Voyager sans polluer : la SNCF lance son comparateur

Et si, plutôt que le prix, vous regardiez les kilos de CO2 émis et le temps libre dont vous disposerez lors d’un déplacement ? La SNCF a mis sur pied un outil dédié. Par conviction - il faut l’espérer - et par intérêt, car le train s’en sort très bien.

 Le site OUI.sncf permet de calculer son impact carbone pour une soixantaine de destinations, en passant au crible l’effet polluant de différents modes de transport.
Le site OUI.sncf permet de calculer son impact carbone pour une soixantaine de destinations, en passant au crible l’effet polluant de différents modes de transport. Oui.sncf

    Ceux qui aiment l'environnement prendront le train. C'est ce qu'espère la SNCF en tout cas, qui lance un comparateur de mobilité axé sur le... CO2 émis. Disponible depuis ce jeudi sur le site OUI.sncf, il permet de calculer son impact carbone pour une soixantaine de destinations, en passant au crible l'effet polluant du train, de l'autocar longue distance, de la voiture, du covoiturage et de l'avion.

    Comme le nombre de kilos de dioxyde de carbone émis n'est pas forcément parlant pour madame et monsieur Tout-le-Monde, la SNCF a pris le parti - amusant - de convertir le gaz carbonique en années « d'utilisation habituelle moyenne d'un four électrique par un foyer français ». Pour un Paris-Marseille en TGV par exemple, il vous en coûtera donc 1,7 kilo de CO2, soit « environ 1 mois et demi d'utilisation habituelle moyenne d'un four électrique ». Le même déplacement en voiture, et le four aurait été utilisé neuf ans !

    Mais ce n'est pas tout, car deux autres indicateurs sont mis en avant. Celui, classique, du temps de transport, et celui, moins évident, « du temps utile ». « Il s'agit du temps dont vous disposez à bord pour vaquer à vos occupations personnelles, qu'il s'agisse de travailler, de lire ou de tricoter », explique Séverine Dumortier, la responsable sociale et environnementale (RSE) d'e-voyageurs SNCF. Là encore, le train écrase largement la concurrence : sur un Paris-Marseille, 3h05 de temps de trajet et 80 % de temps utile, contre 6h52 pour la voiture, dont 10 % de temps utile.

    «Faire de l'écologie un pilier de la reconquête du voyageur»

    Fait notable : le prix - critère numéro 1 du choix d'un moyen de transport - n'apparaît même pas. « A ce stade, nous avons préféré rester sur une position qui ne le prend pas en compte, souligne Anne Pruvot, la directrice générale d'e-voyageurs SNCF. Mais les utilisateurs accèdent très vite à notre module de réservation » où figurent, cette fois, les indications tarifaires.

    Le nouveau comparateur propose de la moyenne et longue distance, en TGV Inoui ou Ouigo, en Intercités, mais aussi des déplacements régionaux en TER. Un certain nombre de destinations européennes (Londres, Bruxelles, Turin, Barcelone, etc.) sont également disponibles. Au total, cette première sélection de trajets représente un tiers des voyages vendus sur OUI. sncf en 2019, soit plus de 36 millions de billets.

    « Nous voulons faire de l'écologie un pilier de la reconquête des voyageurs », lance Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs. Vertueux par ambition, le champion français du rail l'est aussi par intérêt. Car sur les 63 combinaisons de trajets, le train arrive en première position sur le critère environnemental dans 100 % des cas. En clair, l'entreprise assume de fanfaronner. « Nous sommes trop pudiques à la SNCF sur ce sujet », insiste Christophe Fanichet.

    Les voitures hybrides vont réduire l'empreinte de l'auto

    Cerise sur la locomotive, le train arrive aussi en première position sur l'indicateur du « temps utile » dans 100 % des cas. Ses concurrents - compagnies aériennes, constructeurs automobiles - objectent que les rails, lors de leur installation puis de leur entretien, génèrent beaucoup de CO2. Mais, sur la durée, une fois ces émissions neutralisées par de multiples voyages « électriques », beaucoup s'accordent pour reconnaître qu'il est presque imbattable.

    « En réalité, nous ne visons qu'un seul concurrent : la voiture », lâche Christophe Fanichet. Notre vrai objectif, c'est d'aller chercher les personnes seules dans leur véhicule pour les amener au train ». L'idée semble bonne, à ce détail près que le mauvais élève actuel des émissions polluantes s'invente lui aussi un nouvel avenir. Demain, les voitures hybrides et électriques, dont les achats explosent, réduiront drastiquement l'empreinte environnementale de l'automobile.

    Peut-être, mais d'ici là, l'eau aura coulé sous les ponts, et la SNCF vendu des billets via son comparateur. Et puis... restera toujours l'argument du « temps utile ». Gare au véhicule autonome ? Christophe Fanichet refuse de s'inquiéter : « Les trains seront autonomes bien avant les voitures ».