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Les 20 plus belles expositions photo à voir en France cet été

Les 20 plus belles expositions photo à voir en France cet été
Sacha Goldberger, Batman Robin, Tirage fine art, Série Family Portrait, 60 x 80 cm © Sacha Goldberger

Les musées de France et de Navarre vous ouvrent cet été une fenêtre sur le monde à travers 20 expositions photo qui vous feront déambuler de l’Allemagne au Japon, en passant par le Brésil.

Passer l’été en France, ce n’est pas seulement la possibilité de prendre soi-même de jolis clichés, mais aussi celle d’en admirer dans les musées et centres d’art ! Comme une invitation à un voyage dont on s’est longuement languis, vous trouverez ici une sélection de 20 expositions photo, à la fois poétiques et engagées, pour vous évader jusqu’à la rentrée. Entre une rétrospective inédite de Marc Riboud au Musée Guimet, le vieux Paris de Cartier-Bresson et d’Atget au musée Carnavalet et à la Fondation Cartier-Bresson ou encore l’Amazonie de Salgado à la Philharmonie : vous n’aurez que l’embarras du choix !

1. Paul Ickovic capte l’ineffable

Voici la première rétrospective en France de l’œuvre de Paul Ickovic, photographe né en 1944 en Angleterre de parents tchécoslovaques. Assistant d’Henri Cartier-Bresson, ami de Josef Koudelka, il a parcouru le monde en noir et blanc, armé de son Leica. La rue est son théâtre, le quotidien sa poésie, la lumière sa musique. La Bibliothèque nationale de France (BnF) présente un vaste corpus de ses clichés, révélant un regard singulier alliant l’humour et la sensualité.

« En transit : photographies de Paul Ickovic », BnF-François-Mitterrand, Paris, www.bnf.fr

Vermont, USA. 1973. © Paul Ickovic I BnF, Estampes et photographie

Vermont, USA. 1973. © Paul Ickovic I BnF, Estampes et photographie

2. Ceci n’est pas une ville

Après New York, Philippe De Gobert s’est tout naturellement tourné vers Le Havre. Presque entièrement détruite en 1944, la ville s’est métamorphosée en cité moderne idéale sous la direction de l’architecte Auguste Perret. L’artiste, à son tour, « reconstruit » Le Havre dans des maquettes au 1/100e. Ce sont ces maquettes d’une grande minutie qu’il photographie. De ses tirages monumentaux aux couleurs sourdes et saturées surgit une vision urbaine surréelle et poétique. Trouble garanti !

« Philippe de Gobert », MuMA, Le Havre, 02 35 19 62 62, www.muma-lehavre.fr, jusqu’au 7 novembre

Philippe de Gobert, LH 550, 2019, tirage numérique, 104x138 cm  © Philippe de Gobert

Philippe de Gobert, LH 550, 2019, tirage numérique, 104×138 cm © Philippe de Gobert

3. Afriques, écritures visuelles

Dans le cadre du « Focus Femmes » de la Saison Africa2020, l’artiste et réalisatrice franco-algérienne Katia Kameli pose un regard sur la constitution de grands récits du continent et leur circulation, ainsi que sur l’écriture de l’histoire algérienne. Son oeuvre pose la question de la place des femmes au sein de ces histoires et de cette histoire, à travers une trilogie de films (Le Roman algérien) et une installation multimédia, Stream of Stories, conçue spécifiquement pour l’espace du Frac.

« Katia Kameli, elle a allumé le vif du passé », Frac Paca, Marseille, www.frac-provence-alpes-cotedazur.org, jusqu’au 19 septembre

Katia Kameli, image extraite de Le Roman algérien - chapitre 1, 2016, Vidéo HD, 16 min. 35 s.  © Katia Kameli, ADAGP, Paris, 2021. Collection Frac Poitou-Charentes

Katia Kameli, image extraite de Le Roman algérien – chapitre 1, 2016, Vidéo HD, 16 min. 35 s. © Katia Kameli, ADAGP, Paris, 2021. Collection Frac Poitou-Charentes

4. Cécile Hartmann voit noir

Long de trois mille quatre cent soixante et un kilomètres, le pipeline Keystone transporte chaque jour sept cent mille barils d’hydrocarbures depuis les exploitations de l’Alberta, au Canada. Ce « serpent noir » est au cœur du projet de Cécile Hartmann. La vidéaste et plasticienne dénonce ce désastre écologique au travers d’un film inédit tourné entre 2018 et 2020, accompagné de sculptures, de sérigraphies, de photographies et de Wall Paintings.

