ne permet pas encore d'atteindre l'immunité collective. Avec un variant Delta considéré comme 40% à 80% plus contagieux que l'Alpha (dit variant "anglais"), "le niveau d'exigence de la couverture vaccinale minimum est plus élevé que ce qu'on pensait au départ", a expliqué l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève, à l'AFP. Il faudrait "85% de personnes immunisées pour que l'épidémie s'arrête", évalue Pascal Crépey, chercheur en biostatistiques à l'EHESP. Pour l'instant, seul un tiers de la population est complètement vacciné en France et le gouvernement table sur 35 millions de personnes fin août, soit 52%.

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Si l'hypothèse de la vaccination obligatoire pour tous les Français est écartée, celle des soignants est plus que jamais d'actualité. "__C'est une sérieuse possibilité", a répété Gabriel Attal sur France Inter ce lundi. 

Le Premier ministre, Jean Castex, "recevra les présidents des groupes parlementaires lundi pour aborder cette question", ainsi qu'une éventuelle "extension du pass sanitaire". Un texte de loi pourrait être adopté au Parlement fin juillet.

Dépister tôt pour freiner la reprise

Mais d'autres outils doivent aussi être pris en compte pour savoir si la France est suffisamment armée pour éviter ou au moins affronter plus efficacement une nouvelle vague du virus. C'est le rempart le plus efficace, mais "la stratégie vaccinale seule ne suffit pas" pour éviter "des vagues ou un rebond trop important", prévient l'épidémiologiste Antoine Flahault. Il faut donc "coupler la vaccination avec une stratégie de circulation minimale du virus très offensive", plaide-t-il. 

L'enjeu est d'appliquer systématiquement le dispositif "tester-tracer-isoler" pour freiner dès le départ une reprise de l'épidémie. Il s'agit aussi de perfectionner le dépistage en utilisant davantage les autotests et les tests salivaires. Olivier Véran a promis des autotests gratuits cet été, avec 7,5 millions de kits distribués sur la route des vacances, les lieux de villégiature, dans les centres de loisirs et auprès des publics précaires. Malgré l'insouciance estivale, "quand les gens ont des symptômes, même de rhume, même pas très spécifiques, il ne faut pas qu'ils hésitent à se faire tester rapidement", a encouragé l'épidémiologiste Dominique Costagliola sur Public Sénat. Et à la rentrée, l'enjeu sera "le dépistage massif au niveau des écoles, parce qu'on sait que c'est dans cette population" non vaccinée "que va courir le virus", a estimé le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur France Inter.

Il s'agit enfin d'améliorer le séquençage des virus qui permet de repérer les variants et de savoir comment ils circulent. Pour Bruno Lina, responsable du Centre national de référence des virus respiratoires à Lyon, l'enjeu est surtout de "pouvoir éclairer ce que signifie l'émergence des variants et être en capacité de détecter" les nouveaux.

Ces outils et l'expérience des mois passés permettent à la France d'être "mieux armée" que l'été dernier et de, peut-être, empêcher que le scénario de la vague automnale se répète.

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