Les messages cachés derrière « Le Printemps » de Botticelli

L'exposition Botticelli au musée Jacquemart-André ouvre ses portes du 10 septembre et se prolongera jusqu'au 24 janvier 2022. L'occasion de revenir sur les secrets de l'un des deux plus célèbres tableaux du peintre, Le Printemps.
Expo Botticelli  Les messages cachs derrière « Le printemps » de Botticelli
DEA / G. NIMATALLAH

L'exposition Botticelli est l'un des évènements culturels les plus attendus de cette rentrée. Du 10 septembre 2021 au 24 janvier 2022, le musée Jacquemart-André célèbre le génie créatif de Sandro Botticelli à travers Botticelli, artiste et designer, une rétrospective d'une quarantaine d'œuvres du peintre florentin, accompagnées de plusieurs peintures de ses contemporains. Pour rendre cette présentation possible, Ana Debenedetti et Pierre Curie, commissaires de l'exposition, ont bénéficié de prêts d’institutions prestigieuses telles que le musée du Louvre, la National Gallery de Londres, le Rijksmuseum d’Amsterdam, les musées et bibliothèques du Vatican, les Offices, la Galleria Sabauda de Turin, le musée national du Bargello à Florence, et la Gemäldegalerie de Berlin.

L'artiste emblématique du Quattrocento est à l'origine des plus belles fresques de la Florence des Médicis, comme Le Printemps. Commandée par Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis, dit Laurent le Magnifique, l'œuvre illustre un épisode des Métamorphoses d'Ovide et met en scène une allégorie de la saison de la renaissance à travers des figures empruntées à la mythologie gréco-romaine et à la religion chrétienne. Mais saviez-vous qu'elle contient quelques messages cachés ?

Les fleurs de Botticelli 

Les personnages du tableau Le Printemps de Sandro Botticelli se trouvent au centre d'un jardin merveilleux, doté d'orangers qui offrent leurs fruits, comme le veut la saison printanière. Sur le sol, un parterre de fleurs reproduites avec la précision de botaniste. Elles sont distribuées par Flora, troisième personnage en partant de la droite. Les fleurs sont un motif récurrent dans l'œuvre de Botticelli, notamment dans La Naissance de Vénus. Le Printemps, lui, compte plus de 500 espèces de plantes. À l'époque, les talents de l'artiste étaient plébiscités par les riches aristocrates florentines qui désiraient des motifs floraux sur leurs robes pour briller en société.

Le symbole de Vénus

Le tableau de Botticelli se lit de la droite vers la gauche. Le mouvement des bras des neuf personnages présents conduit le regard dans cette direction. Les hommes (Zéphyr, dieu du vent, Mercure, et Cupidon) encadrent les figures féminines. Celle du centre, Vénus, déesse de l'amour, ou la vierge Marie selon les interprétations, domine le tableau. D'abord par sa taille mais aussi car elle est le seul personnage situé en second plan. Ainsi, elle est témoin du passé, du présent, et du futur. C'est là un concept néoplatonicien, théorie philosophique répandue pendant la Renaissance, selon laquelle l'amour domine tout, car il est le moyen de communion spirituelle entre les mortels et les dieux.

Les trois Grâces 

À gauche de Vénus se trouve les trois Grâces, représentées comme les nymphes de la Beauté, du Plaisir et de la Fidélité. Elles incarnent le triptyque de l'amour et dansent en harmonie. La nymphe de la Fidélité est le seul personnage du tableau à tourner le dos au spectateur. Signifiant ainsi le devoir religieux de se détourner du monde païen pour se consacrer uniquement au divin.

Le petit Cupidon 

Cupidon, fils de Vénus et de Mars, est presque toujours représenté enfant, pour traduire l'innocence et l'imprudence du sentiment amoureux. Ici, Sandro Botticelli lui bande les yeux. Cette image convoque la théorie selon laquelle l'amour dépasse l'intelligible. Il rend aveugle, empêchant ainsi de voir les défauts de l'être aimé.

Un air de déjà vu

Zéphyr, dieu du vent, qui entre vigoureusement dans le jardin par la droite, attrape Chloris, nymphe des fleurs, qui tente de lui échapper. Ensemble, ils ont un enfant. Chloris se métamorphose alors en Flore, déesse des fleurs, le ventre arrondi, comme une allégorie de la nature féconde en ce printemps. Ces deux personnages mythologiques sont déjà présents sur La Naissance de Vénus de Botticelli. Sur ce tableau, il entre dans la scène par la gauche, en train d'enlever Chloris. Au centre, on retrouve également Vénus, dénudée.

Une boucle infinie 

Mercure, dieu messager, clôture la farandole de Botticelli. Il est reconnaissable grâce à son casque d'Hadès, son caducée et ses sandales ailées. Dans cette scène, il est le gardien du jardin de l'amour. On le voit chasser les nuages afin que rien ne perturbe la paix et l'harmonie de ce tableau idéalistique.

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« Botticelli, artiste et designer », à découvrir au Musée Jacquemart-André du 10 septembre 2021 au 24 janvier 2022. 158 Boulevard Haussmann, 75008 Paris.