« Cécile Hartmann. Le serpent noir », Maison d’art Bernard Anthonioz (MABA), Nogent-sur-Marne, www.fondationdesartistes.fr, jusqu’au 26 septembre

Le Serpent Noir #1 (Sacred Stones, South Dakota), 2020, Image fixe du film "Le Serpent Noir", 42' en boucle, couleur et n&b, sonore, sans dialogue, musique originale, Production Fondation des Artistes / Cécile Hartmann © Courtesy de l’artiste

Le Serpent Noir #1 (Sacred Stones, South Dakota), 2020, Image fixe du film « Le Serpent Noir », 42′ en boucle, couleur et n&b, sonore, sans dialogue, musique originale, Production Fondation des Artistes / Cécile Hartmann © Courtesy de l’artiste

5. Immersion amazonienne à la Philharmonie 

Au sein d’un ensemble à la fois visuel et sonore, Sebastião Salgado vous invite à découvrir la beauté de la forêt amazonienne ainsi que celle de ses populations. Alliant plus de 200 clichés, d’immenses projections et une création sonore de Jean-Michel Jarre directement inspirée des bruits de la nature, la Philharmonie offre un véritable voyage au cœur de cet écosystème. Dans la continuité du projet Genesis qui met à l’honneur certaines régions du globe, Salgado endosse à nouveau le rôle de photographe engagé et humaniste pour défendre la rareté de cette forêt, écrin sensible et unique désormais transposé à Paris, où éléments naturels et sens se rencontrent.

« Salgado Amazônia », Philharmonie de Paris, https://philharmoniedeparis.fr/fr, jusqu’au 31 octobre 2021

Sebastiao Salgado, Indienne Ashaninka, État d’Acre, Brésil, 2016 © Sebastiao Salgado

Sebastiao Salgado, Indienne Ashaninka, État d’Acre, Brésil, 2016 © Sebastiao Salgado

6. Paris à la Belle Époque

Pour sa troisième exposition depuis son ouverture, la galerie Roger-Viollet propose au public de plonger dans le Paris de la Belle Époque. À l’aide de 60 photographies des studios Léon & Lévy et Neurdein, Albert Harlingue, Maurice-Louis Branger, Jacques Boyer, Henri et Ernest Roger, (re)découvrez cette période faste de la vie parisienne. Des Halles centrales et ses forts au champ de courses de Longchamp ou d’Auteuil, en passant par les Expositions Universelles, voyagez jusqu’au début du siècle dernier grâce aux précieux clichés du fonds Roger-Viollet.

« Paris, une Belle Époque ! », galerie Roger-Viollet, Paris, https://www.roger-viollet.fr/, jusqu’au 28 août.

Exposition universelle de 1900. Groupe de promeneurs sur le pont Alexandre III. A gauche au premier plan, le pavillon de l’Italie, au second plan le pavillon de la Turquie. Paris, 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

Exposition universelle de 1900. Groupe de promeneurs sur le pont Alexandre III. A gauche au premier plan, le pavillon de l’Italie, au second plan le pavillon de la Turquie. Paris, 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

7. Une exposition 5 en 1

Choisissez un lieu, un artiste et cinq co-commissaires d’exposition : il ne vous reste plus qu’à mettre en place les règles du jeu. La Bibliothèque nationale de France (BNF) a réalisé ce projet, exposé depuis mai, en lien avec la Master Collection (1973) d’Henri Cartier-Bresson (1908-2004), offrant un résultat assez inédit. Annie Leibovitz, Sylvie Aubenas, François Pinault, Javier Cercas et Wim Wenders ont chacun choisi parmi les clichés de Cartier-Bresson pour constituer cette exposition, sans se concerter et sans critère préétabli, donnant ainsi lieu à des espaces personnels et variés : une sorte d’ensemble divisé en cinq sous-expositions, tous indépendants les uns des autres. Ainsi, « Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu » promet un panorama hétéroclite de l’œuvre du photographe, et peut complémenter avec l’exposition du musée Carnavalet.

« Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu », Bibliothèque nationale de France, https://www.bnf.fr/fr, jusqu’au 22 août 2021.

Henri Cartier-Bresson, Simiane-la-Rotonde, France, 1969, épreuve gélatino-argentique de 1973 © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos / Henri Cartier-Bresson

Henri Cartier-Bresson, Simiane-la-Rotonde, France, 1969, épreuve gélatino-argentique de 1973 © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos / Henri Cartier-Bresson

8. Paris dans l’objectif de Cartier-Bresson…

Grand événement de ce début de saison estivale, le musée Carnavalet rouvre enfin ses portes et illustre l’Histoire de Paris en photographies en s’associant avec la Fondation Henri Cartier-Bresson. Capturant de simples passants ou de grands événements à l’aide de son appareil, Cartier-Bresson documente cette ville, aussi bien pour la presse que dans un but purement artistique. Vous pouvez y découvrir des tirages originaux mais aussi des enregistrements audiovisuels de l’artiste, pour une plongée dans le Paris du XXème siècle.

« Henri Cartier-Bresson – Revoir Paris », Musée Carnavalet, https://www.carnavalet.paris.fr/, jusqu’au 31 octobre 2021.

Un cracheur de feu place de la Bastille, 1953 Collection du musée Carnavalet – Histoire de Paris © Fondation Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

Un cracheur de feu place de la Bastille, 1953 Collection du musée Carnavalet – Histoire de Paris © Fondation Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

9. … et d’Atget

Également à associer à l’exposition du musée Carnavalet, étant le fruit d’un travail conjoint, la Fondation Henri Cartier-Bresson accueille quant à elle une exposition autour de la figure pionnière et influente d’Eugène Atget (1857-1927), alliant ici aussi à la fois l’idée d’un point de vue documentaire et d’un témoignage du vieux Paris, ainsi que l’expression personnelle de l’artiste, résultats d’une déambulation sensible dans la capitale.

« Eugène Atget – Voir Paris », Fondation Henri Cartier-Bresson, https://www.henricartierbresson.org/, jusqu’au 19 septembre 2021.

Eugène Atget, Ambassade d’Autriche, 57, rue de Varenne, VIIe, 1905 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Eugène Atget, Ambassade d’Autriche, 57, rue de Varenne, VIIe, 1905 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

10. Hito Steyrel crève l’écran

Surveillance globale, partage de données, intelligence artificielle, réseaux sociaux… avec ses installations multimédia immersives, la plasticienne et essayiste Hito Steyerl, née à Munich en 1966, arpente les territoires numériques postés aux frontières du réel, entre info et intox. Révélée en 2007 lors de la Documenta 12 avec le documentaire Lovely Andrea, qui la suit à Tokyo sur les traces d’un portrait publié vingt ans plus tôt dans une revue de bondage, elle produit une oeuvre d’investigation, questionnant le statut, la circulation et le sens des images. Ses idées radicales, très en phase avec les débats féministes et post-coloniaux, font mouche et en 2017, « ArtReview » la désigne « artiste la plus influente de l’année ». C’est peut-être sur le tournage de Jusqu’au bout du monde, improbable road-movie dystopique de Wim Wenders, qu’elle assiste en 1990 après des études en philosophie et cinéma, que Steyerl adopte le ton acide qui caractérise depuis ses films et écrits. Court métrage d’art martial hommage à son amie d’enfance Andrea Wolf, militante pour la cause kurde assassinée par des agents du gouvernement turc en 1998 (Novembre, 2004), tutoriel en cinq leçons pour devenir invisible (How Not to be Seen, 2013), pamphlet sur la prolifération d’espaces de stockage où marchands et collectionneurs tentent d’échapper aux taxations fiscales (Duty Free Art, 2018)… elle porte à l’écran le monde comme il va, à la dérive.

