Lalla fatma N'Soumer, la résistante kabyle

Lalla Fatma N'Soumer, la première résistante à l'occupation algérienne
Lalla Fatma N'Soumer, la première résistante à l'occupation algérienne
Lalla Fatma N'Soumer, la résistante algérienne - #CulturePrime
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Lalla fatma N'Soumer, la résistante kabyle

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Les féministes algériennes d'aujourd'hui s'en disent héritières et son nom, Lalla Fatma N'Soumer, est repris dans les manifestations qui secouent l'Algérie depuis plus d'un an. Résistante, cheffe de guerre, prophétesse, voici l’histoire de la femme kabyle qui a combattu l'occupation française.

Lalla Fatma N'Soumer naît en 1830 la même année que le début de l’occupation en Algérie. Elle grandit à Ouerdja dans une puissante famille kabyle.

Elle venait d’une famille de lettrés qui était très versée dans les études religieuses, et elle-même en a bénéficié. Ce qui, bien sûr, à l’époque, était extrêmement rare pour les femmes. Elle a refusé un mariage endogame, avec son cousin en se réfugiant derrière la religion, en se réfugiant dans une attitude quasi mystique.                      
Feriel Lalami Fates, politologue, spécialiste de l'Algérie

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Cultures Monde
58 min

Depuis son enfance, la résistance à l’occupation s’organise. Elle n’a même pas 20 ans quand elle décide de se joindre aux combats.

Elle et son frère se sont associés aux résistants et elle a reçu l’aval de sa tribu qui se réunissait en conseil, en assemblée, et qui lui a donné carte blanche pour mener la lutte. Ce qui est tout à fait exceptionnel pour une femme.                      
Feriel Lalami Fates, politologue, spécialiste de l'Algérie

En 1854, à la mort du Chérif Boubaghla, chef de la résistance kabyle, elle prend sa succession et dirige la résistance. Sous son commandement, l’insurrection inflige de lourdes pertes à l’armée française et ses victoires au village Soumer lui donneront son nom.

Vu son aura, des combattants pensaient même qu’elle leur apportait sa bénédiction. Ils venaient renforcés de ses encouragements, de sa présence physique et de la bénédiction divine qu’elle leur apportait.                      
Feriel Lalami Fates, politologue, spécialiste de l'Algérie

Les Français eux-mêmes s’étonnent de cette aura :

La sainteté de la prophétesse est universellement connue (...) elle sait (...) conjurer tous les périls, et peut, s'il lui plaît, faire reculer l'invasion française !                      
Émile Carrey, 1857

Illustration de Lalla Fatma N'Soumer au combat
Illustration de Lalla Fatma N'Soumer au combat

En 1857, l’armée française conquiert la Kabylie du Djurdjura, Lalla Fatma N’Soumer est emprisonnée. Voici le récit de sa capture :

Soutenue par son rang, exaltée par le danger, armée de toutes ses armes de femme, elle s'est jetée devant l'ennemi, comme un pontife pour sauver son peuple. Émile Carrey, 1857

On sait qu’elle a été capturée au combat et qu’elle va rester emprisonnée pendant six années. Ce qu’on peut supposer, vu l’âge de sa mort [ à 33 ans en prison ], c’est qu’elle s’est étiolée dans la détention.                      
Feriel Lalami Fates, politologue, spécialiste de l'Algérie

Elle est célébrée dans quelques chants traditionnels berbères, mais tombe dans l’oubli jusqu’à la fin du XXe siècle et jusqu'à sa réhabilitation par des féministes algériennes, qui depuis quelques années revendiquent son héritage.

Les féministes algériennes vont la rendre à nouveau présente dans l’histoire de l’Algérie, et c’est grâce à ce travail-là qu’en 1995, ses restes vont être transportés dans le cimetière des héros nationaux de l’Algérie qui est El Alia.                      
Feriel Lalami Fates, politologue, spécialiste de l'Algérie