Sur l’ancien site d’AZF, l’usine chimique a disparu, faisant place à un centre de recherche sur le cancer et à une centrale photovoltaïque, mais l’épicentre de l’explosion, l’ancien « cratère », reste un terrain vague non dépollué
Vingt ans après l’explosion qui a fait 31 morts et des milliers d’autres victimes, le 21 septembre 2001, certaines parties de l’ancien site du sud de Toulouse sont aujourd’hui ouvertes au public, à commencer par le mémorial en souvenir des victimes.
Vers le nord, on se rapproche de l’endroit où les 300 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance servant à faire des engrais, ont vraiment explosé. Mais, avant d’y arriver, on trouve porte close : les vestiges du « cratère » de 50 mètres de diamètre se trouvent sur un terrain vague clôturé et interdit d’accès.
« Sous scellés judiciaires »
Contrairement au reste du site, ce terrain n’a pas été dépollué car il est encore sous scellés judiciaires, ont indiqué Toulouse Métropole et TotalEnergies, ex-Total, dont la filiale Grande Paroisse était la propriétaire du site en 2001. Seulement après cette dépollution, une « réflexion » sur son avenir pourra être enclenchée, précise Toulouse Métropole.
Ancien président de l’association des Sinistrés du 21 septembre, Frédéric Arrou témoigne du long combat des victimes de l’explosion d’AZF dans un livre très personnel, « Fragments du fracas ». Vingt ans plus tard, ce Bordelais d’origine est en paix avec le passé. C’est d’abord la solidarité qu’il raconte
Avant la construction de l’Oncopole et de la centrale photovoltaïque, Total a « réhabilité » l’ancien site d’AZF. « Les travaux de remise en état » réalisés entre 2002 et 2007 ont coûté 100 millions d’euros, selon TotalEnergies, qui souligne leur conformité avec les exigences des autorités.
Cependant, des défenseurs de l’environnement relativisent la portée de la dépollution. « On a enlevé quelques poches de pollution, soit d’arsenic, soit de plomb, soit de mercure, parce que c’était vraiment trop flagrant », a expliqué Rose Frayssinet, des Amis de la Terre, qui a suivi de près la « réhabilitation » du site.
Dans tous les cas, « si on avait voulu construire des habitations, il aurait fallu aller beaucoup plus loin dans la dépollution », selon Rose Frayssinet.
« Dépollution pas totale »
Un point de vue partagé par Antoine Maurice, tête de liste EELV battu de justesse aux municipales à Toulouse en 2020. « La dépollution n’est pas totale. Par exemple, on ne peut pas cultiver. Il peut y avoir des remontées de substances toxiques. La dépollution réelle prendra des centaines d’années. »
Des défenseurs de l’environnement dénoncent aussi la présence à proximité du site d’une « poubelle externe » où Total avait entreposé des déchets d’AZF. TotalEnergies affirme que ce « terril » a également fait l’objet de travaux de réaménagement, en conformité avec les exigences des autorités et qu’il est régulièrement surveillé.
Enfin, également à proximité de l’ancienne usine, se trouvent depuis 1917, dans des petits lacs artificiels nommés « ballastières » (carrières d’où on extrait le ballast), 5 000 tonnes de nitrocellulose, un explosif à la puissance équivalente au TNT qui est provisoirement inactivé par l’eau. Régulièrement, élus et défenseurs de l’environnement en demandent la dépollution.
La reconversion du site répond à une volonté de limiter la place de l’industrie chimique dans le sud de Toulouse. La chimie n’a cependant pas totalement quitté la zone : depuis le mémorial, on aperçoit aussi, derrière les panneaux solaires, sur une île proche, l’usine de fabrication de carburant de la fusée Ariane.
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