Hito Steyerl », Centre Pompidou, Paris, www. centrepompidou.fr, jusqu’au 5 juillet

Hito Steyerl, In Free Fall, 2010. Projection vidéo HD, son, 32 min. Vue d’installation à l’exposition “Hito Steyerl”, Artists Space, New York, 2013 © Courtoisie de l’artiste, Andrew Kreps, New York et Esther Schipper, Berlin

Hito Steyerl, In Free Fall, 2010. Projection vidéo HD, son, 32 min. Vue d’installation à l’exposition “Hito Steyerl”, Artists Space, New York, 2013 © Courtoisie de l’artiste, Andrew Kreps, New York et Esther Schipper, Berlin

11. Girault de Prangey, un pionnier

Peintre et dessinateur, Joseph-Philibert Girault de Prangey (1804-1892) fut l’un des pionniers du daguerréotype qu’il utilisa essentiellement pour la reproduction de monuments, plantes ou objets en dessin ou à la gouache. Archéologue passionné d’architecture arabo-musulmane et de botanique, il rapporta de son Grand Tour méditerranéen plus de mille plaques longtemps restées en sommeil dans son château près de Langres, en Haute-Marne. Cent vingt daguerréotypes ont été sélectionnés pour cette exposition, accompagnés de croquis, de dessins et de gouaches. Une rareté.

« Girault de Prangey photographe (1804-1892) », musée d’Orsay, www.musee-orsay.fr, jusqu’au 11 juillet

12. Les romans-photos de James Coleman

Au début des années 1970, James Coleman a mis au point un dispositif élémentaire pour ses installations : un carrousel projetant des diapositives, tandis que la bande sonore synchronisée déroule un récit écrit par l’artiste et dit par un narrateur. De cette façon, il n’a cessé, depuis, d’explorer et de déconstruire le fonctionnement des images, à la confluence de plusieurs traditions, celles du tableau, de la photographie et du film. La rétrospective que le Centre Pompidou consacre aujourd’hui à Coleman (né en 1926) permet de mesurer l’influence de son travail.

« James Coleman », Centre Pompidou, Paris, www.centrepompidou.fr, jusqu’au 23 août

James Coleman, I N I T I A L S, 1994  Extrait de film / Still image from video Courtesy Galerie Marian Goodman  © DR / All rights reserved

James Coleman, I N I T I A L S, 1994 Extrait de film / Still image from video Courtesy Galerie Marian Goodman © DR / All rights reserved

13. Michael Schmidt, l’oeil de Berlin

Directe, la photographie de Michael Schmidt (1945-2014) raconte une autre histoire de l’Allemagne d’après-guerre. Autodidacte, l’ancien gendarme, proche de Robert Adams, Paul Graham et Andreas Gursky, tient au mitan des années 1960 un langage documentaire bien à lui : « J’opère avec l’acuité du “ photographe ”, c’est-à-dire conscient que la confrontation pratique (avec les choses et leur environnement) améliore la connaissance et la compréhension qu’on a du lieu ». Un lieu qu’il veut commun, « accessible à tout le monde » de sorte que chacun puisse en « vérifier la crédibilité ». À Berlin, il arpente les quartiers ouest de Kreuzberg ou de Wedding, et prend des images de noir et blanc mêlés, si grises qu’elles neutralisent tout ce qu’elles désignent : les gens, les maisons, les rues. C’est ce que montre la première rétrospective qui lui est consacrée depuis sa disparition, marquant la réouverture après travaux du Jeu de paume. Ses grands ensembles y sont accrochés dans l’ordre, de sa chronique du quotidien d’une femme active (Die berufstätige Frau in Kreuzberg, 1 975), à celle de l’industrie alimentaire (Lebensmittel, 2006-2010) qui lui vaudra, quelques jours avant sa mort, le prestigieux prix Pictet. Entre les deux, sa pratique s’affranchit de l’objectivité chère aux Becher. Comme dans Waffenruhe (1987) où portraits, paysages et vues urbaines posent, en écho aux mots du dramaturge Einar Schleef, un regard grave, très personnel, sur un monde désuni et sans lendemain, celui d’avant la chute du Mur.

