Symbole de la résistance afghane face aux talibans, cette photo d’une manifestante est devenue virale
C’est une photo prise en Afghanistan qui restera peut-être dans l’histoire et qui fait froid dans le dos. Depuis le 7 septembre 2021, cette image diffusée par l’agence de presse Reuters est devenue virale sur les réseaux sociaux, Twitter en tête. Elle montre une femme, une Afghane anonyme, lors d’une manifestation anti-pakistanaise près de l’ambassade du Pakistan à Kaboul. Voilée et habillée d’une robe noire, elle fait face à un homme du nouveau régime qui la met en joue avec son arme automatique. La femme, aux cheveux roux, est entourée de plusieurs hommes.
Massivement partagé, le cliché est devenu un symbole de liberté et de la résistance afghane face aux talibans.
An Afghan woman fearlessly stands face to face with a Taliban armed man who pointed his gun to her chest.
— Zahra Rahimi (@ZahraSRahimi) September 7, 2021
Photo: @Reuters pic.twitter.com/8VGTnMKsih
Que se passe-t-il en Afghanistan ?
Depuis le retrait effectif des troupes américaines le 30 août dernier, les talibans, des fondamentalistes islamistes regroupés dans une organisation militaire sont arrivés au pouvoir à la fin de l’été 2021, vingt ans après avoir dirigé le pays d’une main de fer entre 1996 et 2001.
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Depuis, des centaines d’Afghans défilent régulièrement dans plusieurs villes du pays notamment Kaboul, la capitale, défiant ainsi le nouveau pouvoir des talibans.
Parmi les manifestants, beaucoup de femmes. Ces dernières craignent d’être exclues par les talibans de la vie publique comme lors de leur précédent régime, entre 1996 et 2001. Elles réclament le droit de garder leurs libertés.
Quand la photo a-t-elle été prise ?
C’est au cours de l’une de ses manifestations, le 7 septembre dernier, que la photo très partagée de cette femme afghane tenue en joue a été prise. Lors de cette manifestation, près d’une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblées devant l’ambassade du Pakistan à Kaboul. « Les femmes afghanes veulent que leur pays soit libre, qu’il soit reconstruit. Nous [les Afghans] sommes fatigués », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) une manifestante, Sarah Fahim.
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Ces manifestations sont dangereuses pour celles et ceux qui y participent, car ces grands rassemblements sont surveillés de près par les talibans. Selon nos confrères de la radio RTL, le 7 septembre, « deux personnes auraient été tuées et quatre autres blessées à Herat tandis qu’à Kaboul les talibans ont violemment dispersé la foule avec des tirs de sommation ».
"Like me, hundreds, thousands of women & girls around #Afghanistan are ready to die. This is our destiny... they are not able to remove us, to take our rights, we will continue our protests even if we die" A young woman in Kabul tells me why she was out on the streets today. pic.twitter.com/Bt0N04h8dB
— Yalda Hakim (@BBCYaldaHakim) September 7, 2021
Mais la détermination des manifestantes ne vacille pas pour l’instant, certaines étant prêtes à mourir pour leur liberté. « Des centaines, des milliers de femmes et de filles en Afghanistan sont prêtes à mourir », confiait une jeune fille à a journaliste Yalta Hakim de la radio britannique BBC.
Atteintes aux droits des femmes
Cette politique répressive des talibans vis-à-vis des femmes vient notamment d’être dénoncée par les Nations Unies. Cela crée une « peur incroyable » en Afghanistan et des atteintes aux droits des femmes sont signalées quotidiennement dans le pays, a déclaré à l’AFP le 8 septembre à Kaboul Alison Davidian, représentante adjointe des Nations Unies dans le pays.
Depuis l’arrivée au pouvoir des talibans les restrictions envers les femmes sont légion poursuit la responsable. « Certaines femmes ont interdiction de sortir chez elles sans être accompagnées par un homme de la famille, a-t-elle détaillé. D’autres sont contraintes d’abandonner leur travail, des centres de protection contre les violences conjugales ont été pris pour cible et les maisons de refuge pour les militantes des droits de femmes n’ont plus de places disponibles. »
Des déclarations publiques qui n’empêchent cependant pas les talibans de continuer à museler les femmes dans le pays. Dans une récente interview à la chaîne australienne SBS News, un haut responsable de la milice islamiste a déclaré que les Afghanes ne seraient pas autorisées à jouer au cricket, sport populaire dans le pays, ni à n’importe quel autre sport, afin d’éviter d’exposer leur corps.