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Climat : la France demande à l'UE de reconnaître l'apport du nucléaire

La question du nucléaire divise les pays européens.
La question du nucléaire divise les pays européens. JEFF PACHOUD / AFP

Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a demandé vendredi à ses homologues de l'UE de reconnaître l'apport de l'énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique et d'inclure cette filière dans une liste d'investissements «durables» pour en faciliter le financement.

«Soit nous luttons contre le changement climatique avec une approche idéologique et nous échouerons, soit nous luttons contre le changement climatique avec une approche scientifique et dans ce cas nous réussirons. Mais cela signifie reconnaître la valeur ajoutée de l'énergie nucléaire», a déclaré Bruno Le Maire, lors d'une réunion à Kranj (Slovénie).

La Commission européenne doit proposer avant la fin de l'année une liste des énergies considérées comme vertueuses à la fois pour le climat et l'environnement («taxonomie verte»). Cette classification ouvrira l'accès à la finance verte et donnera un avantage compétitif aux filières reconnues, un enjeu crucial en vue du renouvellement du parc nucléaire français.

Le sujet divise les États membres. Si la France, la Pologne et la République tchèque défendent l'atome, des pays comme l'Allemagne et l'Autriche y sont farouchement opposés, à l'instar de nombreuses ONG qui y voient une technologie risquée. La «taxonomie» proposée par Bruxelles pourra être rejetée par les eurodéputés ou une majorité d'États membres. «Je veux juste rappeler aux autres États membres et aux citoyens européens que deux rapports d'experts sont arrivés à la même conclusion, à savoir que l'énergie nucléaire est nécessaire pour lutter contre le changement climatique», a plaidé Bruno Le Maire.

En juin 2019, un groupe d'experts sur la finance durable avait conclu que l'énergie nucléaire, qui n'émet pratiquement pas de CO2, pouvait «contribuer à atténuer le changement climatique» - mais sans conclure sur ses dommages environnementaux potentiels. Dans un rapport rendu fin mars, le service scientifique de la Commission européenne (Centre commun de recherche, CCR) a estimé qu'«aucune analyse ne fournit de preuves scientifiques que l'énergie nucléaire porte atteinte à la santé humaine ou à l'environnement davantage que les autres énergies» susceptibles d'intégrer la taxonomie. «Il n'y a aucune raison pour que l'énergie nucléaire ne soit pas incluse d'ici la fin de l'année dans la taxonomie européenne», a martelé Bruno Le Maire.

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16 commentaires
  • anonyme

    le

    Bonjour,
    Quel est l'impact économique d'un accident nucléaire identique à Fukushima sur le territoire Français ? Sans doute énorme.
    Le risque d'accident nucléaire augmente avec le réchauffement climatique et les phénomènes météo plus intense.
    Encore un peu de nucléaire quelques années, oui, le temps de trouver des technologies de stockage d'énergie efficace et ensuite on ferme nos centrales nucléaires, avant un gros problème. Ça semble un scénario plus sécurisant, d'un point de vue humain comme d'un point de vue économique, il me semble.
    Cordialement.

  • Georges Student

    le

    Il y a une stratégie imparable sous l'angle technique, mais à examiner sous l'angle juridique car les directives de l'UE pourraient l'interdire. Dans ce cas la France pourrait s'en affranchir, quitte à être sanctionnée financièrement, mais l'enjeu est trop important.
    En effet, sans nucléaire, il ne restera plus que le gaz, énergie pilotable, pour assurer l'équilibre entre offre et demande d'électricité (l'hydraulique de lac aussi, mais malheureusement sa capacité disponible est bien faible).
    Avec du gaz pour produire une bonne partie de l'électricité de l'UE, la neutralité carbone sera impossible à tenir, mais il risque d'être trop tard quand les politiques s'en rendront enfin compte (malgré les alertes des spécialistes !).
    C'est pourquoi il faudrait que la France ait le courage, dès aujourd'hui, de réserver la manœuvrabilité de son nucléaire à ses besoins nationaux, et de refuser de voler au secours des pays dont les éoliennes sont en berne, ceci avant qu'ils ne se soient massivement équipés de centrales au gaz (Allemagne, Belgique, Espagne).
    Cela provoquerait à coup sûr quelques blackouts retentissants, mais ce serait salutaire pour que ces pays arrêter de mettre des bâtons dans les roues de notre pays parfois au nom de principes dogmatiques, mais surtout pour défendre leurs intérêts propres : l'Allemagne compte revendre son gaz russe à bon prix, et empêcher la France de disposer de kWh nucléaires bon marché.

  • dutch

    le

    Si la France n’emporte pas le morceau il faut bloquer l’ue, et se contenter juste du marché unique et de l’euro. Vision britannique ( nos alliés sur le nucléaire).

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