« Michael Schmidt, une autre photographie allemande », Jeu de paume, Paris, www. jeudepaume.org, jusqu’au 29 août

Michael Schmidt, Schüler der 4. Klasse,  Grundschule, Berlin Wedding [Élève de  CM1, école primaire,  Berlin-Wedding],  1976-78] © Michael Schmidt

Michael Schmidt, Schüler der 4. Klasse, Grundschule, Berlin Wedding [Élève de CM1, école primaire, Berlin-Wedding], 1976-78] © Michael Schmidt

14. Le Tokyo d’après-guerre de Moriyama et Tomatsu

La Maison européenne de la photographie offre ses cimaises à deux géants de la photographie japonaise, Daido Moriyama (1938) et Shomei Tomatsu (1930-2012) et réalise le projet imaginé par les deux amis : rendre hommage à leur ville, Tokyo, qu’ils ont arpentée durant des décennies. Ce rêve partagé n’avait en effet pas pu voir le jour en raison du décès de Tomatsu. Conçue avec l’aide de Moriyama et la veuve de Shomei Tomatsu, l’exposition reprend la sélection initiale des deux artistes, enrichie. Répartie sur les deux étages principaux de la Mep – chaque étage étant dédié à chacun des deux artistes – l’exposition chronologique présente plus de trois cents œuvres dont la plupart sont dévoilées pour la première fois à Paris. Devenu célèbre pour sa série Nagasaki 11 :02 (1960-1966), qui rend compte des dévastations causées par les bombes atomiques, Shomei Tomatsu vivait dans la capitale nippone depuis 1954. Dans un style brut, granuleux, avant-gardiste, il fera de la ville, de ses rues et ses habitants, la métaphore visuelle des mouvements et contradictions de la société. À l’instar de son mentor, Daido Moriyama contribuera à l’invention d’un langage photographique novateur, en saisissant les mutations de son pays, entre tradition et modernité. 

« Moriyama – Tomatsu : Tokyo », Maison Européenne de la Photographie, https://www.mep-fr.org/, jusqu’au 24 octobre 2021.

Daido Moriyama, Untitled, de la série « Pretty Woman », 2017 © Daido Moriyama, Photo Foundation. Courtesy of Akio, Nagasawa Gallery

Daido Moriyama, Untitled, de la série « Pretty Woman », 2017 © Daido Moriyama, Photo Foundation. Courtesy of Akio, Nagasawa Gallery

15. Arpenteurs photographes

Vagabonder sans destination précise, un carnet Moleskine d’une main, un appareil photographique de l’autre, telle est la démarche singulière des quinze membres du collectif Tendance Floue, et des seize autres photographes invités à les rejoindre. Caressées par leurs regards pluriels, leurs errances dessinent une géographie inédite, intime et bouleversante, empreinte d’une rare humanité.

« Azimut. Une marche photographique du collectif tendance floue », musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône, www.museeniepce.com, jusqu’au 19 septembre

Mat Jacob, GRÈVE! INSURRECTION! © Mat Jacob/Tendance Floue

Mat Jacob, GRÈVE! INSURRECTION! © Mat Jacob/Tendance Floue

16. Wang Bing, Chine machine

Je montre tout, et non des petits bouts collés les uns aux autres. » Au cinéma, Wang Bing met à exécution un projet fou : filmer la Chine en version intégrale. Né en 1967 dans la province du Shaanxi, formé à l’Académie du film de Pékin, il emprunte une voie radicale dès son premier (très) long-métrage, À l’ouest des rails, en 2002 : tourné en DV dans la ville-usine de Tie Xi, au nord-est de la Chine, il suit, neuf heures durant, l’agonie d’un complexe sidérurgique tentaculaire né sous l’occupation japonaise. Déjà, l’essentiel de son vocabulaire est en place : temps illimité, sujets anonymes, cadrage austère, montage sommaire… En vingt ans et presque autant de documentaires, Wang Bing, acclamé de Venise à Kassel, de Berlin à Locarno, aura plus qu’accompli son devoir de mémoire envers les oubliés du rêve économique : les enfants des montagnes (Les Trois Soeurs du Yunnan, 2012), les malades mentaux (À la folie, 2013), les travailleurs forcés (Argent amer, 2016), les rescapés des camps maoïstes (Les Âmes mortes, 2 018)… Bing ne rigole pas, et le monde non plus. Pour mieux capter son regard sans filtre, synthèse entre Frederick Wiseman et Claude Lanzmann, Le Bal scrute ses huit premières réalisations, là où s’impose, selon Diane Dufour, « sa présence obstinée sur les pas de l’Autre ».

