— Olga Visavi / Shutterstock.com

De récentes recherches ont montré que les pieuvres femelles n’hésitaient pas à jeter du limon, des coquillages et des algues aux mâles qu’elles jugeaient trop entreprenants. Un comportement rare au sein du règne animal.

Des jets de coquillages, d’algues et de limon

Dans le cadre de ces travaux prépubliés sur le serveur BioRxiv, des chercheurs australiens, américains et canadiens ont étudié de nombreuses vidéos de pieuvres capturées au large des côtes australiennes, ayant révélé que ces créatures pourvues de huit tentacules n’hésitaient pas à les utiliser pour lancer des objets sur leurs semblables. Il s’est par ailleurs avéré que les femelles étaient généralement plus susceptibles que les mâles d’effectuer une telle action.

Dans une séquence datant de décembre 2016, une seule pieuvre femelle a lancé des projectiles à dix reprises, dont cinq ont frappé un mâle se trouvant dans un repaire adjacent qui, selon les scientifiques, avait tenté plusieurs fois de s’accoupler avec elle. « Ses lancers étaient partiellement ou entièrement composés de limon, et dans l’un des cas, les mouvements préparatoires de la femelle impliquaient une rotation, plaçant le mâle directement dans sa ligne de mire », écrivent les chercheurs.

À quatre reprises, ce dernier a tenté d’esquiver le lancer, et ses mouvements sont devenus de plus en plus précoces. S’il réagissait au départ après le jet, le mâle avait ensuite tendance à l’anticiper, se déplaçant pendant les mouvements préparatoires de la femelle. Dans d’autres cas, l’équipe a constaté que certaines pieuvres tendaient leurs appendices en direction du lanceur (dont les projectiles touchaient parfois les poissons évoluant dans la zone), comme pour se protéger. Aucune riposte n’a été observée chez les céphalopodes touchés.

Un comportement étrangement répandu chez les pieuvres sauvages

Bien que les chimpanzés, les capucins, les éléphants, les mangoustes et les oiseaux soient connus pour le faire, et que des actions apparentées (projection de poils irritants par les araignées ou de jets d’eau par les poissons archers) aient également été observées chez d’autres espèces, lancer des objets n’est pas un comportement courant chez les animaux. Pour les chercheurs, il s’agit généralement d’une action spécifiquement humaine, ayant joué un rôle important dans notre évolution.

« Le lancer de matériaux se révèle étonnamment répandu chez les pieuvres sauvages, du moins dans la zone étudiée », soulignent les auteurs de l’étude. « Si la puissance n’est ici pas communiquée par le bras, comme ce serait le cas chez les humains, ce dernier détermine la trajectoire du jet. »

D’après les scientifiques, de telles observations permettent d’ajouter de façon définitive les pieuvres à la courte liste des animaux qui lancent ou projettent régulièrement des objets, et provisoirement à celle, encore plus restreinte, de ceux qui dirigent ces jets sur d’autres animaux. « Ces lancers sont vraisemblablement dirigés vers des individus de la même population dans le cadre d’interactions sociales, ce qui constitue la forme la moins courante de jet non humain », conclut l’équipe.

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