C’est un message inquiétant, apparu dans la nuit, sur une banderole dépliée sur un pont d’une des artères principales de la capitale italienne : “Hysaj, tu es un ver de terre, la Lazio est fasciste”. Depuis deux jours, Elseid Hysaj, défenseur albanais de la Lazio de Rome, fait l’objet d’insultes et de menaces de la part de ses propres supporters. Ce que lui reprochent certains ultras extrémistes, ce n’est pas une erreur de jeu (récemment transféré du Napoli, l’homme n’a pas encore disputé de rencontres officielles avec son nouveau club), mais d’avoir chanté une chanson. Une affaire surréelle, dont La Gazzetta dello Sport détaille les contours.

“Le joueur est dans le viseur de nombreux supporters de la Lazio, car il a entonné Bella Ciao lors d’un dîner avec ses coéquipiers”, explique le quotidien sportif, qui souligne que ce chant est associé habituellement à la Résistance, et, par extension, à la gauche italienne. Or il est notoire que les ultras de la Lazio ne penchent pas de ce côté, mais sont au contraire célèbres dans toute la Botte pour leurs idées d’extrême droite.

Racisme et antisémitisme

La publication de la vidéo de Hysaj a donné vie à un déluge d’insultes de la part de supporters du club de la ville de Rome (même si certains l’ont défendu), et l’affaire ne s’est pas limitée à un règlement de comptes sur la Toile. Selon le Corriere dello Sport, des ultras de la Lazio se seraient “rendus au restaurant où était réunie l’équipe pour parler avec le joueur. Mais puisque celle-ci avait déjà quitté l’endroit, ils sont allés directement à l’hôtel où se trouvait l’équipe.” Après un échange avec les dirigeants, la question semblait être résolue, mais l’apparition dans la nuit d’une banderole à charge contre le joueur dans les rues de la capitale a donné un nouveau souffle à cette affaire.

Certaines franges des ultras de la Lazio sont familières des épisodes de ce genre. Avec leurs insultes en tout genre vis-à-vis des joueurs noirs et autres banderoles racistes, ils ont une réputation particulièrement sulfureuse dans le monde du ballon rond transalpin. Un racisme qui glisse parfois également vers l’antisémitisme, comme en 2017, lorsque certains supporters de l’équipe avaient distribué dans la ville des images d’Anne Frank habillée avec le maillot de l’AS Roma, l’équipe rivale de la capitale.