Accueil

Société Médias
Charline Vanhoenacker accusée d'antisémitisme : quand le piège se referme sur Inter
La journaliste belge Charline Vanhoenacker, le 3 novembre 2015
Joël SAGET / AFP

Charline Vanhoenacker accusée d'antisémitisme : quand le piège se referme sur Inter

Génération Zob

Par

Publié le

L'humoriste Charline Vanhoenacker s'est distinguée sur les réseaux sociaux en détournant une affiche de campagne d'Éric Zemmour d'un « Zob » doublé d'une moustache hitlérienne. Pascal Praud s'est aussitôt indigné de « l'antisémitisme » de l'humoriste. Un jeu de dupes où chacun est à sa place.

À chaque époque, ses héros. Il y avait fort à parier que la candidature (toujours hypothétique) d'Éric Zemmour à la présidentielle allait exciter les trublions de France Inter, promoteurs d'un humour transgressif – à condition d'être de la « bonne » gauche. On ne s'attendait pas, en revanche, à ce que le piège tendu par le polémiste d'extrême droite se referme aussi facilement sur Charline Vanhoenacker, présentatrice de Par Jupiter.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l'humoriste s'est essayée à une plaisanterie d'un goût douteux sur l'une des affiches de campagne d'Éric Zemmour. Complétant le « Z » de Zemmour pour en faire « Zob » et affublant l'essayiste d'une moustache style Allemagne des années 30, Charline Vanhoenacker invite ses followers à reproduire ce « petit jeu très très simple ». « Par Jupiter lance un mouvement national de Lol Activisme, toi aussi poste ton Zob ! » Naufrage.

La levée de boucliers de la frange droitière du paysage politico-médiatique n'a pas tardé. Pascal Praud s'est notamment lancé dans un plaidoyer lacrymal, accusant l'humoriste d'avoir versé dans « l'antisémitisme » le plus crasse. Pour le présentateur, affubler Éric Zemmour, « qui comme chacun sait est de confession juive », d'une moustache hitlérienne, ce n'est pas de l'humour. « Charline Vanhoenacker (...) est un petit soldat de la bien-pensance aux indignations sélectives.On savait qu'elle n'était pas drôle, qu'elle n'avait pas beaucoup de talent, on ignorait qu'elle fut capable de lazzis antisémites », déclame Pascal Praud. Pire : l'innommable a été commis « le jour de Kippour ! »

Main dans la main

Tout le reste de la tribu bollo-compatible n'a pas tardé à suivre, comme Gilbert Collard, qui trouve la vidéo « vomitive » et estime que « s'il y avait une justice et des associations antiracistes impartiales, la Charline et France Inter devraient rendre des comptes ! », ou encore Samuel Laffont, soutien d'Eric Zemmour, ancien de l'UMP passé au Printemps français. Ils s'indignent, ceux qui ne manquent pourtant pas une occasion de crier à la censure lorsque l'un de leurs champions se retrouve au palais de Justice après un dérapage plus ou moins contrôlé. Cette fois, l'occasion est trop belle : pouvoir accuser d'antisémitisme l'une des têtes d'affiche de France Inter, que beaucoup parmi eux considèrent comme le principal outil de propagande bien-pensante, ça ne se refuse pas.

Depuis le temps que le gang de Vanhoenacker se moque des « passions tristes » de la droite et de l'extrême droite, on aurait pu les imaginer mieux rodés à leurs stratégies de communication, qui versent au moins autant qu'eux dans les « indignations sélectives » auxquelles fait référence Pascal Praud. À moins que ces polémiques ne soient, dans un camp comme dans l'autre, qu'un jeu de dupes : Charline Vanhoenacker sera au rendez-vous de la candidature d'Eric Zemmour et n'hésitera pas à multiplier les outrances. Quitte à valider les critiques du polémiste contre la radio... et le service public. Bravo Jean Moulin.

A LIRE AUSSI : Laïcité : les masques tombent au Monde et à France Inter

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne