Climat : les catastrophes coûtent 383 millions de dollars par jour, quasiment 8 fois plus en 50 ans

Entre 1970 et 2019, les catastrophes liées à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes ont été multipliées par cinq, selon une nouvelle étude de l’ONU. Les quelque 11.000 événements recensés ont provoqué plus de 2 millions de décès et plus de 3.640 milliards de dollars de pertes. Si les dégâts causés sont plus importants, les décès, eux, ont diminué grâce au perfectionnement des systèmes d’alertes. Toutefois avec la croissance démographique des pays exposés, la nécessité de muscler drastiquement les politiques d’adaptation au changement climatique devient de plus en plus urgente.
Juliette Raynal
si avec le changement climatique le nombre de catastrophes a bondi, le nombre de décès, lui, a été divisé par trois grâce notamment au perfectionnement des systèmes d'alertes.
si avec le changement climatique le nombre de catastrophes a bondi, le nombre de décès, lui, a été divisé par trois grâce notamment au perfectionnement des systèmes d'alertes. (Crédits : ADREES LATIF)

Les études sur les liens entre le dérèglement climatique et les événements météorologiques extrêmes se multiplient. Un nouveau rapport publié, ce 1er septembre, par les Nations unies en fait partie et il livre une série de statistiques bien sombres. Selon l'Atlas de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui répertorie le nombre de morts et les pertes économiques dues aux phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes, ces catastrophes ont été multipliées par cinq au cours des 50 dernières années.

Plus inquiétant encore, cette flambée des phénomènes extrêmes va se poursuivre dans les années à venir sous l'effet du changement climatique, comme le soulignait récemment le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec),

"Le nombre de phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes augmente. Ils deviendront plus fréquents et plus graves dans de nombreuses régions du monde sous l'effet du changement climatique", a prévenu Petteri Taalas, le secrétaire général de l'organisation onusienne, cité dans un communiqué de presse.

11.000 catastrophes recensées

"Cela signifie davantage de canicules, de sécheresses et de feux de forêt, comme ceux que nous avons observés récemment en Europe et en Amérique du Nord. Il y a davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère, ce qui exacerbe les précipitations extrêmes et les inondations meurtrières. Le réchauffement des océans a affecté la fréquence et la zone d'existence des tempêtes tropicales les plus intenses", a ajouté Petteri Taalas.

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Dans le détail, entre 1970 et 2019, quelque 11.000 catastrophes de ce type ont été recensées, provoquant plus de 2 millions de décès et plus de 3.640 milliards de dollars de pertes. Dit autrement, une catastrophe attribuée à ces phénomènes s'est produite chaque jour en moyenne au cours des 50 dernières années, faisant quotidiennement 115 morts et des dégâts se chiffrant à 202 millions de dollars.

Les catastrophes les plus meurtrières ont été les sécheresses (650.000 victimes), les tempêtes (plus de 577.000 victimes), les inondations (58.700), puis les températures extrêmes ( environ 55.700).

Quant aux pertes économiques, elles ont bondi, passant de 49 millions de dollars par jour en moyenne dans les années 1970 à 383 millions de dollars par jour de 2010 à 2019. Trois des dix catastrophes les plus coûteuses se sont manifestées en 2017. Il s'agit des ouragans Harvey (96,9 milliards de dollars), Maria (69,4 milliards) et Irma (58,2 milliards)

Le nombre de décès divisé par trois

Seule pointe positive du rapport : si le nombre de catastrophes a bondi, le nombre de décès, lui, a été divisé par trois grâce notamment au perfectionnement des systèmes d'alertes qui ont permis d'améliorer les activités de prévention, de préparation et d'intervention. Le nombre de victimes est ainsi passé de plus de 50.000 dans les années 1970 à moins de 20.000 dans les années 2010.

Le rapport relève toutefois que la très grande majorité de ces décès (plus de 91%) sont survenus dans les pays en développement. Et beaucoup reste encore à faire souligne le document puisque seulement la moitié des 193 membres de l'OMM disposent aujourd'hui d'un système d'alerte précoce multirisques. En outre, "les réseaux d'observation météorologiques et hydrologiques présentent de graves lacunes en Afrique, dans certaines régions d'Amérique latine et dans les États insulaires du Pacifique et des Caraïbes", souligne le communiqué de presse.

Autre point de surveillance : le nombre de personnes exposées aux risques de catastrophes augmente en raison de la croissance démographique dans les zones exposées et de l'intensité et de la fréquence croissantes des phénomènes météorologiques.

"Une coopération internationale accrue est nécessaire pour s'attaquer au problème chronique du déplacement d'un nombre considérable de personnes chaque année à cause des inondations, des tempêtes et de la sécheresse. Nous devons investir davantage dans la gestion globale des risques de catastrophe en veillant à ce que l'adaptation au changement climatique soit intégrée dans les stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe", a ainsi déclaré Mami Mizutori, qui dirige le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR).

S'adapter de toute urgence

L'adaptation est le parent pauvre des politiques climatiques dans le monde. La plupart des pays concentrent leurs efforts sur l'atténuation, qui consiste à réduire les émissions des gaz responsables du réchauffement de l'atmosphère. L'adaptation consiste, elle, à élaborer des solutions facilitant l'adaptation de la planète aux conséquences du changement climatique.

"Dans un climat qui change, la gestion des crises qui se succèdent ne peut se réduire à des réponses ponctuelles, essentiellement réactives. Il est nécessaire d'adopter une logique préventive et d'utiliser les connaissances sur le changement climatique attendu au cours des prochaines décennies pour anticiper et se préparer. C'est le but de l'adaptation", expliquait en juin dernier, le Haut conseil pour le Climat, qui jugeait la stratégie d'adaptation de la France insuffisante.

Juliette Raynal

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Commentaires 7
à écrit le 03/09/2021 à 14:39
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Je suppose que si on remontait plus loin en arrière on s'apercevrait que les phénomènes décrit existaient déjà, 49 ans, c'est peu de temps pour analyser ces problèmes météorologiques mais il faut bien alarmer le menu peuple, comme pour la Covid. Les ...

à écrit le 03/09/2021 à 7:39
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Est ce que les catastrophes Anne Hidalgo pour Paris, Eric Piolle pour Grenoble, Macron et les LREM/Modem pour la France sont aussi prises en comptes ?

à écrit le 02/09/2021 à 10:21
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"Toutefois avec la croissance démographique des pays exposés, la nécessité de muscler drastiquement les politiques d’adaptation au changement "......... Donc , Il faut contrôler les naissances ,il ne faut plus construire n'importe où et il faut paye...

à écrit le 02/09/2021 à 9:30
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Il y a 50 ans nous avions pas les champs magnétiques, ni la lumière blue et ni le bit 0101. La technologie perturbe le système électrique de la terre.

à écrit le 02/09/2021 à 9:07
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Comparaison n'est pas raison. Il y a 50 ans la population etait deux fois moindre.

à écrit le 01/09/2021 à 17:00
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C'est vraiment pas de chance pour les assureurs qui ne peuvent plus dormir tranquille sur le matelat de billets des assurés... Quid des pertes humaines qui sont irremplaçables?

à écrit le 01/09/2021 à 16:57
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Je ne comprends toujours pas l’intérêt de mettre un prix aux phénomènes naturels, c'est complètement ridicule, le réflexe médiatique soumis au dogme financier il faut que chaque chose ai son prix pour avoir de la valeur, de l'intérêt, le vocabulaire ...

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