Perché dans les hauteurs de son jardin, Freddy Smirou, le président de l’Association Culturelle Israélite de la Dracénie et ses Amis (ACIDA) lance: "J’aurais préféré que vous veniez me voir pour me parler de sport!"Invité à s’exprimer sur l’utilisation de l’étoile jaune par certains manifestants anti pass sanitaire, lors des défilés à Draguignan, l’ancien footballeur de 82 ans est concis sur le sujet: "En trois mots, je suis écœuré!"
"Ce sont nos martyrs"
La semaine dernière, un peu plus d’une quinzaine d’opposants aux nouvelles restrictions, parmi les trois cents manifestants, s’étaient apposés une étoile jaune barrée des mots "non vacciné" sur la poitrine.
Une référence à l’étoile jaune imposée pour identifier les juifs d’Europe durant la seconde guerre mondiale. "Même une seule personne qui la détourne de cette manière c’est trop, réagit Freddy Smirou. Se rendent-ils seulement compte de ce qu’était la situation pour les juifs dans les années 40? Ce sont deux choses incomparables!" Tout à côté de lui, Roselyne, son épouse, est "en colère" face à la réappropriation de ce triste symbole.
Originaire d’Alsace, la famille de Pierre a connu les lois de l’antisémites de la France occupée. À l’époque, une partie d’entre elle a trouvé refuge dans l’Aveyron. Les autres "sont morts dans des camps comme Struthof (Alsace), Dachau (Allemagne) ou même Auschwitz (Pologne)".Une histoire "dont maman n’aimait pas parler car elle disait que ça dépassait l’imagination. Et que l’imagination devait servir à de belles choses." Il trouve "abject" le détournement du bout de tissu. "Je suis heureux que mes parents ne soient plus en vie pour voir ça!", s’énerve l’homme de 76 ans. Avant de lâcher, dans un soupir au bout du combiné, "ce sont nos martyrs."
Un amalgame déplacé
L’émoi a traversé la petite communauté juive de Draguignan face aux images de ces manifestants déguisés. Son président, Sion Sitruk, se désole: "C’est odieux, et hors de contexte. L’étoile jaune était destinée à stigmatiser une frange de la population vouée à aller mourir dans les camps de concentration."Pour le pédiatre à la retraite, ce type de comparaison est "hors contexte et impensable. C’est un amalgame déplacé." Faut-il alors parler d’un défaut d’éducation autour de la Shoah (le mot en hébreu utilisé pour désigner l’extermination des juifs par l’Allemagne nazi pendant la guerre, Ndlr)?Pour le président de la communauté juive de Draguignan la réponse est claire: "On fait déjà énormément sur l’éducation à ce sujet. Malheureusement, il n’y a pas plus malentendant que celui qui ne veut pas entendre."
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