La blanchisserie d’un hôpital ressemble à un vaste ballet de pyjamas, tenues d’infirmiers et blouses de chirurgiens sales, de draps souillés de sang, de sueur ou de vomi. À travers ces tissus, “on naît et on meurt, on tombe malade et on guérit, on rit et on pleure. Bref, il peut y avoir de la poésie”, suppose El País, journal le plus lu d’Espagne.
Ce quotidien hospitalier, Begoña M. Rueda, une Andalouse âgée de 29 ans, le raconte en vers dans le recueil de poèmes Servicio de Lavandería [Service de blanchisserie, en cours de publication, non traduit en français].
Comme l’indique El País, l’œuvre a remporté le prestigieux prix Hiperión 2021, qui récompense la jeune poésie en Espagne. Une consécration pour l’ancienne étudiante en philologie à l’université de Jaén, dans le sud de l’Espagne.
“Rueda a commencé à écrire son recueil en 2019, avant la pandémie, mais lorsque le virus est arrivé, il est devenu impossible de passer outre dans ses poèmes. Le recueil raconte la peur face à une menace inconnue, le manque de ressources au premier stade de la catastrophe, l’hôpital en crise, les minutes de silence en hommage aux collègues morts”, relate le quotidien de centre gauche.
Ses vers dénoncent aussi “la discrimination de classe dans le monde de la poésie”, celui des gens qui ne comprennent pas pourquoi, malgré son “intelligence” et “la qualité de [son] écriture”, elle continue de laver et repasser du linge médical.
“Star Wars” et femme réincarnée
“La poésie est un travail, mais il est sous-évalué et, surtout, peu rémunérateur”, explique El País. La poétesse ajoute :
Il m’a toujours semblé que la poésie devait rendre visible la classe ouvrière… Et, à ma connaissance, il n’existe aucun recueil de poésie sur ce métier.”
Avec Servicio de Lavandería, Begoña M. Rueda n’en est pas à son coup d’essai poétique. Depuis 2016, elle a publié sept ouvrages, et tous ont remporté un prix, assure le quotidien. Elle partage son actualité littéraire sur son blog, El Arpa de Nerón [“La Harpe de Néron”].
Ses poèmes abordent des thèmes très variés. Avec Princesa Leia [“Princesse Leia”, 2016, non traduit en français], par exemple, elle se consacre à l’espace et à la science-fiction, en s’inspirant de Star Wars. Dans Reencarnación [“Réincarnation”, 2019, non traduit en français], elle raconte le parcours d’une femme qui se réincarne à divers moments de l’histoire.
Fondé en 1976, six mois après la mort de Franco, “Le Pays” est le journal le plus lu en Espagne. Quotidien de centre gauche, il appartient au groupe éditorial espagnol Prisa.
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