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Serge Latouche : "Sortir de l’agriculture productiviste est la seule solution à long terme"
Serge Latouche est l'auteur de "l’Abondance frugale comme art de vivre".
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Serge Latouche : "Sortir de l’agriculture productiviste est la seule solution à long terme"

Produire autrement

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Une société plus soutenable écologiquement est-elle compatible avec la gastronomie, entendue comme l’art de bien manger ? C’est en tout cas la thèse que défend l’économiste décroissant Serge Latouche, dans « l’Abondance frugale comme art de vivre » (Rivages).

Marianne : En quoi la gastronomie est-elle une question politique ?

Serge Latouche : Dans Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante (1825), Jean Anthelme Brillat-Savarin explique très justement que la gastronomie touche à tout : à l’agriculture, à l’économie, à la médecine, etc. C’est un élément essentiel de l’art de vivre.

Comment êtes-vous arrivé à réfléchir sur la gastronomie ?

Ma rencontre avec Carlo Petrini, journaliste italien, critique gastronomique et fondateur de l’association Slow Food(« restauration lente »), a été déterminante. Le slow food, antithèse du fast-food, est un art de vivre et de bien manger des produits sains. Malheureusement, c’est pratiquement impossible à l’heure actuelle, tant notre mode de vie favorise la malbouffe, aux saveurs moindres. Et cela ne va pas s’arranger.

Les producteurs n’ont aujourd’hui même plus l’obligation d’indiquer d’où proviennent leurs produits. La traçabilité est pourtant une condition essentielle pour une nourriture saine.

Dans le même temps, les agriculteurs connaissent de plus en plus de difficultés économiques, parce que les prix auxquels nous payons leurs produits ne leur permettent pas de survivre. C’est encore plus vrai pour les importations en provenance des pays du Sud – comme le café, le cacao, le coton –, qui font l’objet de spéculation. Voilà pourquoi le slow food est le volet alimentaire, culinaire et gastronomique de la décroissance.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne