Marks & Spencer ferme plus de la moitié de ses magasins en France à cause du Brexit

Subissant de plein fouet des délais d’approvisionnement depuis la mise en place du Brexit, la marque britannique Marks & Spencer est obligée de revoir à la baisse sa présence en France et en Europe. Onze magasins sont concernés.

Marks and Spencer compte 20 magasins en France, essentiellement situés en région parisienne. REUTERS/Charles Platiau
Marks and Spencer compte 20 magasins en France, essentiellement situés en région parisienne. REUTERS/Charles Platiau

    Rayons parfois vides, chiffre d’affaires en forte baisse… depuis janvier et la mise en place du Brexit, Marks & Spencer traverse une forte zone de turbulences. Résultat, la marque britannique, symbole du mode de vie « à l’anglaise », annonce ce jeudi la fermeture de plus de la moitié de ses magasins en France. Soit 11 boutiques qui baisseront le rideau « au cours des prochains mois », détaille la chaîne. Marks & Spencer compte 20 magasins en France.

    « Les procédures d’exportation longues et complexes désormais en place à la suite de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne limitent considérablement l’approvisionnement en produit frais et réfrigérés du Royaume-Uni vers l’Europe et continue d’avoir un impact sur la disponibilité des produits pour nos clients » en France, justifie le groupe dans un communiqué.

    En revanche, les neuf magasins Marks and Spencer détenus par Lagardere Travel Retail, le deuxième partenaire du groupe en France, resteront ouverts. Il s’agit de boutiques situées dans les aéroports, gares ou stations de métro qui « continueront à fonctionner normalement ». Le site Internet du groupe en France, géré directement par M&S et qui vend principalement des vêtements et des produits pour la maison, ne sera, lui, pas affecté par les fermetures de magasins.



    « M&S a une longue histoire au service de ses clients en France et ce n’est pas une décision que nous, ou notre partenaire SFH, avons prise à la légère », a regretté Paul Friston, responsable de Marks and Spencer pour l’international. Le titre du groupe à la Bourse de Londres perdait 1,56 % en milieu de journée.

    Depuis quatre ans, l’enseigne britannique est plongée dans un brouillard aussi épais que le smog londonien. Elle ne cesse de revoir à la baisse sa voilure — plus de 140 magasins ont été fermés dans le monde ces deux dernières années. En août 2020, Covid oblige, elle a annoncé 7 000 suppressions de postes, année où le groupe a par ailleurs connu les premières pertes de son histoire.

    De nouvelles règles sur les exportations repoussées

    Ce n’est pas la première fois que M&S se retire du marché européen : en 2001 le groupe, en difficulté, avait pris la décision radicale de fermer tous ses magasins sur le continent, dont 18 en France, pour se recentrer sur le marché britannique. La marque avait fait son retour en 2011, mais avait de nouveau annoncé cinq ans plus tard la fermeture de sept magasins dans l’Hexagone et de plus d’une centaine dans le monde.

    « Compte tenu de cet historique et de la volonté de l’actuel PDG Steve Rowe de rendre à l’enseigne sa santé financière, voire sa raison d’être, les consommateurs et les actionnaires ne devraient pas être surpris par cette décision de réduire sa présence en France », selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell. « Le Brexit a encore compliqué les choses » et les opérations dans l’Hexagone n’étaient pas prioritaires, selon lui, alors que « M&S s’était plaint publiquement des difficultés à approvisionner ses magasins en Irlande du Nord - qui fait partie du Royaume-Uni ».



    En dépit de l’accord commercial signé entre Londres et Bruxelles juste avant Noël, la sortie effective britannique de l’UE a compliqué les procédures d’import-export, notamment pour les produits frais et carnés, avec de nombreuses nouvelles formalités.

    Le gouvernement britannique, confronté à des difficultés d’approvisionnements du pays, a d’ailleurs décidé ce mardi de reporter l’introduction de vérifications complètes pour les produits en provenance de l’UE. De nouvelles règles sur l’importation de produits d’origine animale devaient ainsi être introduites à partir du mois prochain, mais le gouvernement britannique a dit agir dans une démarche « pragmatique » pour laisser aux entreprises « plus de temps pour se préparer à ces contrôles qui seront mis en place progressivement tout au long de 2022 ».