« Wang Bing », Le Bal, Paris, www.le-bal.fr, jusqu’au 14 novembre

Père et fils, 2014, vidéogramme © Wang Bing / Galerie Paris-Beijing

Père et fils, 2014, vidéogramme © Wang Bing / Galerie Paris-Beijing

17. Le MAD côté clichés

Longtemps restées dans l’ombre, les collections du musée des Arts décoratifs (MAD) font l’objet, depuis quelques années, d’expositions qui révèlent leur inépuisable richesse. Après le dessin et le papier peint, l’institution se penche sur son fonds de photographies, soit trois cent cinquante mille phototypes. L’exposition dévoile quatre cents tirages originaux et négatifs : photographies de mode, de paysages, de décor et d’architecture, mais également documentaire, de presse et de publicité, des années 1840 jusqu’à nos jours. De grands noms y figurent, parmi lesquels Eugène Atget, Laure Albin- Guillot, Dora Kallmus (Madame d’Ora), Man Ray, Cecil Beaton, Robert Doisneau, Bettina Rheims ou David Seidner… Chronologique et thématique, cette exposition a entre autres mérites celui de rappeler le rôle majeur du medium au sein du musée des Arts décoratifs qui le considère, dès 1864, comme un « art appliqué à l’enseignement et à la vulgarisation ». En 1883, l’institution crée un laboratoire et incite les photographes à imaginer des modèles pour les ouvriers et les artisans. Témoin visuel du patrimoine à l’heure où s’organise la protection des monuments, la photographie est à l’affiche de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925. Elle s’invite dans la publicité qu’elle révolutionne, tandis que la presse la convoque, d’« Art & Décoration » à « L’Architecture d’aujourd’hui » et, dès 1952, « Connaissance des Arts ».

« Histoires de photographies. Collections du musée des Arts décoratifs », MAD,  www.madparis.fr, jusqu’au 12 septembre.

 Robert Doisneau* — Tour Eiffel  Exposition  «Six photographes  et Paris »  1965 Tirage gélatino-argentique © Robert Doisneau / Gamma Rapho Photo: © MAD Paris /  Christophe Dellière

Robert Doisneau* — Tour Eiffel Exposition «Six photographes et Paris » 1965 Tirage gélatino-argentique © Robert Doisneau / Gamma Rapho Photo: © MAD Paris / Christophe Dellière

18. Fake, mensonges et idéaux

De la Une du « New York Times » annonçant la fin de la guerre en Irak , créée de toutes pièces par les Yes Men, aux vidéos truquées de Bill Posters et Daniel Howe, qui montrent Kim Kardashian, Mark Zuckerberg ou Donald Trump débitant des absurdités, en passant par l’imprimante mythomane de Tsila Hassine et Carmel Barnea Brezner Jonas, émettant sur une bobine de papier thermique des vérités aussi douteuses qu’éphémères, une somme de canulars plastiques dénonce les dérives de la désinformation galopante.

« Fake News, art, fiction mensonge », Espace Fondation EDF, Paris, www.fondation.edf.com, jusqu’au 30 janvier 2022

ARAB SPRING #2, Karl Haendel, Crayon sur papier, 2013 © Sommer Contemporary Art, Tel Aviv

ARAB SPRING #2, Karl Haendel, Crayon sur papier, 2013 © Sommer Contemporary Art, Tel Aviv

19. Souriez !

C’est un pan oublié de l’histoire qui renaît ici : en 1919, la France fit appel à une main d’œuvre venue de l’Est (majoritairement de Pologne), pour participer à la reconstruction du Nord, région ravagée durant la Première Guerre. Demeurée très soudée, la communauté polonaise, dont des membres restèrent en France après les années 1930, peut revivre à travers les photographies de studio, réalisées avec un métier abordé très librement et une grande acuité humaniste par Kasimir Zgorecki (19041980), actif entre 1924 et 1957.

