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Mort de l'humoriste Jean-Yves Lafesse à l'âge de 64 ans

L'humoriste Jean-Yves Lafesse est mort à l'âge de 64 ans. C'est sa famille qui l'a annoncé ce vendredi à l'AFP.

L'humoriste Jean-Yves Lafesse est mort jeudi à Vannes à l'âge de 64 ans, a annoncé vendredi sa famille à l'AFP. Né Jean-Yves Lambert à Pontivy (Morbihan) en 1957, ce précurseur des gags par caméra cachée et des canulars téléphoniques souffrait de la maladie de Charcot, diagnostiquée il y a un an, a-t-on indiqué de même source, ajoutant que "son état s'était brutalement dégradé dans les dernières 24 heures". Selon un proche de l'humoriste, il s'était engagé dans une association réunissant des personnes atteintes de cette maladie neurodégénérative.

Jean-Yves Lafesse avait débuté à la radio dans les années 1980, au moment de l'éclosion des radios libres. Repéré par les télévisions publiques comme privées, sa carrière était lancée quelques années plus tard. Il exercera ses talents d'improvisation dans de très nombreux médias, y compris en Suisse. Europe 1 le recrutera en 1985, puis Canal+. Grâce à cette dernière, il connaît une belle notoriété en devenant l'un des trublions de Nulle part ailleurs, émission culte qui repoussait toujours plus loin les limites de l'humour.

Entre absurde et potache

Entre scatologie, allusions sexuelles à peine voilées et moqueries grossières de personnes qui ne lui avaient rien demandé, certaines de ses séquences pouvaient mettre le téléspectateur mal à l'aise. Il ne s'en souciait pas, tant qu'il y en avait d'autres pour s'esclaffer. Et venir en plateau faire étalage de sa répartie, très peu pour lui: il préférait les tournages dans les rues piétonnes des villes moyennes.

Il aimait y flirter avec la vulgarité, comme le laisse penser son nom de scène, "trouvé un soir de bringue" comme il le disait à Libération en 2000. Journal auquel il confiait avoir été renvoyé du collège en mai 1968 pour avoir crié "Mort à de Gaulle!".

L'absurde et la déconne deviennent sa vocation très jeune, lui qui n'a pas la fibre scolaire et qui a commencé par bourlinguer. Il entreprend tout de même des études en Angleterre, où son esprit frondeur n'est pas toujours bien perçu.

Les années "Radio carotte"

"J'étais punk en Angleterre en 76, au tout début (...) Je chantais dans un groupe de copains, on allait aux terrasses des cafés, et on improvisait en fait. J'improvisais les paroles sur ce que je voyais. Ce qui nous a valu quelques fuites précipitées", confiait-il à L'Express en 2009.

Il suit les cours d'une école de cinéma à Paris à partir de 1978. Mais il est refroidi par la dureté de ce milieu et il préfère le grand bazar des radios libres de 1981: Carbone 14 d'abord, puis Radio Nova, un vivier improbable de talents. Les années 80 sont la grande époque pour lui du canular téléphonique et du sketch radiophonique de faux reporter de Radio Carotte.

Revenant sur les souvenirs de cette époque au micro de Radio Nova en 2012, il se définit comme "un conteur", prêt à endosser n'importe quel personnage et à en improviser toutes les outrances. Notamment celui de Germaine Ledoux, vieille dame en roue libre.

"Il était très cultivé, avec une répartie incroyable (...) Avec Desproges aussi, il fait partie des gens qui m'ont donné envie de faire ce métier", a dit à l'AFP Raphaël Mezrahi, un autre ancien de Canal+.

Parallèlement à la télévision et à ses spectacles, il prête ses talents de comédien à plusieurs réalisateurs, comme à Pascal Chaumeil, dans l'Arnacoeur (2010), ou à Mélanie Auffret dans Roxane, sorti en 2019.

Radio, télé, scène

Le confinement semblait avoir encore renforcé sa popularité. Interrogé en mai 2020 par France 3 Bretagne, il déclarait: "J'ai joué mon rôle (depuis le début du confinement). Celui de déconneur professionnel. J'ai mis régulièrement en ligne des petites vidéos humoristiques sur ma page Facebook. Je suis passé de 180.000 à 300.000 abonnés durant le confinement. La preuve que le rire reste indispensable en toutes circonstances".

Dernièrement, il avait choisi la scène, avec le spectacle Lafesse c'est du poulet!, où il jouait avec les spectateurs.

"Je ne me considère pas comme un comédien ou un comique, mais comme un déconneur professionnel, plus dans l'artisanat que dans un star-system qui ne m'intéresse pas", expliquait-il en 2020 à un magazine culturel tourangeau, PROG. "Un peu dans l'esprit de la commedia dell'arte et de ces comédiens qui arrivaient dans un village, s'installaient sur la place et embarquaient le public dans leur farce".

Jean-Yves Lafesse était revenu vivre en Bretagne, à Vannes, il y a deux ans. "J'ai passé 43 ans à Paris mais la Bretagne me manquait. Ma relation avec la région est naturelle et très forte", avait-il dit.

B.P.