Selon Sea-Watch, les garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu vers une embarcation de migrants, au large de Lampedusa. Crédit : Sea-Watch
Selon Sea-Watch, les garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu vers une embarcation de migrants, au large de Lampedusa. Crédit : Sea-Watch

La Sicile a ouvert une enquête pour "tentative de naufrage" après la publication d'une vidéo de l'ONG Sea-Watch montrant des garde-côtes libyens tirer des coups de feu en direction d'une embarcation de migrants, se dirigeant vers Lampedusa. L'ouverture d'une enquête officielle par le pays nécessite toutefois l'autorisation du ministère italien de la Justice.

Selon le Guardian, les procureurs de Sicile ont ouvert, vendredi 2 juillet, une enquête contre les garde-côtes libyens après la diffusion d'une vidéo les montrant tirer sur une embarcation de migrants en mer Méditerranée.

Le 30 juin, l'ONG Sea-Watch a publié sur Twitter des images tournées depuis son avion de surveillance Seabird. On y voit une vedette des garde-côtes libyens utiliser à plusieurs reprises des armes à feu en direction d'un canot de migrants faisant route vers Lampedusa. Les Libyens tentent également de percuter à toute vitesse l'embarcation pour l'empêcher de rejoindre l'île italienne, située à 35 miles nautiques.

Le bateau des garde-côtes libyens impliqué est le Ras Jadir, l'un des quatre patrouilleurs italiens fournis à la Libye pour stopper les traversées de la mer Méditerranée, dans le cadre d'un accord signé entre les deux pays en 2017.

Sea-Watch, qui a porté plainte en Sicile, a fourni aux procureurs les images et les photos de l'incident, indique le média italien en ligne Avvenire. Les Libyens sont accusés de "tentative de naufrage".

L'ouverture d'une enquête officielle nécessite toutefois "l'autorisation du ministère italien de la Justice", "étant donné que la procédure vise une autorité étrangère".

La Libye ouvre également une enquête interne

Si l'Italie suit la procédure sicilienne, ce serait la première fois qu'un pays européen ouvre une enquête contre les garde-côtes libyens qui font face à de nombreuses accusations de collusion présumée avec des passeurs et maltraitance sur les migrants interceptés en mer.

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Les autorités libyennes ont également indiqué avoir lancé une enquête interne, après avoir examiné les images du patrouilleur pourchassant les exilés, "mettant leur vie en danger, ainsi que celle des membres d'équipage, car les mesures de sécurité n'ont pas été respectées et des coups de semonce ont été utilisés", selon une note consultée par Avvenire.

L'Union européenne s'est aussi saisie de l'affaire après avoir visionné la vidéo de Sea-Watch. "Nous vérifions les circonstances qui y sont liées. Nous allons certainement demander des explications à nos partenaires libyens", a déclaré Peter Stano, porte-parole de la Commission européenne.

Reste que cette enquête s'avère difficile à mener. Il n'existe aucun accord de coopération judiciaire entre l'Italie et la Libye.

L'annonce de cette enquête potentielle intervient en amont d'un vote du parlement italien sur le renouvellement d'aides financières aux garde-côtes libyens. Depuis des années, l'Italie et l'Union européenne financent, entraînent et équipent les garde-côtes libyens pour qu'ils empêchent les migrants de rejoindre les côtes européennes. En outre, un navire de la marine italienne est ancré à Tripoli et fournit aux Libyens une assistance technique.

 

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