FEMINICIDEUne plainte pour violences psychologiques visait le suspect du féminicide

Meurtre de Sandra à Bordeaux : La victime avait porté plainte pour violences psychologiques il y a quelques mois

FEMINICIDELe Parquet de Bordeaux a apporté des précisions sur le casier judiciaire de l’homme soupçonné d’avoir tué son ex-compagne et sur les plaintes déposées par cette dernière
Un hommage a été rendu dimanche à Sandra par environ 200 personnes, devant son domicile où elle a été tuée à coups de couteau.
Un hommage a été rendu dimanche à Sandra par environ 200 personnes, devant son domicile où elle a été tuée à coups de couteau.  - E.Provenzano / 20 Minutes  / 20 Minutes
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • L’homme soupçonné du meurtre de Sandra, son ex-compagne, n’a jamais été condamné pour violences conjugales.
  • Il était par contre visé par deux plaintes pour violences psychologiques et harcèlement téléphonique émanant de la victime.
  • Il devait être jugé en novembre par le tribunal correctionnel pour y répondre de ces messages malveillants.

Vendredi matin, une jeune femme de 31 ans a perdu la vie à son domicile bordelai, tuée à coups de couteau. Son ex-compagnon, 36 ans, est le principal suspect et il a été mis en examen et écroué dimanche pour meurtre sur conjoint. La jeune femme l’a quitté en janvier après dix ans de vie commune et il vivait très mal cette séparation.

S’il n’est pas vierge, son casier ne porte pas trace de condamnations pour des violences. On y trouve huit mentions inscrites entre 2004 et 2009 pour des faits d’infractions à la législation sur les stupéfiants et pour conduite en état d’ivresse. « Mickaël F. n’a jamais fait l’objet d’une quelconque condamnation pour violences, notamment conjugales », précise le Parquet dans un communiqué.

Dépôt de plaintes en janvier

La jeune femme ne se sentait pas en sécurité selon le récit de ses parents qui ont raconté dimanche, lors du rassemblement organisé en mémoire de leur fille, que leur beau-fils rodait toujours près de son domicile. Ils ont habité six mois avec elle avant de repartir chez eux à Valence, en Espagne. Le 6 janvier Sandra avait déposé plainte pour violences psychologiques puis pour harcèlement téléphonique, sans menace.

Le 9 mars, son ex-conjoint a été placé en garde à vue où il a nié tout acte de violence et précisait consulter un psychologue du centre médico-psychologique car il était sous antidépresseur. « Un rapport d’évaluation était demandé à l’association d’enquête et de médiation (AEM) qui proposait un classement sous condition de suivi psychologique pour prise en charge thérapeutique et stage à destination des auteurs de violences conjugales. Ces recommandations étaient suivies par le parquet qui décidait d’un classement sans suite de la procédure sous réserve que l’intéressé se soumette à ces mesures », explique la procureur dans son communiqué.

Placé en garde à vue trois jours avant les faits

Fin mars Sandra a écrit au procureur pour compléter sa plainte pour violences psychologiques, fournissant plusieurs certificats médicaux faisant état de syndromes d’anxiété. Ce courrier était transmis pour enquête au commissariat dès le 1er avril, assure le Parquet. La jeune femme a été de nouveau entendue deux fois en mai mais elle a refusé toute confrontation. S’appuyant sur l’examen du Centre d’Accueil en Urgence de Victimes d’Agression (CAUVA) qui concluait à trois jours d’ITT (composante psychologique) pour Sandra, le Parquet a ordonné le placement en garde à vue de Mickaël F. le 28 juin 2021, soit trois jours avant les faits, « pour messages malveillants réitérés par concubin et harcèlement par ex-concubin », explique le Parquet.

Devant les policiers, le mis en cause a nié les faits, expliquant qu’il voulait juste parler à sa fille. Il était convoqué devant le tribunal correctionnel le 16 novembre 2021 prochain pour y être jugé. Sous contrôle judiciaire, il a néanmoins avoué s’être rendu chez son ex pour obtenir des explications, parlant d’un « trou noir » lors de l’altercation qui a eu une issue mortelle pour Sandra.

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