La vie malgré tout : épisode • 1/2 du podcast Née à Bergen-Belsen

Yvonne Salamon dans les bras de sa mère, Hélène, en 1946. Elle est âgée de 2 ans. - Archives personnelles d'Yvonne Salamon
Yvonne Salamon dans les bras de sa mère, Hélène, en 1946. Elle est âgée de 2 ans. - Archives personnelles d'Yvonne Salamon
Yvonne Salamon dans les bras de sa mère, Hélène, en 1946. Elle est âgée de 2 ans. - Archives personnelles d'Yvonne Salamon
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Yvonne Salamon est un des seuls bébés rescapés d'un endroit où il n'avait pas droit de vie : le camp allemand de Bergen-Belsen. Hélène, sa mère, juive polonaise dans la résistance à Marseille, y est déportée en mars 1944, enceinte de quatre mois.

Épisode 1 : La vie malgré tout

Sage-femme, elle accouche seule, en pleine nuit, de son bébé, 5 mois plus tard malgré un univers de mort et le dissimule contre sa poitrine jusqu’à la libération du camp. C’est une petite fille. Elle l’a prénomme Yvonne. Le bébé et la mère survivent à cette déportation. Pendant son enfance et son entrée dans la vie d'adulte, Yvonne tente de comprendre sa naissance à Bergen-Belsen. Mais sa mère, Hélène, lui raconte peu de choses de l'enfer du camp. Une forme de mutisme qui atteint beaucoup de déportés à leur retour. Au début des années 2000, Yvonne lit le récit de Francine Christophe, "Une petite fille privilégiée : Une enfant dans le monde des camps". L'autrice, également déportée, avait 11 ans à Bergen-Belsen et raconte dans son livre un quotidien effroyable avec tout de même un rayon d'espoir : la venue au monde d'une petite fille. En effet, la mère de Francine Christophe a aidé une certaine Hélène à accoucher d’un bébé. Yvonne fait tout de suite le lien grâce à un morceau de chocolat que contient l'histoire de Francine Christophe, ce même morceau de chocolat évoqué, par chance, dans le peu d’éléments rapportés par sa mère. Le bébé du récit, c'est bien elle ! Son existence s'éclaire. 

Depuis cette découverte, chaque année, à Noël, Yvonne apporte des chocolats à Francine, en guise à la fois de reconnaissance et d’amitié.  

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Hélène Salamon, née Kaminer, jeune juive venue de Pologne. La maman d'Yvonne. La photo fétiche d'Yvonne,
Hélène Salamon, née Kaminer, jeune juive venue de Pologne. La maman d'Yvonne. La photo fétiche d'Yvonne,
© Radio France - Dominique Prusak

Intervenants 

  • Yvonne Salamon, psychiatre, née à Bergen-Belsen
  • Francine Christophe, Victor Perahia, Jean Serge Lorach, tous trois enfants déportés à Bergen-Belsen avec leurs mères
Francine Christophe, chez elle
Francine Christophe, chez elle
© Radio France - Dominique Prusak

Remerciements à Frédérique Agnès, journaliste et co-auteur avec Yvonne Salamon de Je suis née à Bergen-Belsen (Plon, 2020) et Maryvonne Braunschweig, historienne.

Voilà ce que dit Francine Christophe, déportée avec sa mère à Bergen-Belsen, à propos du quotidien d'une petite fille de 10 ans, dans le camp, et de l'enfer vécu :  

Elle ne réfléchit pas. Elle est avec sa mère et il n'y a que ça qui compte. J'en parle toujours d'une manière très détachée parce que c'était mon quotidien, parce que je ne connaissais pas autre chose à l'époque. Alors, qu'on fasse ça ou ça, c'est pareil. L'enfer ? Mais l'enfer ce n'est pas grand chose si vous le comparez avec Bergen-Belsen. Ça ne s'explique pas.

Un documentaire de Dominique Prusak et François Teste. Archives INA, Marie Chaveau. Page web, Sylvia Favre.

Archive INA : Marceline Loridan à propos de la solidarité, entre femmes, dans les camps. Extrait de "Hors champ" (21.09.2009), France Culture

2 min

Bibliographie

Rescapé de Bergen-Belsen, Victor Perahia témoigne dans son ouvrage "Mon enfance volée", l'histoire d'un petit garçon de 9 ans survivant des camps.
Rescapé de Bergen-Belsen, Victor Perahia témoigne dans son ouvrage "Mon enfance volée", l'histoire d'un petit garçon de 9 ans survivant des camps.
© Radio France - Dominique Prusak

Pour aller plus loin

Yvonne Salamon, à propos de sa naissance et de sa mère, Hélène, dans le camp de Bergen-Belsen : 

Alors, elle s'est accouchée - puisqu'elle était sage-femme et avait déjà deux enfants - une nuit, dans leur infirmerie où il n'y a jamais eu d'eau chaude ou de médicaments pour les Juifs, bien sûr… Et je me demande par quel miracle elle a pu accoucher car elle pesait 30 kilos, elle n'avait plus de muscles… Bref, je suis née et elle m'a dit que je ne devais même pas peser 1 kilo et demi… Elle m'a trouvée très jolie et, par un deuxième miracle, elle a eu un peu de lait et j'ai pu la téter un peu… Ce qu'il y a d'étonnant - et Francine Christophe, qui avait onze ans et a vu cette naissance et les premiers mois de ma vie, le dit - je n'ai jamais crié ni même geint… Ma mère m'a cachée sur sa poitrine avec les bouts de tissus qu'elle avait et j'y suis restée six mois.

Actualités

Yvonne Salamon et Frédérique Agnès parleront de leur livre, Je suis née à Bergen-Belsen (Plon, 2020), le dimanche 19 septembre à 13h30 au Mémorial de la Shoah, 17 rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4ème, dans le cadre du salon du livre Histoires de familles qui s'y déroulera du 17 au 19 septembre, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine.

Demain, retrouvez l'épisode 2 : " U ne vie à l’écoute des autres ".

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