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Les chiens du 11-Septembre, un « soutien émotionnel aux sauveteurs et aux familles des victimes »

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le rôle des chiens de sauvetage s’est développé aux Etats-Unis. A New York, deux expositions leur rendent hommage.

Publié le 10 septembre 2021 à 12h00, modifié le 10 septembre 2021 à 15h24 Temps de Lecture 3 min.

Des sauveteurs accompagnés d’un chien, à la recherche de survivants, dans les ruines du World Trade Center, à New York, le 12 septembre 2001.

Ils s’appelaient Bretagne, Coby, Guiness, Ricky, Trakr, Riley… Pendant les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ces goldens retrievers, bergers allemands, labradors ou rat terriers ont arpenté les ruines des tours jumelles du World Trade Center, à New York, à la recherche de survivants.

« Nous espérions trouver des centaines de personnes ensevelies dans les décombres », raconte au New York Times Chris Selfridge, le maître de Riley, un golden retriever qui a contribué à localiser les corps de plusieurs pompiers. Depuis le 1er septembre, l’exposition 9/11 Remembered : Search & Rescue Dogs, au musée de la fédération canine des Etats-Unis, l’American Kennel Club, à New York, rend hommage au rôle-clé de ces chiens de sauvetage.

Après l’effondrement des tours jumelles, des centaines d’équipes de secouristes venues des quatre coins du pays, épaulées par des chiens, se sont rendues sur les lieux pour tenter de trouver des survivants dans les décombres. Naturellement, les premiers sur place faisaient partie de la police de New York : ils sont arrivés à la tour sud quinze minutes seulement après son effondrement et s’y sont relayés douze heures par jour, pendant une dizaine de jours.

Seule une centaine d’équipes était préparée à ce type de scénario

Debra Tosch, ancienne directrice de la National Disaster Search Dog Foundation, estime qu’environ trois cents équipes de recherche se sont rendues à New York après la catastrophe. Mais seulement une centaine d’entre elles était préparée à ce type de scénario. « Beaucoup d’équipes avaient des chiens dressés pour retrouver des personnes disparues dans la nature, non pour retrouver des victimes ensevelies sous une montagne de métal tordu, de verre, de décombres fumants, entourés de bruits urbains », raconte-t-elle.

L’odyssée de Trakr

James Symington et Trakr, le 13 septembre 2001, dans les décombres du World Trade Center.

Pourtant, le sauvetage de Genelle Guzman, vingt-sept heures après la chute de la tour sud – elle est la dernière des trente survivants du World Trade Center – a été possible grâce à Trakr, un berger allemand de la police canadienne. Après les attentats, son maître, James Symington, a pris la route depuis la Nouvelle-Ecosse, pour apporter son aide à ses homologues américains… sans attendre le feu vert de sa hiérarchie.

Arrivés à New York dans la nuit du 11 au 12 septembre, Trakr et son maître ont détecté un signe de vie sous les décombres vers 6 ou 7 heures du matin. Les pompiers ont creusé et ont trouvé Genelle Guzman, sous une dizaine de mètres de gravats. Ironie de l’histoire : lorsque ses supérieurs l’ont vu à la télévision participer aux opérations de sauvetage, James Symington a été suspendu pour avoir quitté son poste sans autorisation – l’intéressé finira par quitter les forces de l’ordre canadiennes.

Après la mort de Trakr, en 2009, son maître l’a fait… cloner. Parmi les chiots éprouvettes, l’un d’eux a été baptisé Deja Vu, les autres Trustt, Valour, Prodigy et Solace. L’ancien policier expliquait alors vouloir en faire des chiens de recherche et de sauvetage, à l’instar de leur pourvoyeur d’ADN :

« S’ils font preuve de la même intelligence, du même courage et de la même détermination que lui, ils contribueront à sauver d’autres vies. »

La liste des animaux héroïques de « Time »

En 2011, le magazine Time avait, lui aussi, salué la mémoire du berger allemand, le faisant figurer dans sa liste des animaux héroïques, aux côtés notamment de Bucéphale, le cheval d’Alexandre le Grand.

Depuis janvier 2020, le 9/11 Memorial & Museum, à Manhattan, avait déjà commencé à rendre hommage à ces héros méconnus du 11-Septembre, à travers le travail de la photographe Charlotte Dumas, qui a réalisé en 2011 les portraits de quinze des canidés ayant participé aux recherches dans les décombres des tours. L’exposition K-9 Courage avait été rapidement affectée par la pandémie de Covid-19 mais reste visible jusqu’au printemps 2022.

Dans le texte de présentation de l’exposition, le musée rappelle que les équipes cynophiles ont, par leur présence, « apporté un soutien émotionnel aux sauveteurs et aux familles ». Depuis, leur rôle s’est développé : des dizaines de chiens sont intervenus après le passage de l’ouragan Katrina (Louisiane, 2005), la fusillade de Parkland (2018), ou l’effondrement d’un immeuble à Surfside, en juin, événements qui ont endeuillé la Floride.

Ces animaux apportent, au-delà de leur aide concrète, un réconfort précieux pour les victimes et leur entourage, à l’image de Bretagne, la dernière des « chiens du 11-Septembre », morte en 2016 à l’âge de 17 ans : ce golden retriever retraité du secourisme huit ans plus tôt officiait depuis comme chienne d’aide à la lecture dans une école primaire du Texas. Sa dépouille avait eu les honneurs du drapeau américain… comme les autres héros de cette tragédie.

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