Une tranche de mortadelle tombe par terre, et c’est toute la magie de la cité des Médicis qui s’évapore. Eike Schmidt, directeur du musée des Offices, le plus prestigieux de Florence, souhaite que sa ville d’adoption reste immaculée. C’est pourquoi il s’est attaqué aux commerçants vendant des sandwichs, coupables selon lui de la dégradation des précieux pavés du centre historique. Pour remédier à ce problème, l’homme a élaboré une étonnante proposition, relayée par le quotidien turinois La Stampa :
Il serait juste d’introduire une taxe supplémentaire pour les magasins de ‘street food’. En somme, ceux qui n’offrent pas à leurs clients des tables, les obligeant ainsi à manger dans la rue.”
Ras-le-bol de nettoyer le ketchup
Une mauvaise habitude, selon le sulfureux directeur d’origine allemande (figure bien connue à Florence), qui explique dans le détail les dommages causés par les chutes de prosciutto ou de pecorino sur le sol florentin :
L’huile des sandwichs et le ketchup sont très mauvais pour la ‘pietra serena’ [le pavé typique du centre de la ville]. Nous devons nettoyer immédiatement, sinon ces produits s’imprègnent dans la pierre et la ‘tachent’.”
“C’est une idée absurde”
Et puisqu’il est impossible d’interdire aux touristes de croquer dans leurs paninis avant d’aller admirer les œuvres de Michel-Ange ou de Léonard de Vinci, Eike Schmidt propose une solution de remplacement : taxer davantage les commerçants qui ne proposent pas de restauration sur place. “L’argent serait ensuite utilisé pour nettoyer la ville”, conclut le directeur des Offices, qui n’a pas tardé à recevoir une salve de critiques pour ses propositions.
“C’est une idée absurde, encore plus dans un moment délicat comme celui-ci”, fustige Paolo Gori, dont les déclarations sont reprises dans les colonnes de La Stampa. Selon le président de Confartigianato Imprese Firenze, une association locale de commerçants, “les entreprises de la ville sont déjà soumises à des taxes importantes et elles sont à peine en train de se relever de la crise causée par la pandémie”. Pour l’homme, il n’existe qu’une solution viable : “Augmenter les contrôles et les amendes pour ceux qui ne respectent pas les règles.”
Voilà qui serait une tâche ingrate pour les policiers florentins, rétrogradés au rang de “chasseurs de charcuterie”.
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Créée en 1895, La Stampa est à la fois le principal journal de Turin et un des quotidiens les plus vendus du pays. D’orientation libérale, ce média se situe plutôt au centre de l’échiquier politique. On trouve dans ses colonnes à la fois des analyses et des reportages de très bonne facture.