Sean Penn : « Les antivaccins nous entraînent vers la fin du monde »

En compétition à Cannes avec son 6e long-métrage, « Flag Day », projeté ce 10 juillet sur la Croisette, l’acteur-réalisateur ne perd rien de son franc-parler.

Par

L'acteur s'est engagé dans la lutte contre le Covid-19 via sa fondation CORE. 
L'acteur s'est engagé dans la lutte contre le Covid-19 via sa fondation CORE.  © KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Temps de lecture : 4 min

C’est l’heure du match retour pour Sean Penn. Six ans après la catastrophique destinée, en compétition à Cannes, du mélo The Last Face, son avant-dernier film, l’acteur réalisateur le plus militant de Hollywood revient sur la Croisette avec Flag Day (littéralement : le jour du drapeau). Une aventure à haut risque pour le cinéaste doué de Crossing Guard, The Pledge ou encore Into The Wild, puisque, pour la première fois, il se dirige lui-même, ainsi que Dylan (30 ans) et Hopper (27 ans), ses deux enfants conçus avec son ex-épouse Robin Wright.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Adapté d’une histoire vraie, le récit suit la relation complexe et torturée entre John Vogel (incarné par Sean Penn), faussaire et faux-monnayeur de grand chemin dans l’Amérique des années 1970 et 1980, et sa fille Jennifer (Dylan Penn), journaliste à Minneapolis qui a mené l’enquête sur son père et en tira un livre en 2005. Ouf, on respire pour le clan : ce sixième long-métrage est une bonne surprise. Penn renoue avec la veine mélancolique, kerouacquienne et contestataire de deux de ses meilleures œuvres, The Indian Runner et Into the Wild : la barre est donc nettement redressée depuis The Last Face, qui avait valu à son auteur de généreuses rasades de sifflets – et de cuisantes critiques – à l’issue de sa projection. Une déculottée à vous faire perdre la face…

« Je ne reviens pas dans un esprit de revanche »

Ce samedi soir, au Grand Théâtre Lumière, le générique de fin de Flag Day a suscité de plus chaleureuses réactions et même une petite standing-ovation pour les Penn. C’est d’ailleurs un Sean étonnamment détendu que nous avons rencontré, quelques heures avant la projection, dans le salon d’un palace cannois. Arrivé la veille depuis Los Angeles avec Dylan, celui qui fêtera ses 61 ans le 17 août prochain jure ne pas garder rancune envers le Festival pour la bronca qui avait visé son précédent film : « Oui, j’aime toujours Cannes ! Se faire massacrer à Cannes, ça fait partie de la légende et il faut accepter le jeu. Il faut l’avoir vécu pour comprendre vraiment ce que ça fait et je peux vous dire que j’ai compris ! Mais je ne reviens pas du tout avec Flag Day dans un esprit de revanche. Je pense juste au moment génial où je vais monter les marches avec cette merveilleuse personne là-bas [il montre du doigt Dylan, en train de donner une interview à l’autre bout du salon où nous nous trouvons], où je vais profiter avec elle de son incroyable performance sur un écran géant. C’est toujours un immense privilège de croiser tant de réalisateurs internationaux, voir des films d’auteur projetés sur un grand écran, le support pour lequel ils ont été pensés. Cannes est le pinacle de l’endroit où partager son film avec le monde. »

Ne pas se faire vacciner contre le coronavirus, c’est ouvrir la porte à des variants encore plus graveSean Penn

Nostalgique d’une ère où Hollywood accordait une place plus généreuse aux réalisateurs-auteurs, Sean Penn partage sans réserve les propos tenus cette semaine à la radio de service public américaine NPR par Barry Diller, ex-patron des studios 20th Century Fox et Paramount, qui affirmait la mort imminente de l’industrie du cinéma, sous les assauts des services de streaming : « Oui, l’industrie du cinéma telle qu’on l’a connue est morte, je suis entièrement d’accord avec Barry Diller. J’entends les voix qui affirment que, grâce aux plateformes de streaming, le public a accès à infiniment plus de contenus et que bien davantage de voix peuvent s’exprimer : je vais quand même m’autoriser à porter le deuil du cinéma tout en rêvant que, de temps à autre, ici et là, une exception viendra contredire Barry. Mais dans les grandes largeurs, il a raison. »

À LIRE AUSSI Hollywood : l’interminable scénario catastrophe du Covid-19

« On dirait que certains veulent vraiment rencontrer leur créateur ! »

Actif dans la lutte contre le Covid-19 au États-Unis à travers sa fondation CORE, qui a mis en place à l’automne dernier un programme de dépistage gratuit pour les plus défavorisés, l’acteur engagé ne décolère par ailleurs pas contre les antivaccins : « Je fais partie des Américains qui croient en la science et font confiance dans les vaccins. Je comprends le processus psychologique des gens qui restent toujours sceptiques à l’idée qu’on injecte quelque chose dans leur corps : c’est leur droit. Mais en même temps, aux États-Unis, des digues ont cédé en partie à cause des croyants évangélistes, qui vivent déjà dans leur petit conte de fées et ne cessent d’encourager ce scepticisme. Leur attitude autosatisfaite va finir par rendre malade tout le monde. Tant que toutes ces personnes refusent de se faire vacciner, elles nous font courir le risque de voir arriver un variant encore plus dangereux que le Delta et qui pourrait tuer 10 millions de personnes par jour dans le monde, quel que soit le vaccin. En refusant de se faire vacciner, ces gens nous entraînent vraiment vers la fin du monde. On dirait que certains veulent vraiment rencontrer leur créateur ! »

Sean Penn n’a jamais vraiment été réputé pour son optimisme contagieux, mais concernant le coronavirus, on peut dire qu’il s’est surpassé. Réjouissons-nous plutôt de son retour en grande forme – artistiquement du moins – avec Flag Day, que le public français pourra découvrir en salle le 22 septembre.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (37)

  • aimrigoler

    De l’égoïsme de ces personnes imbues de leurs droits, de leurs soi disant liberté, qui entravent la liberté des autres.
    Les droits ne viennent pas sans devoirs, la liberté vous l'avez jusqu'au moment ou vous enfreignez la mienne et celle de la société en general.

  • Charles de Schwarzach

    L’article a raison. Regardons Penn comme ce pourquoi il est doué : la comédie. Pour le reste, il ne montera aucune marche nulle part...

  • vikingralou

    Il y a toujours des opposants, sont ils téléguidés par des forces souterraines, ont toujours de bonnes raisons pour ne pas se faire vacciner ! Des plus cocasses à la plus ancrée ! J’ai travaillé chez un Témoin de Jehovah qui refusait pour sa famille de onze enfants toute transfusion et toute vaccination ! Dieu y pourvoira ! Témoin de quoi ? Les mêmes sont venus chez moi m’annoncer la fin du monde au passage de l’an deux mille ! Que faire contre l’obscurantisme ? Passer en force !