« Studio Zgorecki », Jeu de paume/château de Tours, Tours, chateau.tours.fr, jusqu’au 31 octobre

Kasimir Zgorecki, Sans titre, sans date © Kasimir Zgorecki

Kasimir Zgorecki, Sans titre, sans date © Kasimir Zgorecki

20. Histoire du portrait

Cette exposition consacrée au portrait photographique depuis 1840 se double d’un hommage à Christian Courrèges (1950-2017), qui a étudié des groupes d’individus reconnaissables à un attribut ou un uniforme, comme les prélats, les magistrats ou les détenus des Baumettes.

« Nous ! L’apparence de la vérité », La Chapelle, Clairefontaine-en-Yvelines, jusqu’au 5 septembre.

Tomas Van Houtryve,  Nathan Alexander Steiner and Green River, 2017 Lines and Lineage Diptyque tirage argentique Image : 43 x 33 cm (x2) édition N° 1/15 Signé et numéroté N° Inv. BL47076 Credit : Nathan Alexander Steiner and Green River, 2017© Tomas VAN HOUTRYVE courtesy baudoin

Tomas Van Houtryve, Nathan Alexander Steiner and Green River, 2017 Lines and Lineage Diptyque tirage argentique Image : 43 x 33 cm (x2) édition N° 1/15 Signé et numéroté N° Inv. BL47076 Credit : Nathan Alexander Steiner and Green River, 2017© Tomas VAN HOUTRYVE courtesy baudoin

21. Regards vers l’Asie

Connu entre autres pour ses photographies, fruits de ses nombreux voyages en Asie et notamment en Chine, Marc Riboud (1923-2016), témoin d’un XXème siècle troublé, a construit son œuvre autour de valeurs humanistes et tolérantes. Le Musée national des arts asiatiques-Guimet propose ici une première grande rétrospective de l’artiste, ce dernier lui ayant légué l’ensemble de son œuvre.

« Marc Riboud. Histoires possibles », Musée national des arts asiatiques – Guimet, https://www.guimet.fr/, jusqu’au 06 septembre 2021.

Marc Riboud, La jeune fille a la fleur - Washington 1967 © Fonds Marc Riboud au MNAAG

Marc Riboud, La jeune fille a la fleur – Washington 1967 © Fonds Marc Riboud au MNAAG

 

22. Arles, entre émergences et relectures

2020 n’a pas vu naître la 51e édition des Rencontres d’Arles. La  52e édition est un juste équilibre entre des expositions phares qui n’ont pu voir le jour l’année dernière et de nouvelles propositions. Nommé en septembre 2020 à la tête du festival, Christoph Wiesner a mis au point une programmation « illustrant la diversité des regards, la polyphonie des récits, symbolisant la survivance à travers l’image des espoirs et des prises de conscience ». Les onze projets sélectionnés du Prix Découverte Louis Roederer  sont réunis dans un nouveau concept scénographique. L’exposition « Puisqu’il fallait tout repenser » présente la scène latino-américaine à travers les pratiques féministes ; le projet « The New Black Vanguard » célèbre la représentation du corps noir à la croisée des disciplines entre art, mode et culture ; « Être présent » rassemble cent portraits en buste réalisés par Pieter Hugo depuis le début des années 2000… Les Rencontres sont aussi l’occasion de retours sur l’histoire du medium et de ses actrices : une rétrospective inédite Sabine Weiss rend compte de l’œuvre de la dernière représentante de l’école humaniste française ; l’ouverture des archives de Charlotte Perriand permet de découvrir que photographie et photomontage ont joué un rôle décisif dans son processus créatif, et celles de l’ancienne Compagnie internationale des wagons-lits de ressusciter un train mythique : l’Orient-Express.

Rencontres d’Arles 2021, 04 90 96 76 06, www.rencontres-arles.com du 4 juillet au 26 septembre.

Charlotte Perriand, Fernand Léger, Photomontage pour le pavillon du ministère de l'Agriculture, Exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne, Paris, 1937. Panneau de droite de l'entrée, La France industrielle. Restitution contemporaine des couleurs de l'époque © Archives Charlotte Perriand

Charlotte Perriand, Fernand Léger, Photomontage pour le pavillon du ministère de l’Agriculture, Exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne, Paris, 1937. Panneau de droite de l’entrée, La France industrielle. Restitution contemporaine des couleurs de l’époque © Archives Charlotte Perriand

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