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14% de la population mondiale est vaccinée... mais 1% seulement en Afrique: "Il faut vacciner les populations à risque"

Une jeune femme reçoit sa première dose du vaccin Sputnik-V contre le Covid-19 à Mexico, le 27 juillet 2021.

© AFP ALFREDO ESTRELLA

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Par Nausicaa Maugé

Cela fait maintenant plusieurs mois que la vaccination est lancée dans le monde, mais elle ne porte pas encore ses fruits dans tous les pays. Il n'y a actuellement que 14,1% de la population mondiale entièrement vaccinée.

Quelle est la cause de cela ? La levée des brevets peut-elle accélérer la vaccination dans les pays émergents ? Comment se construit l’aide international pour l’accès aux vaccins ?

"C’est scandaleux ce manque de solidarité mondial"

L’épidémiologiste Yves Coppieters explique que "la solution pour accélérer la vaccination à l’échelle mondiale c’est soit d’augmenter les lieux de production, soit de lever les brevets, afin que des chaînes de production puiissent voir le jour en Asie et Afrique".

Certains économistes disent que ces solutions ne faciliteront pas le transfert de technologie, mais Yves Coppieters précise qu’il n’est "pas convaincu de ça". Pour lui la perte économique due à la levée des brevets "n’est pas tout à fait juste, car lorsqu’on lève un brevet on a un retour sur investissement et les transferts des technologies sont totalement faisables car ça n’est pas une chose nouvelle".

Ces arguments sont pour lui "peu compréhensibles" face à l’urgence de vacciner la population mondiale.

"Il n'y a qu'1% de la population africaine qui est vaccinée pour l’instant

Yves Coppieters déplore ce manque de solidarité, et explique que "l’initiative Covax est nettement insuffisante". "Si on n’augmente pas les lignes de production et qu’on n’impose pas la levée des brevets on y sera encore en 2023 comme l’a dit en France monsieur Delfraissy" détaille-t-il.

Il faut pour lui ouvrir plus de lignes de production afin de produire en suffisance et surtout permettre l’apparition de vaccins pouvant contrer les nouveaux variants. Pour ça il faut "investir dans des lignes de production, et transformer les lignes existantes pour les adapter à ces nouvelles technologies" "c’est donc un investissement à mettre en place de la part des états".

Des initiatives existent mais elles sont pour l’heure réservées aux pays occidentaux.

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Le travail de sensibilisation au vaccin doit aussi avoir lieu dans les pays du sud

Yves Coppieters affirme également qu’il faut "un travail de sensibilisation et d’éducation au vaccin, même s’il y a des gens qui veulent se faire vacciner il existe aussi une partie beaucoup plus sceptique". De plus le vaccin proposé par Covax est en grande partie celui d’Astra Zeneca.

"L’image de ce vaccin n’étant pas optimal certains pays du sud ne comprenne pas pourquoi on veut leur imposer celui-là" explique-t-il. La population de ces pays ne comprend pas pourquoi on ne leur donne pas un vaccin à ARN messager. C’est donc aussi par une grande mise en place de sensibilisation au vaccin qu’on va pouvoir donner un coup de boost à la vaccination mondiale.

C’est pour Yves Coppieters "une problématique importante à prendre en compte".

"On tourne en rond c’est comme le serpent qui se mord la queue"

"C’est une erreur fondamentale de vouloir couvrir toute la population européenne avec le vaccin" explique l’épidémiologiste. L’Europe ne possède pas encore toutes les doses, pour cela il va donc falloir attendre encore plusieurs mois.

Pour Yves Coppieters "la vraie solidarité mondiale c’est de vacciner toutes les populations à risque dans un premier temps et pas de devoir vouloir vacciner toute la population dans son ensemble" "c’est comme ça qu’on retarde la vaccination à l’échelle mondiale".

De plus la progression des variants dont le variant Delta dans le monde, a un fort impact dans les pays ayant peu accès au vaccin. Le nombre de cas s’accompagne de la hausse vertigineuse du nombre de morts. "Il est nécessaire de donner accès aux vaccins dans les pays émergeant pour mieux contrer les variants" explique l’épidémiologiste.

Ainsi, en Afrique du Sud, où le Delta représente 95% des infections à la mi-juillet, pour une couverture vaccinale de près de 4% de la population.

"Il est dans d’avoir une réflexion éthique et solidaire sur le sujet " affirme Yves Coppieters.

Idem en Tunisie ou en Namibie, deux pays où la couverture vaccinale est basse, et où le virus est le plus meurtrier en ce moment.

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