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Trois Colombiennes apprennent à transformer le cacao avec un chocolatier de Bourgoin-Jallieu

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Trois femmes indigènes colombiennes vivent un véritable choc des cultures à Bourgoin-Jallieu en Isère. Elles sont venues jusqu'ici grâce à deux associations pour apprendre à transformer les fèves de cacao produites par leurs familles en chocolat avec l'artisan chocolatier Franck Berger.

Gloria, Argelia et Marcela ont quitté leur quotidien de Mutata dans la forêt colombienne pour apprendre à transformer les fèves produites par leurs familles en chocolat. Gloria, Argelia et Marcela ont quitté leur quotidien de Mutata dans la forêt colombienne pour apprendre à transformer les fèves produites par leurs familles en chocolat.
Gloria, Argelia et Marcela ont quitté leur quotidien de Mutata dans la forêt colombienne pour apprendre à transformer les fèves produites par leurs familles en chocolat. © Radio France - Noémie Philippot

Leurs familles produisent des tonnes de fèves de cacao à Mutata au nord de la Colombie, mais elles ne savent pas les transformer en chocolat. C'est ce qui a poussé deux associations à inviter Gloria, Marcela et Argelia à entreprendre un long voyage jusque dans le Nord-Isère, à Bourgoin-Jallieu. 

L'idée est née au mois de mai, pendant un voyage du chocolatier berjallien Franck Berger en Colombie pour rencontrer les producteurs qui lui fournissent ses fèves. Cinq mois plus tard, avec le travail de l'association Elite Chocolate dont il fait partie et l'USAID, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international, cela se concrétise. Les trois Colombiennes passent une semaine en Isère pour apprendre les bases de la création de tablettes de chocolat. 

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Transmettre les compétences

"Je n'avais jamais pris l'avion, j'ai dû voyager parce que je suis venue apprendre des choses sur le chocolat" raconte Gloria "le climat et les repas, c'est un peu difficile, mais je suis très contente d'être ici." Dans l'atelier de Franck Berger à Bourgoin-Jallieu, Argelia, Marcela et Gloria suivent attentivement le processus de torréfaction. "60 degrés pas plus" commente l'artisan chocolatier, "là on en a à peu près 20 kilos et on est parti pour une demi heure de torréfaction." 

Dans l'atelier de Franck Berger à Bourgoin-Jallieu, avec Grégory Le Heurt, le président d'Elite Chocolate et un représentant de l'USAID.
Dans l'atelier de Franck Berger à Bourgoin-Jallieu, avec Grégory Le Heurt, le président d'Elite Chocolate et un représentant de l'USAID. © Radio France - Noémie Philippot

Vous mangez du chocolat en Amérique du Sud qui vient d'Afrique ! 

Pour lui, c'est une évidence de transmettre ce savoir. "On va sentir vraiment les arômes du chocolat et même pour elle, c'est une grande découverte parce que ce qu'elles mangent, c'est des barres chocolatées ! Et il faut savoir que Nestlé n'achète aucune fève de cacao en Amérique du Sud. Donc en fait vous mangez du chocolat en Amérique du Sud qui vient d'Afrique ! On marche sur la tête !"

En Colombie, il n'y a pas d'école hôtelière ni de pâtisserie souligne Franck Berger. Ce voyage est donc essentiel explique Marcela. "Avec ma famille, on cultive le cacao donc c'est important d'apprendre à la transformer parce que le chocolat, ça a beaucoup de valeur."

Une tablette de chocolat, plus chère qu'un kilo de fèves

Une tablette de chocolat se vend plus cher qu'un kilo de fèves de cacao. Cette nouvelle activité va permettre à la communauté indigène de se diversifier alors que son mode de vie est menacé par le trafic de drogues, l'urbanisation du pays et la déforestation selon Grégory Le Heurt. Alors pour le président de l'association Elite Chocolate qui défend une filière éthique de la fève de cacao, c'est un rêve qui se réalise de voir ces femmes se former en France. "Ça a été très compliqué parce que c'est une première historique là-bas, je pense que c'est aussi une première ici" explique ce Français installé en Colombie. 

Il a fallu beaucoup échanger avec les leaders des communautés "qui ne sont pas forcément enclins à laisser les femmes sortir du pays et les représenter", le covid est passé par-là et les trois femmes n'avaient pas de passeport. "On a travaillé très dur ! On ne va pas pouvoir leur donner toutes les compétences en une semaine mais elles vont déjà avoir une bonne base pour pouvoir reproduire et transférer ce savoir là-bas." 

L'objectif est de mettre en place une ligne de production en Colombie. Pour Gloria, Marcela et Argelia, transformer le cacao est aussi un moyen de s'émanciper puisque ce sont surtout les hommes qui travaillent dans les plantations. Tout comme leur voyage en France, l'achat du matériel pour produire du chocolat sera financé par Elite Chocolate et l'Agence des Etats-Unis pour le développement international. 

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