Ils se côtoyaient alors que Margaux (le prénom a été modifié), 23 ans, avait l’habitude de sortir son chien rue de la Loge dans le Vieux-Nice. Ce jeune voisin avait l’air sympathique. Ils échangeaient quelques mots à l’occasion.
Il lui propose un soir de monter dans son appartement pour lui céder quelques grammes d’herbe de cannabis. Mais une fois dans le domicile, Margaux est agressée. Elle doit subir les assauts de Nicolas. Il l’embrasse de force à plusieurs reprises, la caresse contre son gré. "Je lui dis d’arrêter mais il insiste, pose ses mains sur ma poitrine, me plaque contre le mur, se souvient la jeune femme. J’étais tétanisée. Je m’extrais et une fois dans la rue je rejoins mes amis place Garibaldi. J’ai vraiment eu peur. Peur de ne pouvoir m’extirper de cette situation." Le discours clair et précis de la victime masque le profond séisme psychologique qu’elle tente depuis des mois de surmonter.
A la barre, Nicolas reste de marbre. Il a été plusieurs fois hospitalisé en psychiatrie. Aux questions du président Christian Legay, le prévenu répète inlassablement: "Je ne me rappelle plus".
Diagnostiqué schizophrène après le bac
Sa schizophrénie est apparue peu après son bac et s’est aggravée en quelques mois. Sa mère, professeure dans une université américaine, a dû rentrer en France pour accompagner son fils dont le casier judiciaire commence à être fourni: usage et détention de stupéfiant, vol avec violence, exhibition, violences intrafamiliales.
L’avocat de la victime, tout en admettant les "troubles psychiatriques" du prévenu, "déplore l’attitude de Nicolas", parle de " stratégie douteuse". La procureure Clémence Bravais évoque "une totale minimisation des faits au moment de sa garde à vue". Trois ans de prison dont deux ans avec sursis assortis d’un suivi socio-judiciaire sont requis.
Trois ans de suivi
"La frontière est ténue entre le médical et le pénal", constate, en défense, Me Benjamin Taieb. "Il n’y a pas de stratégie douteuse chez mon client. Il est pris en charge pour une schizophrénie grave avec un traitement lourd. Et il ne rate pas le moindre rendez-vous médical pour sortir de cette situation."
Nicolas, désormais fiché comme agresseur sexuel, a été condamné à un an de prison ferme et un an avec sursis.
Pendant trois ans, il sera suivi par la justice avec deux obligations: poursuivre ses soins et ne pas entrer en contact avec sa victime.
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