VIDEO Lannion. Marc Poppleton s'est fabriqué un bras spécial pour jouer du hard rock 

Marc Poppleton, chercheur à Lannion, s'est fabriqué un bras spécial pour jouer du hard rock et pallier son handicap.

Marc Poppleton s'est fabriqué un bras articulé pour assouvir sa passion du hard rock.
Marc Poppleton s’est fabriqué un bras articulé pour assouvir sa passion du hard rock. (©Le Trégor)
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Rien n’arrête Marc Poppleton. Avec un bras en moins, il trouve des solutions pour adapter son handicap à ses passions. Pour la guitare électrique, il a fabriqué lui-même ce qui lui manquait. 

L’ampli Marshall est prêt. La guitare Gibson « Les Paul » spécial gaucher scintille dans son étui de velours. Dans une des salles de l’école de musique des trois rivières à Bégard, Marc Poppleton, qui en est le président, s’apprête à attaquer quelques riffs saignants tirés des meilleurs groupes de hard rock. 

Avec une imprimante 3D

Mais pour cela, il doit adapter quelques accessoires supplémentaires communs à aucun autre guitariste. Une prothèse pour son bras manquant et à la pointe, pour matérialiser les doigts et tenir précisément le médiator qui sert à pincer les cordes, un petit système qu’il a lui même fabriqué.

Et tout est là pour parvenir à suivre les solos endiablés de guitares de ses idoles, Black Sabbath et autant d’autres groupes de heavy metal.

« J'ai essayé énormément de choses. On a fait une quinzaine d'essais avec mon prothésiste Orthofiga. Pour finir, j'ai trouvé une fixation qui sert habituellement aux prises d'escalade. Je l'ai imprimée en 3D au fablab et c'est exactement ce qu'il fallait ».

Marc Poppleton

Un toucher des cordes précis

Le résultat est à la hauteur de ses espérances. Une tension, une précision dans le toucher des cordes et une rapidité dans l’exécution des mouvements pour rendre au morceau toute sa musicalité.

« La seule contrainte c’est qu’il faut en imprimer régulièrement car ça use assez vite ». Le guitariste ne se ménage pas et enchaîne aussi les séances de répétitions.

Ingénieur chez Orange à Lannion, Marc Poppleton, la quarantaine, a toujours su faire de son handicap un atout. Et rien ne l’a arrêté : « Je suis issu d’une famille de musiciens. Mais avec mon handicap ce n’était pas évident. On m’a dit prouve-nous que tu peux jouer d’un instrument. Le seul à pouvoir être joué avec un bras c’était la trompette. » Qu’à cela ne tienne.

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Au placard pendant vingt ans

Mais à l’adolescence, des groupes de rock se forment dans son lycée. Il est frustré de ne pas en faire partie. Il se met alors en tête de réfléchir à des solutions de prothèses. Il en trouve : « Je me débrouillais pas trop mal ». Et puis faute de pouvoir exactement faire les morceaux qu’il aimait, il laisse tomber. Pendant vingt ans, guitares et amplis sont au placard et même vendus.

Entre-temps, l’ingénieur, curieux, fait du surf, de la muscu, du vélo avec à chaque fois des prothèses nouvelles. Rien ne l’arrête et pourtant la musique quelque part lui résiste.

Soutenu par son fils

C’est avec l’un de ses fils qu’il renoue il y a quatre ans. « Je l’accompagnais au cours et puis je l’attendais. Je me suis dit, et pourquoi ne pas s’y remettre. » 

Le gaucher contrarié rachète du matériel et commence à travailler. Et surtout à cogiter pour sa nouvelle prothèse. Lui, le fan de hard rock qui ne manque jamais une édition du Hellfest festival à Clisson veut trouver une solution : « Django Reinhart jouait bien avec une main atrophiée, le guitariste de Black Sabbath a une phalange en moins. Moi je devais aussi y arriver. »

« Je savais que c’était dur »

Dans sa démarche dans le sport comme ailleurs, Marc Poppleton a toujours eu la même ligne, « c’est pour les valides, alors je le fais ».

Ceinture noire de judo, il sait et connaît le goût de l’effort.

« Je savais que ça allait être dur, mais j'étais décidé ».

Marc Poppleton

Ses enfants le motivent. Aujourd’hui à l’atelier rock de l’école de musique, il tient son rang et ne rate aucune répétition. Sa prothèse est précise. Il l’installe sur son moignon, elle touche le haut de la guitare, ce qui lui permet de bloquer ou d’étouffer les cordes selon l’effet voulu. Exactement comme un valide.

Le batteur de Def Leppard n’a qu’un bras

Le pied bat la mesure, les potards de l’ampli sont poussés, la distorsion enclenchée. Place à la musique à fond. « Il ne faut pas oublier que le batteur de Def Leppard n’a qu’un bras » rappelle avec le sourire Marc Poppleton, comme pour indiquer que rien n’est impossible si l’on en a envie. La preuve.

Son prochain défi ? Pouvoir jouer avec la technique du picking, qui permet de pincer plusieurs cordes à la fois. « Là il faudra un système avec deux ou plusieurs médiators. » Il y réfléchit déjà. La musique n’attend pas. Les rêves encore moins.

Avec les jeunes de Trestel

Suite à l’article paru début juillet dans Le Trégor, Marc Poppleton a été  contacté par l’équipe médicale du centre de rééducation fonctionnelle de Trestel pour qu’il vienne témoigner. Une première rencontre a eu lieu. Le contact est bien passé.

Des échanges vont être programmés régulièrement pour que Marc Poppleton transmette son exemple à tous les jeunes en rééducation. 

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