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Surpopulation : ils ne veulent pas d'enfant pour préserver la planète

Alors que la population mondiale dépasse les 7,8 milliards d'individus, certains Français ont décidé de ne pas avoir d'enfants pour ménager l'environnement. Un choix radical sur fond de prise de conscience du réchauffement climatique et d'angoisse pour l'avenir.

Une nouveau-né dans une maternité parisienne, le 17 novembre 2020.
Une nouveau-né dans une maternité parisienne, le 17 novembre 2020. © AFP (archives)
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"Avoir un enfant serait en total désaccord avec mes idées. Je n'en ai jamais voulu et plus le temps passe, plus ça se confirme", confie Manon, 26 ans, à France 24. "Je ne vois pas l'intérêt d'imposer au monde un surconsommateur de plus. Nous, Occidentaux, consommons déjà au-delà des ressources disponibles", poursuit la jeune femme. Comme Manon, de plus en plus de jeunes en âge de procréer ont décidé de ne pas faire d'enfants par engagement pour ménager la planète.

Sur les réseaux, ils se disent "childfree" ou "ginks", contraction de l'anglais pour "green inclinations, no kids" et ils revendiquent leur refus d'avoir des enfants. Des convictions réitérées en vue de la Journée mondiale de la population, célébrée dimanche 11 juillet, issue de la Journée des cinq milliards, célébrée le 11 juillet 1987 dans le but d'attirer l'attention sur l'urgence des questions de démographie.

"Je n'ai aucunement envie de larguer un môme sur cette planète", explique ainsi la youtubeuse Anna Bogen, suivie par plus de 15 000 abonnés dans une vidéo à succès. "Quand elle arrivera au bout de ses ressources, moi je serai à six pieds sous terre. Mais si j'ai un enfant, lui et sa descendance auront à vivre avec. Je n'ai pas envie d'infliger ça à quelqu'un." Denis Garnier, président de Démographie Responsable, une association fondée en 2009 pour promouvoir une baisse de la natalité, constate qu'en dix ans, le thème de la non-procréation a fait son chemin. "Les jeunes sont plus au fait, grâce à la publication d'études sur le réchauffement climatique et l'émergence des questions d'atteintes à la biodiversité dans le débat public", raconte-t-il.

Sur le site de l'association, un compteur affiche en temps réel le nombre d'êtres humains sur Terre. Les chiffres défilent. "Nous sommes à peu près 7,8 milliards, c'est déjà trop nombreux. Nous devrions dépasser la barre des 8 milliards d'ici 2022 ou 2023", rappelle Denis Garnier, préoccupé par le rythme de la croissance démographique en cette Journée mondiale de la population.

"Un enfant de moins, c'est 40 tonnes de carbone par an de gagné"

"La surpopulation a de lourdes conséquences écologiques. Le calcul est assez simple, plus on est nombreux, plus on émet de CO2, plus le changement climatique s'aggrave", s'alarme Jean-Loup Bertaux, directeur de recherche émérite au CNRS et auteur de "Démographie, climat, migrations : l'état d'urgence" (Fauves Editions). "En France, un enfant de moins c'est 40 tonnes de carbone par an de gagné. En comparaison, passer à la voiture électrique, c'est 2 tonnes économisées". Et le scientifique de rappeler que le "jour du dépassement" mondial, calculé à partir de l'empreinte écologique des activités humaines et la "biocapacité" de la Terre, a été atteint le 22 août en 2020. D'après cet indice, calculé par l'ONG américaine Global Footprint Network, l'humanité consomme au-delà de cette date, plus de ressources naturelles que la Terre peut renouveler en douze mois.

Dans les vidéos en ligne et les commentaires, les discours des "childfree" sont marqués par cette angoisse, mais aussi la défiance vis-à-vis de la génération précédente. "Je n'ai jamais eu d'adulte sans enfant dans mon entourage. Pour moi, avoir des enfants c'était un truc obligatoire, comme se lever pour aller à l'école le matin (...) mais on doit se poser la question du monde qu'on laisse à nos enfants. Je ne sais pas si j'ai envie de leur laisser un monde pareil", affirme Clémence, 27 ans, autre Youtubeuse à succès.

"On a de la chance de pouvoir maîtriser sa grossesse"

Manon confirme, le sujet est difficile à aborder avec ses parents, même si elle a été élevée dans une famille "où l'on faisait attention à la planète". "Quand on en parle, ils ne comprennent vraiment pas. Pour eux, avoir un travail, se marier, faire des enfants, cela fait partie du sens de la vie. Ma position les dépasse complètement donc on ne s'étend pas sur le sujet." Une décision d'autant plus difficile à faire accepter qu'elle est une femme, juge Manon. "‘'Tu changeras d'avis, tu es encore jeune', 'Tu verras avec l'instinct maternel'... Je ne sais pas si un homme recevrait le même genre de remarque que moi", s'interroge la jeune femme. "On a de la chance de pouvoir maîtriser sa grossesse aujourd'hui en France. Ça n'est pas le cas pour les femmes partout dans le monde. Pour certaines, avoir un enfant ou pas, ça ne relève pas du choix."

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