Il aura fallu aux pompiers “47 heures d’efforts pour maîtriser complètement les flammes”, relate le site d’information bangladais Dhaka Tribune. Ce samedi 10 juillet, on comptait au moins “52 morts et plus de 50 blessés” dans l’incendie de l’usine d’alimentation Hashem Food, près de Dacca, dans la province de Narayanganj. Située dans la ville de Rupganj, cette usine contenait “une énorme quantité de polyéthylène inflammable, de ghee [beurre clarifié, produit répandu dans la gastronomie indienne] et d’autres produits qui ont rendu difficile la maîtrise de l’incendie”, précise le Daily Star, citant le chef-adjoint des pompiers, Debashish Bardhan.

Les services de secours ont trouvé 49 corps au quatrième étage de l’immeuble, dont la porte d’accès était fermée à clé. Le quotidien bangladais précise que certaines victimes prises au piège ont “sauté du toît du bâtiment”. Les images du sinistre ont été relayées par de nombreux médias internationaux, comme ici, par la chaîne Al-Jazeera English :

Des enfants “âgés de 10 à 15 ans”

Cet incendie meurtrier a également “mis au jour le travail des enfants dans l’usine”, pointe Dhaka Tribune, précisant que “pas moins de 45 employés sont toujours portés disparus, parmi lesquels 33 femmes et enfants de tous âges, d’après la police”. Et le titre de poursuivre :

Une enfant exploitée, qui avait fini son service avant le début de l’incendie, a été aperçue en train de chercher sa collègue sur le site. Elle a affirmé que la plupart des employés de l’usine étaient des enfants âgés de 10 à 15 ans, et des femmes.”

Interrogé par le journal, Shahan Shah Azad, le propriétaire du groupe Sajeeb – auquel appartient l’usine – a démenti l’information : “Nous n’employons aucun enfant, a-t-il déclaré, mais si certains employés ont menti sur leur âge, nous n’y pouvons rien.”

Ce samedi 10 juillet, le ministre de l’Intérieur du Bangladesh, Khan Kamal, a toutefois annoncé l’arrestation du propriétaire de l’usine, ainsi que de plusieurs directeurs et responsables, parmi lesquels le directeur général Abul Hashem et quatre de ses fils. Les autorités s’engagent à “prendre des mesures rapides” si l’enquête prouve des négligences.

“Le cauchemar réccurent du Bangladesh”

Le Bangladesh est “le deuxième plus grand exportateur de vêtements au monde après la Chine”, rappelle Dhaka Tribune dans un autre article, et le pays “a un lourd passif en termes de désastres industriels et d’abus, notamment des incendies dans lesquels des employés se retrouvent bloqués derrière des portes fermées”. Après l’effondrement du Rana Plaza en 2013, dans lequel 1315 ouvriers du prêt-à-porter ont perdu la vie, les autorités avaient “promis de meilleures mesures de sécurité”.

Pourtant, les sinistres dans les usines sont “le cauchemar récurrent du Bangladesh”, fait valoir le journal, et “bien que chacune de ces tragédies ait provoqué un tollé général, des conditions de travail dans les usines textiles sont restées en grande partie inchangées”. Ces deux dernières décennies, au moins 2000 employés ont péri dans 26 incendies dans des usines bangladaises, d’après l’Organisation internationale du travail (OIT).